Funérailles d'Etat à Gênes après l'effondrement du pont

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Par Rémi BANET avec Catherine MARCIANO à Rome - Gênes (Italie) (AFP)
Publié le 18 août 2018 - 06:44
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Des funérailles d'Etat seront célébrées samedi à Gênes en présence des plus hauts responsables politiques italiens après l'effondrement meurtrier du pont autoroutier, pour lequel le gouvernement attaque sans relâche le gestionnaire de l'ouvrage.

Les familles d'une partie des victimes ont choisi de ne pas participer à la cérémonie de Gênes, préférant des obsèques privées.

Les secouristes, dont 350 pompiers, sont toujours mobilisés pour rechercher cinq disparus potentiels dans les décombres du pont Morandi, quatre jours après la cauchemardesque catastrophe qui a précipité voitures et camions dans le vide.

Le bilan officiel provisoire du drame est figé depuis jeudi à 38 morts. Dix blessés se trouvent encore à l'hôpital, dont six jugés dans un état grave.

Dans un immense hall à Gênes transformé en chapelle ardente s'alignent samedi matin 18 cercueils, dont celui tout blanc d'un enfant. Ils sont couverts de fleurs, avec le nom ou la photo des morts.

Certaines familles ont préféré organiser vendredi ou samedi des enterrements privés en boycottant l'initiative des autorités.

Le quotidien La Stampa indiquait vendredi que les familles d'au moins 17 victimes préféraient ne pas participer à la cérémonie officielle.

L'archevêque de Gênes Angelo Bagnasco, qui doit célébrer samedi la messe, qui sera retransmise sur écran géant pour les habitants, a exprimé "tout son respect pour qui a choisi de ne pas vouloir des funérailles d'Etat".

"Mon fils a été assassiné", a répété vendredi sur toutes les ondes Roberto, le père de l'un des quatre jeunes de Torre del Greco, une commune de Naples, morts sur la route de leurs vacances.

"On ne doit pas mourir par négligence, par incurie, par irresponsabilité, par superficialité, par bureaucratisme", a martelé l'archevêque de Naples, le cardinal Crescenzio Sepe, dans son homélie dédiée vendredi aux quatre jeunes, prononcée dans leur ville d'origine.

Des obsèques se sont également déroulées vendredi dans plusieurs autres villes italiennes.

- Révocation -

Le gouvernement a annoncé vendredi que le procédure de révocation de la concession du tronçon de Gênes avait été officiellement enclenchée dans un courrier envoyé au concessionnaire autoroutier.

Dans un communiqué publié dans la soirée, le chef du gouvernement Giuseppe Conte a précisé que la société concessionnaire, Autostrade per l'Italia, avait quinze jours pour apporter des commentaires contradictoires.

Evoquant des informations selon lesquelles le concessionnaire serait disposé à reconstruire le pont à ses frais, M. Conte a noté que son gouvernement évaluerait la proposition si elle était formalisée. Au titre d'une "indemnisation provisoire du dommage" qui ne saurait être suffisante.

Le président du Conseil entend aussi contrôler sévèrement à l'avenir les investissements des concessionnaires d'autoroutes, qui "devront comprendre que l'infrastructure n'est pas une rente financière, mais un bien public".

"Nous faisons tout notre possible pour qu'Autostrade ouvre son portefeuille pour aider les proches des victimes, les personnes concernées, les sans-abri et la ville", avait lancé vendredi l'omniprésent vice-Premier ministre Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur et chef de la Ligue (extrême droite).

La société, qui appartient au groupe Atlantia, lui-même contrôlé à 30% par la famille Benetton, a assuré que ses contrôles de sécurité étaient sérieux. La holding de Benetton, Edizione (l'actionnaire de référence), a affirmé qu'elle ferait tout pour mettre au jour les responsabilités dans ce drame.

Atlantia a déclaré qu'une reconstruction du pont pourrait "être achevée dans les cinq mois", une fois le site accessible après la fin des recherches et des relevés d'enquête.

Mais le groupe a vivement critiqué la sanction gouvernementale décidée "en l'absence de toute certitude sur les causes effectives" du drame. Il a prévenu en outre que la révocation coûterait cher en indemnités à l'Etat.

Alors que le championnat de football doit reprendre ce week-end, les matches prévus pour dimanche de la Sampdoria et du Genoa, les deux équipes de Gênes, ont été reportés à une date ultérieure. Au cours des autres rencontres, les joueurs observeront une minute de silence et porteront un brassard noir.

Samedi, journée de deuil national pour les victimes, les lumières sur les bâtiments emblématiques de Rome comme le Colisée, la fontaine de Trevi et la place du Capitole, resteront éteintes de 22h00 à 23h00.

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