Khashoggi : Erdogan exige des réponses, le procureur saoudien au consulat à Istanbul

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Par Ezzedine SAID et Luana SARMINI-BUONACCORSI à Ankara - Istanbul (AFP)
Publié le 30 octobre 2018 - 13:38
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a une nouvelle fois appelé appelé Ryad à identifier les commanditaires de l'assassinat de Jamal Khashoggi, le 30 octobre 2018
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© ADEM ALTAN / AFP
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a une nouvelle fois appelé appelé Ryad à identifier les commanditaires de l'assassinat de Jamal Khashoggi, le 30 octobre 2018
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau mis la pression sur Ryad mardi dans l'affaire de Jamal Khashoggi, en enjoignant le procureur général d'Arabie saoudite, qui a visité le consulat de son pays à Istanbul où le journaliste a été tué, d'identifier les commanditaires du meurtre.

Saoud ben Abdallah Al-Muajab a passé près d'une heure et demie au consulat dans la matinée, après s'être entretenu avec le procureur général de la République à Istanbul Irfan Fidan pour la deuxième fois en deux jours, selon des correspondants de l'AFP sur place.

Parlant peu après l'arrivée du procureur au consulat, Recep Tayyip Erdogan l'a exhorté à identifier "qui a donné l'ordre" aux meurtriers de Jamal Khashoggi, dont le corps reste introuvable près d'un mois après sa mort le 2 octobre. Il également considéré qu'il était inutile de chercher à épargner qui que ce soit.

"Qui a envoyé ces 15 personnes (soupçonnées d'avoir tué Khashoggi) ? En tant que procureur général saoudien, il faut que vous questionniez cela, que vous le révéliez", a dit M. Erdogan à la presse à Ankara.

"Il faut maintenant résoudre cette affaire. Inutile de tergiverser, cela n'a aucun sens d'essayer de sauver certaines personnes", a-t-il ajouté, en se gardant toutefois de citer des noms.

Le meurtre de Khashoggi, un journaliste saoudien de 59 ans qui collaborait notamment au Washington Post, a suscité une vague de fortes critiques internationales contre la monarchie pétrolière et terni l'image de son prince héritier Mohammed ben Salmane, dit "MBS", que la presse et des responsables turcs anonymes ont impliqué dans le crime.

- "Experts internationaux" -

Sous la pression internationale, Ryad a fini par reconnaître, après plusieurs jours de dénégations, le meurtre du journaliste dans son consulat lors d'une opération "non autorisée", mais a avancé plusieurs versions contradictoires qui ont suscité le scepticisme.

La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a émis mardi le souhait que des experts internationaux participent à l'enquête et demandé à Ryad de révéler l'endroit où se trouve le corps.

"Pour qu'une enquête puisse être menée sans l'émergence de considérations politiques, la participation d'experts internationaux, ayant pleinement accès aux preuves et aux témoins, serait hautement souhaitable", a déclaré Michelle Bachelet dans un communiqué.

"J'exhorte les autorités saoudiennes à révéler l'endroit où se trouve son corps sans délai ou atermoiements", a ajouté Mme Bachelet, faisant valoir l'importance "cruciale" de son autopsie.

Selon les médias turcs, le corps de Jamal Khashoggi a été démembré par des agents dépêchés par Ryad qui l'ont tué au consulat.

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu avait affirmé lundi que l'enquête devait se terminer "le plus vite possible" et que "toute la vérité" devait être révélée.

Son homologue saoudien Adel al-Jubeir, a toutefois rejeté samedi une demande d'extradition turque pour les 18 suspects arrêtés dans le cadre de l'enquête de Ryad, affirmant qu'ils seraient jugés en Arabie saoudite.

- Ne pas "étouffer" l'affaire -

Le ministre américain de la Défense Jim Mattis a affirmé dimanche avoir reçu l'assurance de Ryad que l'enquête saoudienne serait "complète".

Mais la fiancée turque de Khashoggi a critiqué la réponse du président américain Donald Trump au meurtre, l'appelant à ne pas laisser l'affaire être étouffée.

"Je suis extrêmement déçue de l'attitude adoptée jusqu'à présent par les dirigeants politiques de nombreux pays, à commencer par les Etats-Unis", a déclaré Hatice Cengiz lors d'un événement commémoratif lundi soir à Londres.

"Il faut que le président Trump aide à révéler la vérité et à ce que justice soit rendue. Le président Trump ne doit pas permettre que le meurtre de mon fiancé soit étouffé", a-t-elle ajouté dans une vidéo diffusée par les médias britanniques.

Selon Hatice Cengiz, "le régime saoudien sait où se trouve (le) corps" de Khashoggi. Elle a appelé les "criminels diaboliques et leurs lâches maîtres politiques" à rendre des comptes.

Après avoir fouillé une forêt proche d'Istanbul et une ville du nord-ouest de la Turquie, les enquêteurs ont inspecté la semaine dernière, à l'aide d'un robot, les réseaux d'égouts autour du consulat saoudien.

Les médias et des responsables turcs parlant sous couvert d'anonymat affirment qu'Ankara détient un enregistrement audio du meurtre et qu'il a été partagé avec la directrice de la CIA Gina Haspel lors d'un déplacement en Turquie la semaine dernière.

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