L'examen de l'extradition d'une dirigeante de Huawei repoussé à début mars

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Par Don McKinnon, avec Clément SABOURIN à Montréal - Vancouver (AFP)
Publié le 29 janvier 2019 - 18:56
Mis à jour le 30 janvier 2019 - 01:36
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Meng Wanzhou est la fille du fondateur du géant chinois des télécoms Huawei
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© Robert LEVER / AFP/Archives
Meng Wanzhou est la fille du fondateur du géant chinois des télécoms Huawei
© Robert LEVER / AFP/Archives

La première audience d'extradition de la directrice financière de Huawei a été repoussée mardi à début mars, afin de permettre à la justice canadienne d'étudier le dossier transmis la veille par les Etats-Unis qui veulent la juger pour violation des sanctions contre l'Iran.

Au lendemain de la publication par la justice américaine d'une longue liste de chefs d'inculpation contre le fleuron chinois des télécoms et contre Meng Wanzhou, cette dernière a brièvement comparu mardi devant un tribunal de Vancouver, où elle entendait modifier les conditions de sa libération conditionnelle.

Un magistrat canadien a repoussé d'un mois, au 6 mars, la date de l'audience au cours de laquelle la justice canadienne acceptera ou non de lancer la procédure d'extradition exigée par les Etats-Unis.

Si le gouvernement chinois a accusé mardi les Etats-Unis de "visées politiques" et de "manipulations politiques", et a pressé Ottawa de libérer rapidement la numéro 2 de Huawei, le nouveau ministre canadien de la Justice, David Lametti, a averti: la procédure pourrait "durer longtemps".

"Je ne sais pas si on parle de mois ou d'années", a abondé le juge William Ehrcke, de la Cour suprême de Colombie-Britannique, lors d'une brève audience demandée par Mme Meng, fille du fondateur du groupe de télécommunication chinois.

"Mme Meng a présenté une demande de changement de l'identité de la personne nommée comme caution dans son ordonnance de cautionnement", a expliqué à l'AFP le ministère canadien de la Justice.

Arrêtée le 1er décembre à la demande des Etats-Unis, alors qu'elle était en transit à Vancouver, Mme Meng a obtenu dix jours plus tard une libération sous strictes conditions: la remise de ses documents de voyage, le dépôt d'une caution de 10 millions de dollars canadiens (6,6 millions d'euros), le port d'un bracelet électronique et l'obligation de demeurer dans une résidence surveillée et d'observer un couvre-feu.

Or, cinq parties s'étaient initialement portées garantes de la caution de 10 millions de dollars, dont un agent immobilier qui avait mis en garantie sa maison, dont il estimait alors la valeur à 1,8 million de dollars. Mais selon la défense de Mme Meng, la valeur de cette demeure a été réévaluée à la baisse entretemps et il a donc été proposé au juge de déposer de l'argent comptant pour combler cette différence, selon les médias présents.

"La Couronne a accepté cette demande", a indiqué le ministère de la Justice.

Le juge Ehrcke a profité de cette audience pour revenir sur la demande d'extradition de Washington, transmise officiellement lundi au gouvernement canadien, et dont l'audience devant décider de sa recevabilité était initialement fixée au 6 février.

Concrètement, la justice canadienne ne doit pas se prononcer sur le fond de l'affaire, mais seulement juger si la demande des Etats-Unis respecte les conditions du traité d'extradition liant les deux alliés nord-américains.

Reste que, si un juge devait décider de l'extradition, il revient au ministre de la Justice du Canada de signer --ou de refuser de le faire-- une telle mesure, a rappelé M. Lametti.

- "Etat de droit" -

L'arrestation de Mme Meng a créé une crise diplomatique sans précédent entre Ottawa et Pékin, alors que les deux pays avaient lancé des "discussions exploratoires" en vue d'un traité de libre-échange.

Les autorités chinoises ont depuis arrêté deux Canadiens, tandis qu'un tribunal chinois a condamné à mort un troisième, mais Pékin assure que ces mesures sont sans lien avec l'affaire Huawei. "Nous faisons face à une situation difficile avec la Chine", a reconnu mardi la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

Le Premier ministre Justin Trudeau a pour sa part répété mardi que le Canada était "un Etat de droit".

Selon le dossier d'accusation présenté lundi, le ministère américain de la Justice a retenu treize chefs d'inculpation, liés à des violations des sanctions américaines contre l'Iran, à l'encontre de Huawei et de sa directrice financière. Il a également inculpé deux filiales de Huawei pour vol de secrets industriels du groupe de télécoms américain T-Mobile.

Dans un communiqué transmis à l'AFP, Huawei s'est déclaré "déçu" et a démenti avoir commis le moindre méfait. Le numéro 2 mondial des smartphones a dit n'avoir "pas connaissance d'actes répréhensibles de la part de Mme Meng" et être "persuadé que les tribunaux américains aboutiront à la même conclusion".

Le Canada doit négocier cette crise diplomatique sans son ambassadeur à Pékin, congédié ce week-end par Justin Trudeau pour avoir notamment déclaré que ce serait "très bien pour le Canada" si Washington renonçait à demander l'extradition de Mme Meng. "Il y a urgence pour le gouvernement de remédier à cette situation" et de nommer un nouvel ambassadeur, a concédé la ministre Chrystia Freeland.

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