Italie : indignation après la décision de Salvini d'évacuer des migrants d'un village

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Par Ella IDE - Rome (AFP)
Publié le 14 octobre 2018 - 21:06
Mis à jour le 15 octobre 2018 - 01:04
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Le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini à Lyon, le 9 octobre 2018
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© JEFF PACHOUD / AFP/Archives
Le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini à Lyon, le 9 octobre 2018
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La colère montait dimanche en Italie après que le ministère de l'Intérieur, dirigé par le leader d'extrême droite Matteo Salvini, eut ordonné le transfert dans des centres d'hébergement de migrants qui avaient été accueillis dans un village de Calabre, présenté comme un modèle d'intégration.

"Honte. Ce n'est pas l'Italie", a notamment déclaré sur Twitter l'ancien Premier ministre Enrico Letta.

Samedi, après l'arrestation début octobre du maire du village de Riace, Domenico Lucano, sous l'accusation d'avoir commis des irrégularités au profit des demandeurs d'asile, le ministère de l'Intérieur a ordonné le transfert vers des centres d'hébergement des migrants qui se sont installés dans le village.

Des sources au ministère, citées dimanche par des médias italiens, ont cependant semblé revenir sur le principe des transferts forcés, affirmant que les migrants "ne seraient transférés que s'ils sont volontaires".

Ceux qui choisiront de rester "ne bénéficieront plus du système d'accueil", ont ajouté ces sources.

Le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini (extrême droite) et son parti la Ligue ont fait de Riace un exemple de leur "guerre contre le business de l'immigration" alors que ce village est présenté par les partisans du maire comme une expérience phare d'intégration de nouveaux venus dans une commune moribonde.

"Stop Salvini. Ne fermez pas les yeux", a lancé pour sa part l'Association nationale des partisans d'Italie (ANPI) dans un appel au Mouvement 5 étoiles (M5S), parti antisystème membre de la coalition au pouvoir aux côtés de la Ligue. L'ANPI a estimé que le gouvernement devrait plutôt partir en guerre contre le crime organisé en Calabre, bastion de la mafia.

Quelque 200 personnes qui se sont établies dans cette localité dépeuplée seront affectées, selon des medias italiens.

"Pour des raisons de décence, sur un territoire aussi beau et difficile que la Calabre, souvenez-vous que c'est la mafia qui devrait être poursuivie, et non un homme honnête comme (le maire) Lucano", a souligné l'ANPI.

L'initiative du maire Domenico Lucano, dont le programme d'accueil des migrants a été accompagné de la restauration de maisons abandonnées et de la réouverture d'ateliers d'artisans, a été présentée comme un modèle pouvant être reproduit pour faire revivre d'autres communes moribondes.

M. Lucano a été placé en résidence surveillée notamment sous l'accusation d'avoir organisé des "mariages de convenance" au profit de demandeurs d'asile. Ses avocats s'apprêtent à faire appel contre le ministère.

"Les priorités de Salvini en Calabre sont d'envoyer ailleurs les familles et les enfants et de démanteler un modèle d'intégration qui a fonctionné et qui est reconnu partout dans le monde", a déclaré l'ancienne présidente du parlement Laura Boldrini.

"Si Lucano est (considéré comme) le danger en Calabre, ça veut dire que la mafia est en train de gagner", a averti de son côté l'ancien maire de Naples, Luigi de Magistris, qui a été pendant neuf ans procureur en Calabre.

"Si le gouvernement décide de déporter les victimes fragiles et persécutées de régimes d'oppresseurs dans le monde, Riace doit devenir un bastion de la résistance", a-t-il ajouté.

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