La Chine durement frappée par une explosion chimique : 47 morts

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Par Peter STEBBINGS - Yancheng (Chine) (AFP)
Publié le 22 mars 2019 - 07:04
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Sur le site de l'explosion de l'usine chimique de Yancheng, dans l'est de la Chine, le 21 mars 2019
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© STR / AFP
Sur le site de l'explosion de l'usine chimique de Yancheng, dans l'est de la Chine, le 21 mars 2019
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Au moins 47 morts et 90 blessés graves: le bilan encore provisoire de l'explosion d'une usine chimique dans l'est de la Chine est l'un des plus lourds de l'histoire du pays, régulièrement frappé par des catastrophes industrielles.

Les riverains du site, situé à Yancheng, à 260 kilomètres au nord de Shanghai, contemplaient vendredi, comme livrés à eux-mêmes, l'étendue des dégâts provoqués par l'explosion, qui a dévasté des habitations sur plusieurs kilomètres à la ronde.

"Je n'ai personne pour m'aider ici. Qu'est-ce que je vais faire avec tout le verre brisé et un mur cassé?", se lamente, les larmes aux yeux Mme Wang, 57 ans.

L'explosion, dont l'origine n'est pas connue, a provoqué jeudi une énorme boule de feu de plusieurs dizaines de mètres de haut ainsi qu'une épaisse colonne de fumée grise, d'après des images relayées sur les réseaux sociaux.

"Nous savions que ça allait sauter un jour", se désole Xiang, une riveraine qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, occupée à déblayer les débris.

La sexagénaire, qui était chez elle au moment de la catastrophe, a vu la porte d'entrée de sa maison d'un étage fortement endommagée par le souffle de l'explosion. Elle redoute à présent une contamination de l'eau.

"Nous n'avons pas d'eau potable ici", se lamente-t-elle. "Pourquoi est-ce que l'Etat ne nous apporte pas d'eau potable?"

Le gouvernement central a indiqué avoir constitué une commission d'enquête pour faire la lumière sur l'origine de la catastrophe. Plusieurs arrestations ont eu lieu, selon les autorités locales, qui n'ont toutefois communiqué aucun chiffre.

Fondée en 2007, la société Tianjiayi Chemical, où s'est produite l'explosion, compte 195 salariés et fabrique des produits chimiques dont l'anisole, un composé hautement inflammable à l'odeur proche de l'anis.

Elle a dans le passé été épinglée à plusieurs reprises pour des manquements à la réglementation en matière d'environnement, selon l'administration locale en charge de ces questions. En 2015 et 2017, l'entreprise avait été condamnée à une amende pour avoir enfreint la législation sur la gestion des déchets solides et des eaux usées.

- Paysage d'apocalypse -

A Yancheng, au milieu de logements aux vitres soufflées et aux murs fissurés, des affiches rouges placardées à l'occasion du nouvel an chinois souhaitent toujours +chance et prospérité+, malgré le paysage de dévastation.

"Au moins, nous avons toujours les murs et les portes ici!", ironise un couple de sexagénaires. Leur petit-fils de huit ans a été blessé à la tête par un éclat de verre. Mais les médecins d'un hôpital voisin ont refusé de le prendre en charge, jugeant la blessure "légère", selon eux.

D'autres ont dû précipitamment tout abandonner et passer la nuit à l'hôtel, tant leur habitation a été endommagée.

La municipalité de Yancheng a assuré sur le réseau social Weibo que plus de 600 personnes avaient reçu des soins.

Vendredi après-midi, un autocar était transformé en lieu improvisé pour donner son sang, a constaté une équipe de l'AFP dans une rue commerçante.

Plusieurs cordons de police bloquaient la route principale menant au site de l'explosion.

Des soldats dépêchés sur les lieux, le visage couvert d'un masque par crainte d'émanations toxiques, tentaient d'approcher au plus près de l'ancienne usine, où des employés pourraient toujours se trouver, selon la télévision d’État CCTV.

Des images de drones ont montré un paysage apocalyptique, avec à perte de vue des bâtiments carbonisés ou totalement détruits.

Il s'agit de l'explosion la plus meurtrière en Chine depuis celle d'un site chimique à Tianjin (nord) en 2015, qui avait fait au moins 165 morts.

Le président Xi Jinping, en visite d’État en Italie, a appelé les équipes de secours à déployer "tous les efforts nécessaires" pour secourir les nombreux employés toujours bloqués sous les décombres.

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