En patrouille avec les escouades "antiplastique" de Bombay

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Par Peter HUTCHISON - Bombay (AFP)
Publié le 02 octobre 2018 - 12:33
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Un inspecteur municipal discute avec un commerçant à Bombay le 27 septembre 2018
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© Punit PARANJPE / AFP
Un inspecteur municipal discute avec un commerçant à Bombay le 27 septembre 2018
© Punit PARANJPE / AFP

Vêtus de leurs distinctifs gilets bleus, une dizaine d'inspecteurs municipaux s'éparpillent à travers le bouillonnant marché Crawford de Bombay en Inde, à la recherche de contrevenants d'une ambitieuse interdiction du plastique.

Il ne faut pas longtemps à Mahindra Wayangankar, l'un des 311 membres de ces escouades "antiplastique", pour infliger à un marchand de fruits secs une sévère amende de 5.000 roupies (59 euros) pour l'utilisation de sachets transparents.

"Le travail est très stressant", confie-t-il à l'AFP. "Lorsque nous dressons une amende à des négociants ou des commerçants, il y a une forme de résistance ou de violence dans 99% des cas."

Depuis juin dans l'État du Maharashtra (centre de l'Inde), dont Bombay est la capitale, de nouvelles règles prohibent l'usage d'ustensiles de plastique à usage unique, comme les sacs, les couverts, les verres et les bouteilles en dessous d'une certaine taille.

En cas de récidive, la sanction peut aller jusqu'à 25.000 roupies (295 euros). "C'est difficile de travailler dans de tels situations, explique l'inspecteur. Vu que la somme est élevée, les gens ne payent pas facilement."

Mégapole d'une vingtaine de millions d'habitants, Bombay étouffe comme nombre de villes indiennes sous l'engorgement de plastique. Celui-ci s'accumule dans les décharges à ciel ouvert, souille la mer et contribue aux inondations durant la mousson en bouchant les égouts.

La municipalité de Bombay assure que les habitants voient déjà les bénéfices de cette politique. Selon Nidhi Choudhari, l'un des responsables de l'application de cette interdiction, 11,6 millions de roupies (137.000 euros) d'amendes ont été récoltés et plus de 21 tonnes de plastique saisies depuis l'entrée en vigueur de la mesure.

Une déambulation dans les allées du marché Crawford suggère que nombre de vendeurs ont troqué les sacs en plastique pour d'autres en toile ou en papier. D'autres utilisent désormais des pailles en carton.

- Interdictions pas toujours respectées -

Les corporations de commerçants se plaignent d'une certaine confusion autour de ce qui est ou non permis, ayant parfois abouti à des contraventions injustes selon eux. En raison de l'absence d'alternatives bon marché, cette interdiction menacerait aussi d'après eux l'équilibre économique de certaines échoppes.

Vendeur de rue, Kombaiyya S avait pour habitude d'empaqueter ses gâteaux de riz et leur sauce dans de petits sacs en plastique pour que les salariés puissent les emporter et les manger plus tard. "J'ai perdu le gros de ma clientèle", déplore-t-il.

La majorité des 29 États d'Inde ont une interdiction partielle ou totale de plastique jetable, mais la loi est rarement appliquée.

Dans la capitale New Delhi, les sacs en plastique sont ainsi théoriquement bannis, cependant de nombreux commerces continuent encore à en proposer. Le Premier ministre Narendra Modi a récemment promis de débarrasser l'Inde, affligée par des pollutions effrayantes, du plastique à usage unique d'ici 2022.

Au rythme d'utilisation actuelle du plastique, la Terre pourrait se retrouver avec 12 milliards de tonnes de déchets de cette matière d'ici au milieu du XXIe siècle, ont averti les Nations unies.

Mais même pour Bombay, les inspecteurs sont en trop petit nombre pour débarrasser la mégapole de tout son plastique. Rien n'est hors limites pour eux, comme en témoigne un raid la semaine dernière sur un populaire temple hindou qui a abouti à plusieurs amendes.

"Nous allons multiplier les descentes surprises. D'ici un an, je pense que vous pourrez nous donner un 9 sur 10", assure à l'AFP Sangita R. Hasnale, un responsable de la municipalité du Grand Bombay.

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