Escalade puis retour au calme à Gaza : et maintenant ?

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Par par Stephen WEIZMAN avec Joseph DYKE à Ramallah - Jérusalem (AFP)
Publié le 26 mars 2019 - 15:35
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Le spectre d'une nouvelle guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza a resurgi lundi, avant de paraître s'éloigner au moins provisoirement à la suite de l'annonce d'un cessez-le-feu.

Un haut responsable israélien a toutefois démenti l'existence d'un tel cessez-le-feu auprès de journalistes revenant prématurément de Washington avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Quelles sont les suites possibles de cette nouvelle escalade de violence?

- Que s'est-il passé? -

Lundi aux alentours de 05H30, une roquette tirée du sud de la bande de Gaza a parcouru 120 km selon Israël, et atteint une localité au nord de Tel-Aviv, détruisant entièrement une maison. Sept personnes, parmi lesquelles trois enfants, dont un bébé de six mois, ont été légèrement blessées.

Israël accuse le Hamas d'avoir tiré la roquette. Un responsable du mouvement islamiste a nié tout tir délibéré et évoqué la possibilité d'un problème technique. Le Hamas et le Jihad islamique, son principal allié palestinien, sont considérés comme les seuls dans l'enclave à disposer de missiles d'une telle portée.

Israël a répliqué à partir de lundi soir en attaquant des dizaines d'objectifs liés au Hamas ou au Jihad islamique.

Les groupes armés de Gaza ont effectué en retour des dizaines de tirs de roquettes et d'obus de mortier vers Israël.

Les hostilités ont continué jusqu'au lever du jour mardi, malgré l'annonce par le Hamas d'un cessez-le-feu avec l'Egypte pour intercesseur. Un calme précaire est ensuite revenu.

- Qui joue avec le feu? -

Israël et le Hamas se sont livré trois guerres depuis 2008, mais aucun ne semble avoir intérêt à précipiter un quatrième conflit, selon les spécialistes.

M. Netanyahu est actuellement en campagne pour les élections législatives du 9 avril.

Israël tient le Hamas pour responsable de tout ce qui se passe dans l'enclave palestinienne, que l'Etat hébreu soumet à un strict blocus depuis plus d'une décennie.

Gaza a frôlé un nouveau conflit en 2018. Depuis novembre, le Hamas et Israël observaient une trêve plus ou moins respectée, négociée par l'entremise de l'ONU et de l'Egypte.

"Le Hamas ne veut pas d'une escalade, c'est pourquoi ils ont immédiatement parlé aux Egyptiens" cette semaine, dit Omar Shaaban, un analyste politique de Gaza. Pour le Hamas, la réaction israélienne reste pour l'instant "dans les limites du jeu", dit-il.

- Que va faire Netanyahu? -

Le Premier ministre israélien a écourté sa visite aux Etats-Unis. Il a eu le temps d'y remporter une victoire avec la reconnaissance par le président américain Donald Trump de la souveraineté israélienne sur la partie du Golan annexée unilatéralement par Israël.

Sur Gaza, il doit trouver un subtil équilibre afin de préserver son électorat de droite tout en évitant une véritable guerre, dit Jonathan Rhynhold, professeur de sciences politiques.

"Les gens préfèrent une leçon plus sévère (contre le Hamas) mais sans les conséquences qui vont avec, ce qui rend la tâche foncièrement impossible" pour M. Netanyahu, ajoute-t-il.

Quel impact sur les élections?

Au pouvoir depuis une décennie, M. Netanyahu, aujourd'hui à la tête du gouvernement le plus à droite de l'histoire du pays, fait face à une véritable menace politique aux élections en la personne de Benny Gantz, ancien chef de l'armée israélienne.

"Il pourrait maintenant perdre un peu de soutien s'il ne répond pas plus fermement", juge M. Rhynhold, mais serait sûrement en bien plus mauvaise posture s'"il allait jusqu'à un conflit où les Israéliens devraient courir aux abris anti-bombe."

Plus la situation traîne, "plus Netanyahu s'expose aux attaques de ses adversaires politiques", alors que la sécurité constitue son fonds de commerce électoral, estime Hugh Lovatt, expert au centre de réflexion European Council of Foreign Relations.

Le Hamas aussi évolue sur la corde raide. Selon Omar Shabaan, le mouvement islamiste utilise les manifestations qui secouent la bande de Gaza depuis près d'un an pour obtenir des concessions de la part des Israéliens, notamment un allègement du blocus.

Depuis novembre, M. Netanyahu a autorisé la distribution de millions de dollars d'aide qatarie dans l'enclave.

Un temps calmées, les manifestations ont repris ces dernières semaines avec une nouvelle intensité. Au moins 258 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le 30 mars 2018, le début de ce mouvement de protestation. Deux soldats israéliens ont été tués.

"Le Hamas ne veut pas aller jusqu'à la guerre mais ils veulent mettre Netanyahu sous pression le plus possible", dit M. Shabaan.

Samedi, des milliers de manifestants sont attendus le long de la barrière qui sépare l'enclave d'Israël, pour célébrer le premier anniversaire de ce mouvement de protestation dirigé essentiellement contre le blocus israélien.

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