Indonésie : les équipes de sauveteurs étrangers dénoncent des entraves à leur action

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Par Maryke VERMAAK - Palu (Indonésie) (AFP)
Publié le 09 octobre 2018 - 13:40
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Une Indonésienne transporte un colis de nouilles instantanées reçu lors de la distribution d'aide à Palu en Indonésie le 9 octobre 2018
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© OLAGONDRONK / AFP
Une Indonésienne transporte un colis de nouilles instantanées reçu lors de la distribution d'aide à Palu en Indonésie le 9 octobre 2018
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Plusieurs ONG ont dénoncé mardi les restrictions d'accès imposées par les autorités indonésiennes aux équipes étrangères de sauveteurs, interdites d'intervenir directement en soutien aux populations des Célèbes touchées par le séisme et le tsunami qui ont fait quelque 2.000 morts.

L'agence indonésienne de gestion des catastrophes (BNPB) a indiqué à ces équipes que de nouvelles règles leur interdisaient de procéder à des recherches de corps de victimes dans les zones de Palu les plus touchées par les destructions à la suite de la catastrophe du 28 septembre qui a également fait des milliers de disparus.

"Les ONG étrangères ne sont pas autorisées à aller directement sur le terrain. Toutes les actions doivent être conduites avec des partenaires locaux", affirme ainsi la BNPB.

Ahmed Bham, de l'organisation caritative sud-africaine Gift of the Givers, a expliqué à l'AFP s'être entendu dire que "toutes les équipes étrangères de recherches et de secours doivent retourner dans leurs pays. Ils n'ont pas besoin d'elles en Indonésie".

Arrivés à Palu depuis trois jours en provenance de Johannesburg, les 27 membres de l'organisation ont dû patienter et "beaucoup de jours ont été perdus", a ajouté M. Bham, soulignant disposer pourtant d'"équipement vraiment spécialisé".

Les autorités craignent que 5.000 personnes soient disparues, prisonnières des décombres à Palu, ville de 350.000 habitants sur la côte ouest des Célèbes dévastée par le séisme de magnitude 7,5 et le tsunami qui a suivi. Plus de 70.000 personnes ont été déplacées et au moins 1.948 personnes ont été tuées.

"C'était comme, je ne dirais pas de la bureaucratie, mais du style +vous ne pouvez pas travailler ici, vous ne pouvez pas faire ceci, vous ne pouvez pas faire cela+. C'est quelque chose que nous n'avons pas rencontré dans d'autres catastrophes majeures semblables", a poursuivi M. Bham.

- "C'est encore trop lent" -

"La vérité, c'est qu'ils ont publié un communiqué demandant le retrait du personnel étranger", a déclaré mardi à la chaîne australienne ABC Tim Costello, directeur en Australie de l'association humanitaire World Vision.

L'Indonésie avait initialement refusé l'aide internationale, assurant que son armée pouvait faire face à la situation. Mais à mesure que l'ampleur du désastre a été révélée, le président Joko Widodo a accepté à contrecoeur les ONG humanitaires internationales et le soutien de gouvernements étrangers.

Les difficultés logistiques ajoutées aux réticences initiales de Jakarta ont toutefois entravé l'arrivée de l'assistance à ses destinataires. Quelque 200.000 personnes ont désespérément besoin de nourriture, d'eau et d'autres fournitures de première nécessité.

Selon Tim Costello, l'aide parvient aux survivants mais "c'est encore trop lent, pour nous qui sommes habitués à ces crises".

Il juge l'attitude des autorités indonésiennes à l'égard des ONG étrangères, "très étrange, alors que les journalistes étrangers peuvent circuler librement et travailler".

Selon M. Bham, la plupart des équipes internationales qu'il a vues à Palu sont à l'aéroport: "ils ne peuvent pas travailler. Ils commencent à rentrer dans leurs pays".

Le porte-parole de l'agence indonésienne de gestion des catastrophes, Sutopo Purwo Nugroho, a assuré qu'aucun sauveteur étranger ne s'était encore vu demander de quitter Palu.

"Mais à Lombok il y en a eu beaucoup" qui ont été priés de partir, a-t-il déclaré mardi à des journalistes. L'île de Lombok dans l'est de l'Indonésie a été frappée cet été par des séismes qui ont tué plus de 550 personnes.

"Le président a dit que nous n'avions plus besoin d'aide étrangère mais ils ont continué d'arriver", a-t-il poursuivi.

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