Irak : les territoires disputés entre Bagdad et les Kurdes

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 15 octobre 2017 - 19:22
Image
Des forces irakiennes se dirigent vers des positions tenues par les peshmergas kurdes le 15 octobre
Crédits
© AHMAD AL-RUBAYE / AFP
Des forces irakiennes se dirigent vers des positions tenues par les peshmergas kurdes le 15 octobre 2017 aux alentours du Kirkouk
© AHMAD AL-RUBAYE / AFP

La crise aiguë que traversent les relations entre le gouvernement central irakien et la région autonome du Kurdistan a remis au premier plan la question des territoires qu'ils se disputent depuis 2003 et la chute du régime de Saddam Hussein.

Il s'agit d'une bande longue de plus de 1.000 km partant de la frontière syrienne jusqu'à celle avec l'Iran, et qui s'étend ainsi sur 37.000 km2. Située au sud des trois provinces (Erbil, Dohouk et Souleimaniyeh) qui forment la région autonome du Kurdistan, elle recouvre des portions des provinces de Ninive, de Salaheddine et de Diyala. Toute la riche province de Kirkouk est elle considérée comme "disputée".

Selon le géographe français spécialiste du Kurdistan, Cyril Roussel, ces territoires disputés "concentrent les principaux paramètres de la discorde entre le pouvoir central irakien et la région kurde".

Il s'agit "de la question de l'unité territoriale irakienne, des enjeux énergétiques, de la problématique communautaire et du retour des personnes déplacées, avec en arrière-plan le processus d'arabisation" mené sous Saddam Hussein, explique-t-il à l'AFP.

A ce jour, le territoire autonome kurde, né après la première guerre du Golfe de 1990 et confirmé dans la Constitution de 2005, s'étend sur 75.000 km2. Il abrite 5,5 millions d'habitants.

Mais, pour les Kurdes, il ne représente pas la réalité historique. Selon eux, près d'un tiers du peuple kurde s'en trouve exclu, tout comme les gisements pétroliers de la région de Kirkouk.

Aussi, progressivement, les peshmergas --les combattants kurdes-- se sont installés dans les territoires disputés où vivent 1,2 million de Kurdes, au sud de leur région autonome, en profitant de l'extrême faiblesse des forces armées irakiennes.

Ces dernières ont en effet peiné à se reconstituer après leur démantèlement par l'administrateur américain de l'Irak, Paul Bremer, faisant suite à l'invasion du pays en 2003 par une coalition montée par les Etats-Unis.

Les combattant kurdes se sont emparés progressivement de 23.000 km2 de territoire: 9.000 km2 dans la province de Ninive, 6.500 dans celle de Kirkouk, 1.500 dans celle de Salaheddine, 3.200 dans la province de Dyala et 2.500 autres qui correspondent au district de Makhmur. Les Kurdes considèrent ce territoire comme faisant partie de la province d'Erbil alors que Bagdad l’a rattaché à celle de Ninive dans les années 1990.

"Les peshmergas étaient déjà présents dans les territoires disputés sous forme de contrôle mixte avec les troupes de Bagdad avant 2014", relève M. Roussel.

En juin 2014, policiers et soldats irakiens ont fui en pleine débâcle face à la percée fulgurante des jihadistes du groupe Etat islamique (EI), qui s'est alors emparé de près d'un tiers du pays.

"Le retrait de l'armée irakienne à cette date a permis aux Kurdes de contrôler seuls les zones dans lesquelles ils étaient déjà", poursuit ce spécialiste.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.