En Colombie, le président Santos passe juste à côté de la paix complète

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Par Moises AVILA à La Havane, Rodrigo ALMONACID à Bogota - Bogota (AFP)
Publié le 02 août 2018 - 00:24
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Il s'en est fallu de "très peu" : le président colombien sortant Juan Manuel Santos a annoncé que son gouvernement et la dernière guérilla de son pays n'avaient pas réussi à conclure un cessez-le-feu, coupant court à sa tentative d'obtenir une paix complète en Colombie.

"Il reste très peu (de points à négocier), 10% je dirais, avant d'entamer un cessez-le-feu réel et vérifiable et de poursuivre avec l'ordre du jour" des négociations avec l'ELN, a déclaré mercredi le chef de l'Etat qui doit passer le pouvoir le 7 août à Ivan Duque (droite), partisan d'une ligne dure avec les rebelles.

"Ce que l'on attend de savoir, c'est si le nouveau gouvernement va continuer, ce que j'espère", a ajouté le président qui a signé la paix fin 2016 avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), alors la principale guérilla du pays, devenues depuis un parti politique.

L'accord a valu à ce président de centre droit le prix Nobel de la Paix, mais aussi une impopularité de 80% dans ce pays de 49 millions d'habitants très divisé sur la question du conflit interne qui déchire la Colombie depuis plus d'un demi-siècle.

Dans la foulée du traité de paix avec les Farc, le gouvernement de M. Santos avait entamé en 2017 des négociations avec l'Armée de libération nationale (ELN) et ses 1.500 combattants.

Son objectif était de parvenir à une "paix complète" en Colombie, un pays où le conflit armé entre guérillas, paramilitaires, trafiquants de drogue et agents de l'Etat a fait huit millions de victimes, entre ceux qui ont été tués, déplacés ou portés disparus.

Un cessez-le-feu avec l'ELN n'était pas forcément synonyme d'accord de paix avec cette guérilla mais cela aurait mis le pays sur des rails, jugent les observateurs.

Selon le président Santos, la trêve n'a pu se concrétiser faute d'un accord sur les modalités de vérification par l'ONU.

- Dossier délicat -

"Le chemin parcouru est très significatif", ont souligné dans un communiqué commun gouvernement et guérilla qui ont finalisé mercredi à Cuba un sixième cycle de négociations délocalisées.

De son côté, l'ONU souhaitait aussi avoir le feu vert du prochain gouvernement colombien avant toute signature éventuelle d'un cessez-le-feu impliquant l'administration sortante.

"Il aurait vraiment été contre-productif de signer quelque chose qui n'aurait pas été validé par le nouveau gouvernement (...) cela aurait créé des attentes bien au-delà de ce qui était convenable et réel", a expliqué M. Santos.

M. Santos laisse donc ce dossier délicat à son successeur, Ivan Duque, qui s'est engagé à modifier l'accord de paix signé en 2016 avec les Farc, permettant le désarmement de 7.000 combattants de cette ex-guérilla.

Il s'oppose notamment à ce que d'anciens guérilleros accusés de crimes graves participent à la vie politique sans passer préalablement par la prison.

Les nouveaux parlementaires de l'ex-rébellion des Farc ont fait leur entrée le 20 juillet au Parlement colombien sans avoir été élus, comme le prévoit l'accord de paix.

"Une chose est le discours en campagne pour gagner, une autre quand on est en exercice. Je crois qu'il serait très coûteux de faire marche arrière" sur l'accord, avait déclaré mi-juin à l'AFP Fabian Acuña, de l'Université Javeriana, au lendemain de l'élection de M. Duque.

De son côté, le parti Farc, qui a écarté le retour aux armes, a appelé M. Duque au "bon sens" à discuter d'éventuels changements. Pour le moment, il se montre disposé à respecter l'accord pour la réinsertion sociale et économique des guérilleros de base.

Entamées en février 2017 à Quito, la capitale équatorienne, les discussions avec l'ELN ont été délocalisées à Cuba en mai après la décision de l'Equateur de se mettre en retrait en raison d'un regain des violences à sa frontière avec la Colombie.

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