Israël : les Netanyahu, une famille habituée au scandale

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Par Stephen WEIZMAN - Jérusalem (AFP)
Publié le 16 février 2018 - 12:47
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le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu et son épouse Sara le 16 janvier 2018 devant le Taj Mahal en Inde
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le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu et son épouse Sara le 16 janvier 2018 devant le Taj Mahal en Inde
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Les accusations de corruption à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu constituent la dernière mésaventure en date d'une famille qui a fait beaucoup parler d'elle pour une conduite pas toujours très conventionnelle.

Entre le chien de la famille qui a le croc facile, le nom de l'épouse du Premier ministre associé à une sombre histoire de bouteilles consignées ou les propos scabreux d'un fils à la sortie d'un club de strip-teaseuses, les Netanyahu ont capturé l'attention pour des raisons tout autres que l'exercice du pouvoir.

Les déboires des Netanyahu ont culminé mardi quand, après des mois d'enquête, la police a indiqué avoir réuni assez de preuves contre M. Netanyahu pour préconiser son inculpation dans deux affaires. Bien qu'anticipées de longue date, ces recommandations ont provoqué un tumulte politique.

Dans l'un des dossiers, M. Netanyahu est soupçonné d'avoir essayé de conclure un accord avec un grand quotidien pour une couverture favorable de son action.

L'autre projette une image peut-être encore plus désavantageuse. M. Netanyahu et des membres de son foyer sont suspectés d'avoir reçu de la part de richissimes personnalités pour un million de shekels (environ 230.000 euros) de cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux, en échange de faveurs financières ou personnelles.

La police suggère l'inculpation de M. Netanyahu pour corruption, fraude et abus de confiance. Elle ne fait aucune mention de son épouse, Sara, et de son fils Yaïr, qui vivent pourtant à ses côtés à la résidence.

- 'Punching-ball' -

Les médias, apparemment informés par des fuites, ont abondamment écrit ou parlé du rôle de Mme Netanyahu, rapportant que non seulement elle savait, mais qu'elle aurait sollicité certains cadeaux.

Le quotidien Haaretz par exemple a fait état "d'un bijou coûteux" que Mme Netanyahu aurait demandé comme cadeau d'anniversaire, et de billets d'avion et de chambres d'hôtel payés pour Yaïr par un des amis de la famille.

Si elle n'est pas inquiétée dans ce dossier, Mme Netanyu, figure omniprésente et réputée influente, menace d'être jugée, avec un proche collaborateur, pour avoir fait passer commande de dizaines de milliers de dollars de repas fins aux frais du contribuable.

Elle a été accusée par le passé d'avoir empoché les consignes sur les bouteilles bues à la résidence alors que l'argent aurait dû revenir au Trésor public. En 2013, le Premier ministre avait remboursé 1.000 dollars à ce titre.

En février 2016, elle avait été condamnée à verser des dommages et intérêts à un ancien intendant et homme de confiance, aujourd'hui licencié, qui dénonçait la gestion tyrannique selon lui de la résidence.

Mme Netanyahu s'est plainte d'être devenue "le punching-ball de tout le monde". Le Premier ministre proclame son innocence dans les deux affaires qui pourraient lui valoir d'être inculpé. Il décrie l'obsession dont font preuve selon lui les médias vis-à-vis de lui-même et sa famille.

Tamar Hermann, une experte en opinion publique au groupe de réflexion Institut d'Israël pour la Démocratie, concède que "la plupart des Israéliens, particulièrement les électeurs de droite, pensent qu'il est un très bon Premier ministre et que la situation est bonne, qu'il s'agisse de sécurité ou d'économie".

- La dent dure -

Mais pour d'autres, le comportement des Netanyahu, "c'est comme les scènes de ménage chez les voisins. Vous vous dites: +Pourvu que ça ne se propage pas chez moi+".

Sara Netanyahu n'est pas seule en cause. M. Netanyahu a été forcé en janvier de rappeler la morale à Yaïr, l'un des trois enfants du Premier ministre après trois mariages, après la publication d'un enregistrement embarrassant.

Lors d'une virée arrosée dans les clubs de strip-teaseuses de Tel-Aviv au cours de l'été 2015, Yaïr Netanyahu suggère à un de ses compagnons, fils de l'un des hommes les plus riches d'Israël, que le Premier ministre a fait gagner à son père des milliards de dollars grâce à un important accord pour l'exploitation du gaz naturel israélien.

Il avait rapidement présenté des excuses, parlant de "blague" et invoquant les vapeurs de l'alcool.

Yaïr Netanyahu est l'une des cibles privilégiées des détracteurs des Netanyahu, indignés que le contribuable paie son garde du corps, son chauffeur ou son train de vie à la résidence alors qu'il n'exerce aucune fonction officielle.

Il avait répondu à ses contempteurs sur Facebook en 2017 avec un brûlot conclu par un emoji figurant un doigt d'honneur et un autre un tas d'excréments, à la suite d'une banale querelle sur une crotte de la chienne des Netanyahu, Kaya.

Kaya, un croisé d'une dizaine d'années à l'épaisse fourrure blanche, adoptée dans un refuge, avait même fait parler d'elle en 2015 quand elle avait mordu un député ainsi que le mari d'une ministre durant une réception.

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