Estonie : les libéraux remportent les législatives, nette percée de l'extrême droite

Auteur:
 
Par Polina KALANTAR avec Mary SIBIERSKI à Varsovie - Tallinn (AFP)
Publié le 03 mars 2019 - 08:44
Mis à jour le 04 mars 2019 - 01:00
Image
Un membre de la Réforme (G) distribue des tracts le 2 mars 2019 à Tallinn
Crédits
© Raigo Pajula / AFP
Un membre de la Réforme (G) distribue des tracts le 2 mars 2019 à Tallinn
© Raigo Pajula / AFP

La Réforme, le principal parti libéral estonien, actuellement dans l'opposition, a remporté les législatives de dimanche, marquées par une nette percée de l'extrême droite, selon des résultats complets rendus publics par la commission électorale.

La formation d'extrême droite eurosceptique EKRE parvient à presque tripler son score d'il y a quatre ans, surfant sur le mécontentement des zones rurales. Mais son entrée dans une coalition gouvernementale paraît improbable, faute de partenaires.

D'après la commission électorale, la Réforme, conduite par l'ancienne députée européenne Kaja Kallas et créditée de près de 29% des voix, devrait occuper 34 des 101 sièges que compte le parlement, soit quatre de plus que dans la chambre sortante.

Le Centre du Premier ministre sortant Juri Ratas, arrivé deuxième avec 23%, en aurait 26 (-1) et EKRE 19 (+12), avec 17,8% des suffrages.

Soulignant que "EKRE n'est pas un choix pour nous", Mme Kallas a déclaré à la télévision publique ETV que la Réforme "garderait sur la table toutes les options en vue d'une coalition", tout en rappelant que son parti et le Centre "divergent fortement dans trois domaines: la fiscalité, la citoyenneté et l'éducation".

De son côté, M. Ratas, interrogé pour savoir s'il pourrait entrer dans une coalition menée par les libéraux, a répondu "bien sûr", sans vouloir en dire davantage.

Les conservateurs de Pro Patria (Isamaa) devraient avoir 12 députés (-2) et le Parti social-démocrate 10 (-5). Ces deux formations font partie de la coalition sortante. Ils pourraient s'allier avec l'un ou l'autre grand parti.

D'après les résultats définitifs, les autres partis ne franchissent pas le seuil d'éligibilité de 5% des voix.

Un expert du groupe de réflexion Praxis, Tarmo Jüristo, a déclaré aux médias estoniens que la Réforme serait "en position de force lors des pourparlers sur une coalition, que ce soit avec les sociaux-démocrates, les conservateurs de Pro Patria ou le Centre". Les deux petits partis, a-t-il ajouté, "devront garder à l'esprit la possibilité d'une coalition entre la Réforme et le Centre".

Les électeurs ont voté dans le calme pour ces législatives et la police n'a signalé que quelques incidents mineurs à la fermeture des bureaux de vote.

- Anti-migrants -

La progression d'EKRE est conforme à la tendance européenne, observait Lauri, un électeur travaillant dans la publicité: "Il y a de nos jours un tel courant en Europe de l'Ouest, quand on regarde les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, peut-être même la France. Je ne soutiens pas ce genre de populisme", a-t-il expliqué à l'AFP.

EKRE promet de réduire l'impôt sur le revenu et les taxes et développe une rhétorique nationaliste anti-migrants.

La campagne électorale, plutôt terne, a porté sur des problèmes de tous les jours, tels que les impôts et les salaires, ainsi que sur les tensions autour de l'enseignement en russe pour l'importante minorité russophone et la fracture entre villes et campagnes.

- Pro-UE et Otan -

Avec cinq formations au parlement, la mise en place d'une coalition risque de s'avérer complexe.

Le Centre et la Réforme, des adversaires traditionnels, ont alterné au pouvoir et même gouverné parfois ensemble depuis que l'Estonie s'est affranchie de l'emprise soviétique, il y a plus d'un quart de siècle.

Tous deux soutiennent l'Union européenne et l'Otan et ont bien maîtrisé la dépense publique, donnant à l'Estonie le plus bas ratio dette/PIB de la zone euro.

Le Centre s'est engagé à augmenter les retraites de 8,4% et à remplacer le taux unique d'impôt sur le revenu, qui est de 20%, par un système progressif par tranches pour augmenter les recettes de l'Etat.

La Réforme, plus proche des milieux d'affaires, voudrait augmenter la part du revenu mensuel exemptée d'impôt et réduire la cotisation d'assurance chômage.

Le taux de chômage évolue au-dessous de 5%, tandis que la croissance devrait atteindre 2,7% cette année, après 3,9% en 2018.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.