Guerre des mots entre Assad et les Kurdes en Syrie

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Par AFP
Publié le 18 décembre 2017 - 20:56
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Une photo fournie par l'agence officielle syrienne Sana montre le président Bachar al-Assad s'adress
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Une photo fournie par l'agence officielle syrienne Sana montre le président Bachar al-Assad s'adressant à des journalistes, le 18 décembre 2017
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Le président Bachar al-Assad et les forces kurdes ont échangé lundi des accusations violentes et inédites depuis le début de la guerre en Syrie, faisant craindre un déclenchement des hostilités entre les deux camps.

Pendant près de sept ans de conflit, les Kurdes et le régime ont réussi pratiquement à s'éviter hormis quelques accrochages. Mais avant la guerre déclenchée en mars 2011, cette minorité -15% de la population- avait été opprimée pendant des décennies sous le régime du clan Assad.

C'est le président syrien qui a déclenché cette guerre des mots, en qualifiant de "traîtres" les milices kurdes syriennes soutenues par les Etats-Unis et considérées comme la colonne vertébrale de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie.

Les milices kurdes au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont réussi à chasser l'EI de plusieurs villes avec l'aide de la coalition internationale menée les Etats-Unis. Leurs opérations ont été lancées sans coordination avec le régime Assad qui lui, appuyé par l'allié russe, a combattu ces mêmes jihadistes dans d'autres régions du pays.

"Lorsqu’on parle de ceux qu'on appellent 'les Kurdes', ce ne sont pas juste des Kurdes. Tous ceux qui travaillent pour le compte d'un pays étranger, notamment sous commandement américain, sont des traîtres", a dit M. Assad, dont les propos ont été diffusés par la présidence sur les réseaux sociaux.

"C'est notre évaluation de ces groupes qui travaillent pour le compte des Américains", a ajouté le président syrien devant des médias russes et officiels syriens, après avoir reçu une importante délégation russe.

- 'Hordes de terroristes étrangers' -

En réponse, les FDS, une alliance de milices dominées par les Kurdes syriens, ont accusé le régime Assad d'avoir ouvert les frontières du pays aux jihadistes étrangers.

"Bachar al-Assad et ce qui reste de son régime sont les derniers à pouvoir parler de trahison, car ce régime (...) est celui qui a ouvert les portes du pays aux hordes de terroristes étrangers venus des quatre coins du monde", ont-elles affirmé dans un communiqué.

"C'est lui-même qui a libéré tous les terroristes de ses prisons pour qu'ils versent le sang des Syriens de tous bords", ont ajouté les FDS.

L'opposition syrienne avait aussi accusé le régime d'avoir libéré de prison tous les extrémistes au début du conflit afin de porter atteinte au caractère pacifique de la révolte syrienne.

"Ce régime (...) est lui-même une définition de la trahison", ont encore dit les FDS, dominées par les Unités de protection du peuple kurde (YPG). "Si les Syriens n'y font pas face, le pays ira vers la partition, ce que nos forces ne permettront en aucun cas".

Au début de la guerre, les Kurdes ont adopté une position de "neutralité" envers le pouvoir et la rébellion, cherchant à rester à l'écart du conflit.

Les forces du régime se sont retirées unilatéralement des zones kurdes mi-2012, un retrait perçu alors comme une tactique destinée essentiellement à encourager les Kurdes à ne pas s'allier aux rebelles.

- Craintes d'offensives -

Les Kurdes ont ensuite bénéficié du chaos pour établir une autonomie de facto dans les territoires sous leur contrôle dans le nord et le nord-est du pays, créant leurs propres forces de sécurité et leur propre milice, les YPG.

Soutenues au sol par des forces spéciales américaines et par l'aviation de la coalition, les FDS ont chassé en octobre l'EI de Raqa, sa capitale de facto en Syrie.

Elles poursuivent actuellement leur ultime offensive contre l'EI dans l'est de la province de Deir Ezzor, les jihadistes contrôlant désormais moins de 10% de cette région.

Le régime, appuyé par l'allié russe et les combattants du Hezbollah libanais et iraniens, poursuit une offensive parallèle dans la même région.

L'intervention militaire russe en 2015 au côté du régime Assad a permis à ce dernier de remporter d'importantes victoires contre les rebelles et les jihadistes et à reprendre d'importants pans du territoire.

Le régime contrôle 55% du territoire syrien après avoir chassé rebelles et jihadistes de nombreux fiefs, tandis que les Kurdes en contrôlent 28%.

Les Kurdes ont récemment exprimé leurs inquiétudes quant à une offensive du régime syrien contre eux ainsi que de la Turquie voisine contre eux.

Ankara considère les YPG comme un groupe "terroriste". Jadis alliée de Damas, la Turquie a soutenu la rébellion anti-Assad et abrite l'opposition syrienne en exil à Istanbul.

Déclenché par la répression de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire morcelé. Il a fait plus de 340.000 morts.

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