Irak : première session du Parlement, deux blocs pour un seul gouvernement

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Par Ammar Karim - Bagdad (AFP)
Publié le 03 septembre 2018 - 14:22
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Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi aux côtés de Moqtada al-Sadr, à Najaf le 23 juin 2018
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© Haidar HAMDANI / AFP/Archives
Le nationaliste chiite irakien Moqtada Sadr (g) et le Premier ministre sortant Haider al-Abadi, en conférence de presse à Najaf le 23 juin 2018

© Haidar HAMDANI / AFP/Archives

Le Parlement irakien s'est réuni lundi pour la première fois, quatre mois après des législatives remportées par le nationaliste chiite Moqtada Sadr, qui pourrait former avec le Premier ministre sortant Haider al-Abadi le prochain gouvernement, au détriment du bloc pro-Iran.

Un proche de M. Abadi a indiqué à l'AFP dans la nuit que la coalition qui pourrait permettre au chef de gouvernement sortant de se maintenir comptait 177 députés, soit plus de la moitié des 329 sièges du Parlement élu le 12 mai.

Plus tard, l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki, associé à l'Alliance de la Conquête de Hadi al-Ameri, une coalition d'anciens combattants antijihadistes proches de l'Iran, a de son côté annoncé avoir rassemblé les signatures de 145 députés.

Les deux blocs revendiquent le titre de plus large coalition gouvernementale car, a fait valoir M. Maliki, il a obtenu "les signatures de chaque député" et non celles des chefs de liste comme ses concurrents.

MM. Abadi et Sadr ont eux réuni - sur un document dont l'AFP a pu consulter une copie-- les signatures de chefs de listes, et les partisans de M. Maliki arguent que certains députés refusent de suivre les consignes de liste.

Le bloc Maliki-Ameri affirme ainsi avoir débauché 21 députés de l'Alliance de la Victoire de M. Abadi.

Parmi eux, l'ancien chef des unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi, Faleh al-Fayadh, que le Premier ministre a destitué il y a quelques jours parce qu'il le soupçonnait de négocier derrière son dos avec l'Alliance de la Conquête.

- Kurdes, faiseurs de roi -

Ces défections, si elles sont confirmées, peuvent faire pencher la balance, d'autant que les partis kurdes, qui comptent une soixantaines de députés, ne se sont jusqu'ici pas prononcés et mènent des négociations avec les deux camps.

Les sunnites, eux, sont jusqu'ici divisés entre les deux blocs qui, en raison de la proportionnelle et pour éviter le retour à une dictature, doivent être le fruit d'alliances.

A l'approche de l'ouverture de la session inaugurale du Parlement, retardée par un nouveau décompte des voix après des allégations de fraude, les tractations politiques se sont poursuivies tard dans la nuit.

Lundi matin, les députés étaient rassemblés dans l'enceinte du Parlement, au sein de l'ultra-sécurisée zone verte de Bagdad, pour prêter serment et élire le président de la Chambre - traditionnellement un sunnite - et ses deux adjoints. Le sortant, Salim al-Joubouri, n'a pas été réélu à la députation et sera forcément remplacé.

Il a toutefois prononcé un discours, après celui d'ouverture délivré par le président de la République Fouad Massoum, puis un autre par M. Abadi.

Les députés ont ensuite 30 jours pour élire le président de la République - traditionnellement un Kurde - pour succéder à Fouad Massoum. Plusieurs noms de candidats circulent, mais aucun n'a jusqu'ici été confirmé officiellement par les grands partis kurdes.

Une fois élu, le président de la République dispose de quinze jours pour charger la plus large coalition parlementaire de former un nouveau gouvernement.

Ce gouvernement devra faire face à une crise sociale et sanitaire d'ampleur. Depuis deux mois, dans le sud irakien, des manifestants réclament des services publics et des infrastructures dont le pays en pénurie chronique d'eau et d'électricité manque depuis des années.

Et, depuis trois semaines, la province de Bassora, l'une des plus peuplée du pays et la plus riche en pétrole, est en proie à une pollution de l'eau qui a déjà mené quelque 20.000 personnes à être hospitalisées.

En outre, le futur cabinet devra tenter d'endiguer la menace jihadiste alors que le groupe Etat islamique (EI), défait fin 2017, continue de mener des attaques, qui ont de nouveau fait un mort dans la nuit au nord de Bagdad.

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