Japon : une journaliste meurt après 159 heures sup' en un mois

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Par AFP
Publié le 06 octobre 2017 - 11:02
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Des piétons traversent à un carrefour de Tokyo, le 15 septembre 2017
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© Kazuhiro NOGI / AFP/Archives
Des piétons traversent à un carrefour de Tokyo, le 15 septembre 2017.
© Kazuhiro NOGI / AFP/Archives

La chaîne de télévision publique japonaise NHK s'est excusée vendredi auprès des parents d'une de ses jeunes journalistes morte d'un malaise cardiaque alors qu'elle venait d'accumuler 159 heures supplémentaires en un mois.

Miwa Sado, 31 ans, qui couvrait l'actualité politique à Tokyo, avait été retrouvée morte dans son lit en juillet 2013. Selon les médias, elle tenait son téléphone portable serré dans une main.

Un an après, les autorités japonaises avaient conclu que sa mort était due à un nombre excessif d'heures supplémentaires. Elle n'avait eu que deux journées de repos dans le mois précédant son décès.

La NHK a fini par rendre l'affaire publique quatre ans plus tard sous la pression des parents de la jeune femme, qui demandaient que des mesures soient prises afin d'éviter de nouveaux cas.

"Notre président a rencontré les parents chez eux ce matin et a demandé pardon", a déclaré vendredi à l'AFP un porte-parole de la NHK.

Cette affaire met à nouveau en lumière le problème du "karoshi", ou mort par excès de travail, dans un pays connu pour ses journées de labeur interminables. Elle est gênante pour la NHK, qui a fait ouvertement campagne contre cette pratique.

La chaîne avait largement couvert des drames identiques survenus dans d'autres entreprises, notamment le suicide en 2015 d'une jeune femme chez le géant de la publicité Dentsu, qui avait travaillé plus de 100 heures supplémentaires en un mois.

Miwa Sado avait couvert les élections de l'assemblée de la ville de Tokyo en juin 2013, suivies en juillet d'élections sénatoriales. Elle est morte trois jours après les sénatoriales.

"J'ai le cœur brisé à l'idée qu'elle a peut-être essayé de m'appeler" juste avant de mourir, a déclaré sa mère au quotidien Asahi. "Miwa partie, j'ai l'impression que la moitié de mon corps m'a été arrachée. Je ne pourrai plus rire pour de vrai pendant le reste de ma vie".

- 'Limite physique et mentale' -

"Nous sommes désolés d'avoir perdu une excellente journaliste et prenons au sérieux le fait que sa mort ait été reconnue comme liée au travail", a déclaré jeudi le président de la NHK Ryoichi Ueda. "Nous allons continuer à travailler sur une réforme avec l'aide de ses parents".

"Nous appelons la NHK à gérer son temps de travail et à réduire ses longues heures supplémentaires (...) de manière à ce que de tels cas ne se reproduisent plus jamais", a déclaré le ministre du Travail Katsunobu Kato, cité par le quotidien Asahi Shimbun.

Chaque année au Japon, des dizaines de personnes meurent d'accidents vasculaires cérébraux, de crises cardiaques ou se suicident sous l'effet du surmenage sur leur lieu de travail.

En juillet, les parents d'un ouvrier de 23 ans du chantier du stade olympique de Tokyo qui s'était suicidé ont demandé des dédommagements et la reconnaissance par le gouvernement que son suicide était dû au surmenage.

Cet employé d'une société de construction, qui avait commencé à travailler sur le projet en décembre, avait accumulé 200 heures supplémentaires dans le mois qui a précédé la découverte en avril de son corps et d'un mot disant qu'il avait "atteint la limite physique et mentale".

Selon un rapport du gouvernement sur la mort par surcroît de travail diffusé vendredi, sur l'année achevée fin mars 2017, 191 cas de "karoshi" ont été répertoriés.

Dans une tentative de lutter contre ce problème, le gouvernement avait diffusé en mai une liste noire d'employeurs, dénonçant publiquement plus de 300 entreprises dont Dentsu et une branche de Panasonic pour violation du droit du travail.

Un tribunal de Tokyo a ordonné vendredi à Dentsu de payer une amende de 500.000 yens (près de 3.800 euros) pour avoir laissé ses salariés, dont la jeune femme décédée, accomplir illégalement un nombre excessif d'heures supplémentaires.

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