Expulsions de diplomates russes : une victoire diplomatique pour Londres

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Par Antoine POLLEZ - Londres (AFP)
Publié le 27 mars 2018 - 00:02
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© Lars Hagberg / AFP
L'ambassade de Russie à Ottawa, le 26 mars 2018
© Lars Hagberg / AFP

L'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille, attribué par Londres à la Russie, a permis au Royaume-Uni de constater la solidité de sa relation avec ses alliés malgré le contexte du Brexit et les relations compliquées avec le président américain Donald Trump.

Lundi, 16 pays de l'Union européenne, ainsi que les États-Unis, le Canada et l'Ukraine ont annoncé l'expulsion de plus d'une centaine de diplomates russes de leurs territoires, en réaction à l'affaire Skripal, des mesures qualifiées d'"historiques" par le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson.

Les États-Unis ont mené la riposte en ordonnant "la plus importante expulsion" d'agents de renseignement russes de leur histoire, avec le départ exigé de 60 d'entre eux sous sept jours. Le Canada a lui décidé d'expulser quatre diplomates, et l'Ukraine treize.

Le président du Conseil européen Donald Tusk a annoncé que d'autres mesures pourraient être prises dans les jours et les semaines à venir de la part des pays européens, qui avaient estimé lors du sommet européen des 22 et 23 mars que la Russie était "très probablement" responsable de l'attaque commise sur le territoire britannique.

Ces mesures montrent que le Royaume-Uni et ses alliés ne "toléreront pas les tentatives continues de la Russie de bafouer le droit international", a déclaré la Première ministre britannique Theresa May, se félicitant d'avoir "trouvé une grande solidarité auprès de nos amis et partenaires de l'UE, de l'Otan, d'Amérique et au-delà".

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a elle critiqué sur Facebook la "solidarité perverse" des pays de l'UE, et blâmé le Royaume-Uni, qui, alors qu'il se prépare à quitter l'Union, "impose aux pays qui se maintiennent dans l'UE une dégradation de leurs relations avec la Russie".

- "La sécurité, une préoccupation partagée" -

Plusieurs analystes ont vu dans les sanctions prises par les alliés de Londres une victoire pour le gouvernement britannique.

"C'est un succès important pour la Première ministre Theresa May", juge Jonathan Marcus, responsable des questions de diplomatie pour la BBC. "Des actions concrètes succèdent au soutien rhétorique exprimé par les alliés. Cela marque également un durcissement significatif de l'administration Trump dans ses relations avec Moscou", a-t-il ajouté.

Un succès qui devrait faire taire "ceux qui proclamaient que Londres serait isolé internationalement si on votait pour quitter l'UE", a vanté le bloggeur politique pro-Brexit Guido Fawkes.

Mais pour Anand Menon, professeur de politique européenne au King's College de Londres, le Brexit n'a rien à faire dans l'histoire.

"Le Brexit n'est qu'une distraction, il s'agit ici de géopolitique", a-t-il déclaré à l'AFP. "Qu'il y ait Brexit ou non, la Russie a perpétré une agression sur le territoire d'un État membre, alors les autres États membres réagissent".

Depuis le début des négociations sur le Brexit, Theresa May a toujours exprimé sa volonté de maintenir un partenariat important avec les autres pays de l'UE sur les questions de sécurité.

"Ce n'est pas une période où nous pouvons permettre que notre coopération soit inhibée, que la sécurité de nos citoyens soit mise en danger par une concurrence entre partenaires", avait dit la cheffe du gouvernement britannique lors de la Conférence de Munich sur la sécurité en février.

- "Solidarité indéfectible" -

Si la question de la future relation commerciale entre l'UE et le Royaume-Uni est encore loin d'être résolue, la défense pourrait au contraire être l'un des rares terrains d'entente entre les deux camps, l'UE étant prête à un "partenariat spécifique" sur cette question.

"Depuis le référendum du Brexit, il était clair, pour le Royaume-Uni comme pour l'UE, que la sécurité était une préoccupation partagée, et qu'ils maintiendraient une proche coopération", a déclaré à l'AFP Jan Techau, spécialiste des relations internationales au German Marshall Fund. "C'est ce que l'on observe actuellement".

La réaction américaine témoigne également de la persistance d'une "relation spéciale" entre les États-Unis et le Royaume-Uni, après une succession d'échanges parfois tendus entre Londres et Washington, et alors même que le président américain Donald Trump avait promis, pendant sa campagne électorale, un rapprochement avec la Russie.

"Nous prenons ces mesures pour démontrer notre solidarité indéfectible avec le Royaume-Uni et pour imposer à la Russie des graves conséquences pour ses violations continuelles des normes internationales", a expliqué le département d’État américain.

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