La Cour suprême américaine pourrait avoir à trancher sur les armes imprimées en 3D

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Par Antoine BOYER - Washington (AFP)
Publié le 01 août 2018 - 19:55
Mis à jour le 02 août 2018 - 00:58
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Le virulent débat sur les armes à feu a pris un tour résolument high-tech aux Etats-Unis, un Texan ayant promis d'aller jusqu'à la Cour suprême pour faire valoir le droit de fabriquer en toute discrétion des pistolets et autres fusils d'assaut grâce à des imprimantes 3D.

Cody Wilson, jeune homme de 30 ans posant sur sa photo de profil Twitter fusil à l'épaule et gilet pare-balles sur le dos, est le personnage central de ce débat sur l'impression d'armes en 3D.

A la tête du groupe Defense Distributed, il est désormais au coeur d'une bataille judiciaire.

Un tribunal fédéral de Seattle (nord-ouest) a suspendu temporairement mardi soir l'accès à ces plans dont la diffusion avait pourtant été autorisée par le gouvernement fédéral. Un examen du dossier sur le fond est prévu le 10 août.

Mais Cody Wilson est un militant chevronné du droit à porter des armes. Il se définit comme libertarien, c'est-à-dire partisan d'une liberté individuelle absolue. Avant cette décision judiciaire, il avait déjà publié des schémas sur internet, téléchargés des milliers de fois, selon des médias américains.

"Ce que je fais est protégé juridiquement... J'irai en instance d'appel. J'irai devant la Cour suprême. Je perdrai tout mon temps", a-t-il prévenu dans un entretien avec la chaîne CBS.

"Je pense que l'accès aux armes à feu est une dignité humaine fondamentale. C'est un droit humain fondamental", a-t-il ajouté.

La plus haute juridiction américaine, qui tranche les débats de société, serait ainsi confrontée à une épineuse question à la frontière entre nouvelles technologies et armes à feu.

- "Champion du deuxième amendement" -

Si le Sénat confirme la nomination par Donald Trump du magistrat Brett Kavanaugh pour remplacer le juge Kennedy, parti à la retraite, les conservateurs, pro-armes, seront majoritaires.

Mais le combat de Cody Wilson, qui se vante d'être "un champion du deuxième amendement au 21ème siècle", est pourtant loin d'être gagné d'avance.

En toute logique, cette formule devrait faire mouche auprès des défenseurs de cet amendement à la Constitution américaine, adopté en 1791, qui autorise le port d'armes mais dont l'interprétation est toutefois controversée dans un pays où environ 30.000 personnes meurent chaque année à cause d'armes à feu.

Le jeune homme doit encore convaincre Donald Trump et la National Rifle Association (NRA), principal lobby pro-armes, du lien entre deuxième amendement et armes fabriquées avec une imprimante 3D.

Le combat est loin d'être gagné d'avance.

"Le ministère de la Justice a passé un accord sans l'accord du président sur cette question", a déclaré la Maison Blanche mercredi, ajoutant que M. Trump était "ravi" de la décision de justice rendue par le tribunal de Seattle, qui permet "de donner plus de temps pour se pencher sur cette question".

"J'ai déjà parlé à la NRA, cela ne semble pas faire grand sens", avait déjà écrit mardi sur Twitter le président américain, qui répète à l'envi son attachement au droit de porter des armes.

Chris W. Cox, un des dirigeants de la NRA, a rappelé que "les pistolets en plastique indétectables sont interdits depuis 30 ans" et que cette disposition avait le soutien de son organisation.

Mais la position du lobby ultra-puissant à la pointe du combat contre toute régulation reste ambiguë. Dana Loesch, une de ses porte-parole, a ainsi tweeté son soutien à Cody Wilson et incité les internautes à financer la campagne lancée par Defense Distributed.

Les schémas n'étaient plus accessibles au téléchargement mercredi matin, le site invoquant la décision du tribunal de Seattle.

Cette nouvelle façon de fabriquer des armes chez soi et sans aucun contrôle, grâce des imprimantes 3D disponibles dans le commerce, a ému une partie de la classe politique américaine et fait bondir les militants appelant à un contrôle plus strict du port d'armes.

Les fusillades, notamment dans les écoles, endeuillent régulièrement des familles américaines.

"Cela met des armes entre les mains de terroristes, criminels et d'autres qui ne devraient pas y avoir accès", s'est exclamé sur Twitter le mouvement "March For Our Lives" (Marchons pour nos vies), composé de lycéens de Parkland, en Floride, rescapés de la fusillade qui avait été commise dans leur établissement le 14 février dernier.

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