La Birmanie rejette le rapport de l'ONU accusant son armée de "génocide"

Auteur:
 
Par AFP - Rangoun
Publié le 29 août 2018 - 08:28
Image
Un an d'images de la crise des réfugiés rohingyas entre la Birmanie et le Bangladesh depuis le 25 août 2017
Crédits
© John SAEKI / AFP
Crise des Rohingyas,un an d'images
© John SAEKI / AFP

La Birmanie a rejeté mercredi le rapport des enquêteurs de l'ONU accusant son armée de "génocide" à l'encontre des musulmans rohingyas, défiant la communauté internationale au lendemain d'une réunion du Conseil de sécurité marqué par un vibrant plaidoyer de l'actrice Cate Blanchett.

Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, y ont soutenu l'idée de poursuites judiciaires internationales contre les responsables militaires birmans, après la publication lundi du rapport du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.

"J'ai entendu les récits déchirants, les récits de torture, de femmes brutalement violées, de personnes dont les proches ont été tués sous leurs yeux. Des enfants qui ont vu leurs grands-parents enfermés dans des maisons ensuite incendiées", a déclaré, devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York, l'actrice australienne Cate Blanchett, ambassadrice de bonne volonté du Haut commissariat aux réfugiés qui s'est rendue dans la région en mars.

Le gouvernement birman, par la voix de son porte-parole Zaw Htay, a lui répondu ne "pas avoir autorisé la MEF (Mission d'établissement des faits de l'ONU) à entrer en Birmanie".

"C'est pourquoi nous n'acceptons aucune résolution du Conseil des droits de l'Homme", a-t-il poursuivi, dans des propos publiés mercredi par le journal officiel Global New Light of Myanmar.

Le porte-parole a alors appelé à la création d'une "Commission d'enquête indépendante" par la Birmanie pour répondre aux "fausses allégations des agences de l'ONU".

Selon les enquêteurs de l'ONU, les principaux généraux de Birmanie, y compris le chef de l'armée, Min Aung Hlaing, devraient faire l'objet de poursuites internationales pour "génocide" contre les Rohingyas, dont plus de 700.000 ont fui au Bangladesh après une offensive de l'armée birmane en août 2017 lancée en représailles d'attaques de rebelles rohingyas.

Le gouvernement civil de la Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi s'accroche donc à la ligne qui a été la sienne depuis août 2017: défendre les militaires, force politique puissante avec laquelle l'ancienne dissidente tente de composer depuis son arrivée au pouvoir début 2016.

Aung San Suu Kyi elle-même s'est abstenue jusqu'ici de tout commentaire sur le rapport des experts de l'ONU publié lundi, qui déplore qu'elle n'ait pas utilisé son "autorité morale" dans la crise et que son gouvernement ait nié tout problème et empêché l'enquête de l'ONU.

- quelle suite ? -

Le Conseil de sécurité est néanmoins resté vague sur la suite à donner aux accusations de "génocide" de ce rapport onusien.

Dans leur rapport, les experts de l'ONU appellent le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale par le biais d'une résolution ou à créer un tribunal international ad hoc, comme pour le Rwanda ou l'ex-Yougoslavie.

Mais la probabilité d'une résolution sur le "génocide" rohingya est faible, la Chine et la Russie risquant d'y mettre un veto.

"Les faits de nettoyage ethnique contre les Rohingyas doivent être décrits et entendus", a cependant insisté l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley.

Le porte-parole du gouvernement birman, Zaw Htay, s'est également insurgé contre la décision de Facebook - critiqué par les enquêteurs de l'ONU pour avoir permis la propagation de discours haineux - de fermer la page du général Min Aung Hlaing, pour "violations des droits de l'homme". Zaw Htay a estimé que cette décision du géant américain nuisait aux efforts du gouvernement birman pour promouvoir la "réconciliation nationale".

A New York, l'ambassadeur birman auprès de l'ONU, Hau Do Suan, a lui aussi rejeté les conclusions du rapport onusien et mis en cause l'impartialité des enquêteurs. "Le moment choisi pour rendre public de manière hâtive ce rapport à la veille de la réunion du Conseil de sécurité soulève de sérieuses questions", alors que le document était attendu le 18 septembre, a-t-il relevé.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.