Le refus de Renzi de discuter avec les 5 étoiles fait des vagues dans son camp

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Par Fanny CARRIER - Rome (AFP)
Publié le 06 mars 2018 - 14:25
Mis à jour le 07 mars 2018 - 00:10
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L'ancien président du Conseil italien et dirigeant du Parti démocrate (PD) Matteo Renzi, le 5 mars 2018 au siège de son parti à Rome
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© Alberto PIZZOLI / AFP
L'ancien président du Conseil italien et dirigeant du Parti démocrate (PD) Matteo Renzi, le 5 mars 2018 au siège de son parti à Rome.
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Des ténors du Parti démocrate italien ont dénoncé mardi l'attitude intransigeante de leur chef Matteo Renzi, démissionnaire mais qui entend bloquer toute discussion avec le Mouvement 5 étoiles, l'un des grands vainqueurs d'un scrutin qui a plongé le pays dans l'incertitude.

Aucune majorité n'est sortie des urnes dimanche et la lutte est engagée entre la coalition de droite, qui a remporté 37% des voix mais est désormais dominée par l'extrême droite, et le M5S (antisystème), devenu le premier parti du pays avec 32,7% des voix.

Rompant avec le dogme fondateur du M5S, qui refusait tout accord avec la vieille "caste" politique, son chef Luigi Di Maio s'est dit lundi prêt à discuter "avec toutes les forces politiques" sur les thèmes de son programme: pauvreté et gaspillage, immigration et sécurité, emploi et développement.

Pour le M5S, la démarche la plus logique serait de se tourner vers le Parti démocrate (PD, centre gauche). Une telle tentative avait échoué en 2013, mais le M5S s'est depuis assagi et le rapport de force est inversé après le revers essuyé par le PD après cinq ans de pouvoir (18,7%).

Cependant, Matteo Renzi est "un obstacle à cette convergence", explique le politologue Giovanni Orsina. Le M5S est braqué contre la personnalité jugée arrogante du chef du PD, qu'il associe souvent à Silvio Berlusconi sous le sobriquet "Renzusconi".

- 'Mains pleines de sang' -

Certes, M. Renzi a annoncé lundi qu'il quittait la direction de son parti, mais il a précisé que son successeur ne serait élu qu'après la désignation du gouvernement. Et il s'est porté "garant" que le PD ne devienne pas "la béquille d'un gouvernement antisystème".

"Le M5S et les droites nous ont insultés pendant des années et sont à l'opposé de nos valeurs. Ils sont antieuropéens, antipolitiques, ils ont utilisé un langage de haine. Ils nous ont dit que nous étions corrompus, mafieux, complices et que nous avions les mains pleines de sang à cause de l'immigration. Je ne pense pas qu'ils aient changé à l'improviste. Qu'ils fassent un gouvernement s'ils y parviennent, nous restons hors de cela", a-t-il insisté mardi sur Facebook.

Mais sa position est loin de faire l'unanimité au sein du PD. "Nous sommes tout autant que Renzi contre les tractations en coulisses, mais aussi contre les bunkers", a réagi le ministre de la Justice Andrea Orlando, qui avait obtenu 19% contre M. Renzi aux primaires du parti en avril 2017.

- 'Catastrophe démocratique' -

"Renzi risque de provoquer une catastrophe démocratique pour l'Italie et de faire exploser le PD", a lancé Michele Emiliano, gouverneur des Pouilles (sud), plus clairement marqué à gauche. Le M5S "a gagné le droit de gouverner" et le PD "doit le soutenir, en exerçant la fonction de contrôle du programme. Sinon, ils s'associeront avec les droites".

Une alliance "eurosceptique" entre le M5S et la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite), qui avec 17,3% est devenue la première force de l'alliance de droite, n'est cependant pas à l'ordre du jour, selon les intéressés.

Matteo Salvini et Silvio Berlusconi (centre droit) estiment pour leur part que la coalition de droite, arrivée en tête, a "le droit et le devoir" de former le gouvernement pour appliquer son programme de baisses d'impôts et de lutte contre l'immigration.

"Nous avons une équipe et elle est prête", a répété M. Salvini mardi.

Silvio Berlusconi, après un long silence, a finalement reconnu mardi soir le primat de la Ligue au sein de la coalition, et par conséquent son droit de choisir le prochain chef du gouvernement si leur coalition était appelée au pouvoir.

Le premier test sera l'élection des présidents des deux chambres, en principe le 23 mars. Ensuite seulement, le président de la République Sergio Mattarella entamera ses consultations pour désigner un chef de gouvernement.

Dans l'intervalle, le gouvernement de centre gauche de Paolo Gentiloni, dont près de la moitié des ministres ont été battus dans leur circonscription, gère les affaires courantes.

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