En Espagne, une campagne électorale tronquée par la Semaine sainte

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Par Daniel SILVA - Málaga (Espagne) (AFP)
Publié le 19 avril 2019 - 11:52
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Des membres de la Légion espagnole portent le "Christ de la Bonne Mort" en croix, lors d'une procession à Malaga pendant les célébrations de la Semaine Sainte à Malaga le 18 avril 2019
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© JORGE GUERRERO / AFP
Des membres de la Légion espagnole portent le "Christ de la Bonne Mort" en croix, lors d'une procession à Malaga pendant les célébrations de la Semaine Sainte à Malaga le 18 avril
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Les élections ne sont que dans quelques jours en Espagne mais dans les rues bordées de palmiers de Malaga, les affiches électorales sont rares. Et pour cause, la Semaine sainte y a éclipsé le scrutin du 28 avril.

Dans cette ville du sud du pays, comme dans de nombreuses autres à travers le pays, les autorités locales ont interdit l'affichage électoral sur le passage des innombrables processions de pénitents au visage recouvert d'un chapeau conique qui ont lieu durant la Semaine sainte.

Cette année, pour la première fois, une campagne électorale, d'une durée totale de deux semaines, coïncide avec cette période durant laquelle l'Espagne est à l'arrêt et la grande majorité des Espagnols en congé. Ce qui complique sérieusement la tâche des candidats.

"Il y a un déplacement massif de gens vers la côte, l'intérieur (du pays). Il est clair qu'il est plus difficile pour les partis de faire entendre leur message. Cette fois, la campagne va durer une semaine, pas deux", juge Manuel Mostaza, analyste politique au sein du cabinet Atrevia.

Les partis ont décidé de ne pas organiser de meeting coïncidant avec une procession dans une ville et ils attendront les derniers jours de la campagne pour organiser leurs plus grands rassemblements.

Le chef du gouvernement sortant, le socialiste Pedro Sanchez, a concentré ses déplacements durant la Semaine sainte dans des régions comme la Catalogne (nord-est) ou le Pays basque (nord) qui n'ont pas une forte tradition de processions religieuses.

Sanchez a été accusé par le Parti Populaire (PP, droite) de manquer de respect aux traditions en convoquant des élections anticipées fin avril, ce qui supposait que la campagne aurait lieu durant la "Semana santa". Plusieurs des responsables de cette formation ont par ailleurs assisté à des processions.

- 'Règle non écrite' -

Leur présence a toutefois fait parfois grincer des dents. Le numéro un du PP, Pablo Casado, a été critiqué après avoir participé comme pénitent à une procession à Avila (centre).

Des habitants l'ont accusé sur Twitter d'avoir "pris la pose" après la publication de photos montrant Casado dans les rues d'Avila, son "capuchon" conique violet autour du cou et non recouvrant son visage comme il se doit.

Le média local en ligne Avilared a jugé que Casado avait violé une "règle non écrite" qui stipule que les pénitents doivent garder le visage couvert tout le temps lorsqu'ils sont à l'extérieur de l'église.

Casado et le numéro un de la formation d'extrême droite Vox, Santiago Abascal, avaient prévu par ailleurs d'assister jeudi à la procession des légionnaires à Malaga, l'une des plus célèbres de la Semaine sainte dans le pays.

Mais la semaine dernière, la congrégation à l'origine de la procession a demandé aux candidats de rester à l'écart pour ne pas "mélanger politique et religion". Une vision partagée par de nombreux habitants.

- La campagne 'ne se voit presque pas' -

"Ce type d'opportunisme ne serait pas bien vu. Pour nous, ces jours (de Semaine sainte) sont sacrés", a déclaré à l'AFP Angel Lazaro, fonctionnaire de 44 ans, regardant les légionnaires arriver dans une église de Malaga juste avant le début de la procession.

Comme lui, des milliers de personnes sont descendues jeudi soir dans les rues pour voir les légionnaires portant un crucifix de 180 kilos à travers la ville andalouse.

Cette procession, qui dure sept heures, est l'une des 42 organisées à Malaga durant la Semaine sainte. Au total, environ 61.500 personnes prennent part aux processions devant plus de 400.000 spectateurs.

Comme de nombreux habitants, Carmen Fernandez, professeur de 57 ans, assiste à plusieurs parades chaque année.

"Résultat, je n'ai pas suivi de très près la campagne. En fait, on ne la voit quasiment pas", dit-elle alors que les journaux locaux accordent plus de place aux processions qu'au scrutin à venir.

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