Journée sanglante à Bassora en Irak : six manifestants tués

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Par AFP - Bassora
Publié le 04 septembre 2018 - 23:34
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Heurts entre manifestants irakiens et forces de sécurité à Bassora, dans le sud de l'Irak, lors d'un mouvement de contestation sociale, le 4 septembre 2018
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© Haidar MOHAMMED ALI / AFP
Heurts entre manifestants irakiens et forces de sécurité à Bassora, dans le sud de l'Irak, lors d'un mouvement de contestation sociale, le 4 septembre 2018
© Haidar MOHAMMED ALI / AFP

La ville irakienne de Bassora a connu mardi sa journée la plus sanglante depuis le début des troubles sociaux il y a deux mois, avec la mort de six manifestants lors de nouvelles protestations contre l'inaction des autorités.

En soirée, des milliers de manifestants sont de nouveau partis à l'assaut du siège du gouvernorat à Bassora, qui symbolise pour eux l'impéritie des responsables incapables de fournir infrastructures et services de base dans la province la plus riche en hydrocarbures du pays.

Mardi, "six manifestants ont été tués et plus de 20 blessés", a affirmé à l'AFP Mehdi al-Tamimi, chef du Conseil gouvernemental des droits de l'Homme dans la province. Il a accusé les forces de l'ordre d'avoir "ouvert le feu directement sur les manifestants".

Des vidéos tournées à la morgue montre deux jeunes gens ensanglantés allongés sur des lits, l'un d'eux atteint à la tempe par une balle.

Lundi tard le soir, un autre jeune manifestant, Mekki Yasser Achour, a succombé à un tir attribué également par M. Tamimi aux forces de l'ordre.

Ses funérailles se sont transformées dans l'après-midi à Bassora en manifestation, partie de la morgue jusqu'au siège du gouvernorat, au cours de laquelle des civils en armes ont tiré en l'air pour honorer le "martyr".

La marche funéraire a ensuite dégénéré en bataille rangée entre manifestants et forces de l'ordre qui les ont dispersés à coups de gaz lacrymogènes et par des tirs en l'air, selon des correspondants de l'AFP sur place.

- Molotov, bâtons -

Parmi les protestataires, certains ont lancé des cocktails molotov et des bâtons de feux d'artifice sur le siège du gouvernorat. Ils avaient déjà incendié des installations à l'intérieur du complexe les jours précédents.

Selon les sources médicales, une quinzaine de membres des forces de l'ordre ont été blessés dans les heurts.

La grogne sociale, lancée début juillet, a semblé s'essouffler avant de reprendre de plus belle la semaine dernière après que la pollution de l'eau a conduit quelque 20.000 personnes à l'hôpital dans la province de Bassora.

Au moins 21 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement qui dénonce pêle-mêle les services publics déficients, la pénurie chronique d'électricité et d'eau, le chômage endémique, mais aussi l'impéritie de l'Etat et des hommes politiques.

Dans plusieurs cas, les défenseurs des droits de l'Homme ont accusé les forces de l'ordre, tandis que les autorités accusent des "vandales" infiltrés parmi les manifestants.

Avant l'annonce des six morts, le Premier ministre Haider al-Abadi a affirmé lors de sa conférence de presse hebdomadaire mardi, qu'une enquête avait été ouverte sur la mort du manifestant tué la veille, rappelant avoir ordonné qu'"aucune balle réelle ne soit tirée, ni en direction des manifestants, ni en l'air".

Mais les nouveaux morts de Bassora ont plongé la ville côtière, habituellement animée jusque tard dans la nuit, dans un état de "tension aiguë", selon M. Tamimi. "Les magasins ont fermé bien plus tôt que d'habitude et les gens sont inquiets", dit-il à l'AFP.

- Cordons policiers, routes bloquées -

Les cordons policiers et militaires ont bloqué de nombreuses artères, selon un correspondant de l'AFP sur place.

"Si le gouvernement ne répond pas aux demandes des manifestants, nous allons vers l'escalade", a prévenu M. Tamimi.

La province de Bassora, frontalière de l'Iran et du Koweït, est une poudrière. Zone de trafic mais également d'affrontements tribaux réguliers, parfois à l'arme lourde, elle est régulièrement le théâtre de heurts meurtriers.

Les manifestations quasi quotidiennes depuis juillet ont forcé le gouvernement à annoncer il y a quelques semaines la mise en place d'un plan d'urgence et à promettre des milliards de dollars d'investissements dans le sud du pays, épargné par la guerre contre le groupe Etat islamique (EI) mais délaissé sur le plan des infrastructures.

Mais les protestataires se méfient des promesses faites par un gouvernement sur le départ, alors que les difficiles tractations sont en cours pour former un nouveau gouvernement après les législatives du 12 mai.

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