Kurdistan irakien : assécher les revenus du pétrole depend de la Turquie

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Par AFP
Publié le 25 septembre 2017 - 13:52
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan fait un discouyrs devant l'Assemblée générale de l'ONU le 19
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan fait un discouyrs devant l'Assemblée générale de l'ONU le 19 septembre 2017 à New York
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L'arrêt des transactions pétrolières avec le Kurdistan irakien, demandé par Bagdad comme mesure de rétorsion à la tenue lundi du référendum d'indépendance dans cette province autonome, dépend essentiellement de la Turquie.

Furieux de la tenue du scrutin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé lundi que des "mesures" allaient être prises "cette semaine" contre la région autonome. L’exportation du pétrole du Kurdistan irakien cessera une fois que la Turquie aura "fermé les vannes", a-t-il prévenu.

Ankara est le premier concerné par la question puisque 550.000 des 600.000 barils/jour produits par le Kurdistan irakien sont exportés via le terminal turc de Ceyhan (sud).

La Turquie peut donc fermer l'oléoduc qui relie l'Irak à Ceyhan, où les dépôts de brut construits dans les années 1980 ont appartenu à Bagdad avant que le gouvernement autonome kurde ne mette la main dessus en 2014.

Selon un récent rapport de la Banque mondiale, ces revenus pétroliers représentent l'essentiel des ressources du Kurdistan irakien, qui n'a pas su diversifier ses ressources.

Sur son flanc est, l’Iran a déjà annoncé la fermeture de sa frontière terrestre par laquelle était acheminé le fioul kurde vers les marchés du Golfe. Avec la fermeture de Ceyhan, le Kurdistan irakien se retrouverait donc asphyxié économiquement.

Si Ankara est vent debout contre le référendum et souhaite montrer ses muscles, une telle mesure de rétorsion ne serait toutefois pas sans dommage pour le pouvoir turc lui-même, relèvent des experts.

"La question n'est pas de pouvoir mais vouloir. Jusqu’à quel point la Turquie est-elle prête à aller pour empêcher qu’il y ait un État kurde à ses frontières?", s'interroge Ruba Husari, spécialiste du pétrole irakien.

"Si la Turquie est sérieuse dans ses menaces, elle peut bien sûr empêcher l’exportation du pétrole du Kurdistan". Mais elle tirera alors "un trait" sur un juteux commerce, dit-elle.

Outre les droits par baril transporté, Ankara tire profit de l'accord signé autrefois entre l’Irak et la Turquie, qui permet à la compagnie publique turque Botas de s'approvisionner en pétrole irakien via cet oléoduc.

Autre bénéfice: les revenus de la vente du pétrole du Kurdistan sont déposés dans une banque turque avant d'être transférés aux Kurdes, selon un accord entre Erbil et Ankara.

Il y a d’autres intérêts croisés, poursuivent les experts, en relevant le fait que la Turquie a accordé des prêts au gouvernement kurde, ou encore qu'une compagnie turque a été créée pour se joindre aux sociétés prélevant le brut à Ceyhan.

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