En Syrie, le dernier village de l'EI conquis par une coalition arabo-kurde

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Par AFP - Beyrouth
Publié le 23 janvier 2019 - 12:15
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Des membres des Forces démocratiques syriennes (FDS), engagées dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), près d'Al-Soussa, dans l'est syrien, le 13 septembre 2018
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© Delil souleiman / AFP/Archives
Des membres des Forces démocratiques syriennes (FDS),
engagées dans la lutte contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), près
d'Al-Soussa, dans l'est syrien, le 13 sept
© Delil souleiman / AFP/Archives

Une alliance de combattants arabes et kurdes soutenue par Washington a conquis mercredi le dernier village tenu par le groupe Etat islamique (EI) dans l'est de la Syrie, confinant les jihadistes dans deux hameaux, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont lancé en septembre une offensive contre le dernier bastion de l'EI dans la province de Deir Ezzor, frontalière de l'Irak, avec l'appui des frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

Les combattants kurdes et arabes ont déjà conquis l'écrasante majorité de ce réduit, malgré les contre-attaques de l'EI, qui a prouvé qu'il était toujours capable de frapper fort avec des attentats visant notamment les troupes américaines de la coalition.

Mercredi, les FDS ont conquis dans son intégralité le village de Baghouz, le dernier encore aux mains des jihadistes, selon l'OSDH.

Désormais l'EI ne tient plus que deux hameaux -Safafna et Sajla- et quelques terrains agricoles, d'après cette ONG.

"Les opérations de ratissage se poursuivent à Baghouz pour retrouver des éléments de l'EI qui se seraient cachés", a précisé l'OSDH.

- "Résistance acharnée" -

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Syrie et en Irak, l'EI a vu son "califat" autoproclamé se réduire comme peau de chagrin, sous le coup de multiples offensives dans ces deux pays.

"Nous voyons beaucoup de combattants ennemis (de l'EI, ndlr) prendre la fuite", a indiqué à l'AFP le porte-parole de la coalition internationale, le colonel Sean Ryan.

"Les forces syriennes sont à moins de 10 kilomètres de la frontière irakienne, mais elles luttent toujours contre la résistance acharnée de combattants" de l'EI, a-t-il averti.

"Notre mission reste la défaite définitive de l'EI. C'est difficile de dire combien de temps cela prendra", a-t-il souligné. "Nous essayons de ne pas parler en termes de délais, il s'agit davantage d'affaiblir les capacités de l'ennemi".

Depuis septembre, les affrontements dans le secteur ont tué plus d'un millier de jihadistes, contre plus de 600 combattants des FDS, selon l'OSDH. Au moins 380 civils ont péri, d'après la même source.

"L'étau se ressert sur l'EI", s'est félicité Redur Khalil, un commandant des FDS. "Mais nous le répétons: la fin géographique de l'EI ne signifie pas la fin de l'organisation", a-t-il indiqué à l'AFP.

Selon des experts, l'EI a entamé sa mue en organisation clandestine en se cachant dans le désert ou en développant des "cellules dormantes" dans les territoires qu'il a perdus mais où il continue de sévir.

Le dernier bastion jihadiste a connu un exode massif de civils et de proches de l'EI qui fuient les combats, et des centaines de jihadistes ont rendu les armes, selon l'Observatoire.

"Parmi ceux qui fuient, il y a beaucoup de familles de l'EI de nationalités non syriennes, et des (jihadistes) qui tentent de se cacher parmi les civils", a souligné M. Khalil.

- Attaques kamikazes -

Une inconnue demeure: où est passé le "Calife" Abou Bakr al-Baghdadi? Le chef de l'EI a été donné pour mort à plusieurs reprises, mais un message audio lui étant attribué avait été diffusé en août.

Et, malgré leur mise en déroute, les jihadistes ont revendiqué deux attentats meurtriers en moins d'une semaine contre des troupes américaines de la coalition et leurs alliés syriens.

Le 16 janvier, une "patrouille de routine" des forces américaines a été prise pour cible par un kamikaze de l'EI dans la ville de Minbej (nord).

Dix civils et cinq combattants des forces arabo-kurdes ont été tués. Quatre Américains ont péri: deux militaires, un employé civil du ministère de la Défense et un employé d'un sous-traitant du Pentagone.

Il s'agissait de l'attaque la plus meurtrière contre les forces américaines en Syrie depuis 2014, au vu des chiffres du Pentagone.

Quelques jours plus tard, dans la province de Hassaké (nord-est), un convoi des forces américaines et des FDS a été pris pour cible par un kamikaze au volant d'une voiture piégée (cinq morts).

Ces violences interviennent alors que les Etats-Unis ont annoncé en décembre le retrait à venir de Syrie des quelque 2.000 soldats américains, justifiant ce désengagement par la défaite de l'EI.

Outre leur réduit dans l'est, les jihadistes sont présents dans un secteur du désert syrien qui s'étend du centre du pays à la province de Deir Ezzor.

La lutte contre l'EI illustre la complexité de la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011 et a fait plus de 360.000 morts.

Déclenché avec la répression par le pouvoir syrien de manifestations pro-démocratie, le conflit implique aujourd'hui puissances étrangères et groupes jihadistes sur un territoire morcelé.

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