La police israélienne recommande l'inculpation de Netanyahu pour corruption

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Par Jonah MANDEL - Jérusalem (AFP)
Publié le 02 décembre 2018 - 12:37
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La police israélienne a recommandé dimanche l'inculpation du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans une troisième affaire de corruption qui pourrait provoquer la chute du chef du gouvernement, à la tête d'une majorité fragilisée ces dernières semaines.

Il revient désormais au procureur général de décider d'inculper ou non le Premier ministre et son épouse Sara pour l'acceptation de "pots-de-vin", "fraude" et "abus de confiance". La police recommande aussi l'inculpation de Mme Netanyahu pour "obstruction" à la justice.

Le chef du gouvernement a immédiatement proclamé une nouvelle fois son innocence.

"Je suis sûr que dans ce cas les autorités compétentes, après avoir examiné la question, parviendront à la même conclusion: qu'il n'y avait rien parce qu'il n'y a rien", a-t-il réaffirmé dans un communiqué.

Le couple est soupçonné d'avoir tenté de s'assurer une couverture favorable de la part du site d'informations Walla en contrepartie de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Shaul Elovitch, qui était patron à la fois du principal groupe de télécommunications israélien Bezek et de Walla.

Entre 2012 et 2017, M. Netanyahu et son entourage sont "intervenus sur le contenu publié par le site d'information Walla et ont cherché à influencer la nomination de personnes" afin de "publier des articles et des photos flatteuses, supprimant le contenu critiquant le Premier ministre et sa famille", a précisé la police dans un communiqué.

La police recommande l'inculpation notamment pour corruption de Shaul Elovitch, et de son épouse Iris, ainsi que de deux autres personnes: un homme d'affaires et un cadre supérieur de Bezek. Les enquêteurs ont aussi préconisé l’inculpation pour fraude et abus de confiance d'Or, fils du couple Elovitch ainsi que de Stella Handler, ancienne directrice générale de Bezek.

Nir Hefetz, ex-conseiller médiatique du Premier ministre ainsi que Shlomo Filber, un proche de M. Netanyahu que celui-ci avait nommé directeur général du ministère des Communications, ont passé un accord avec les enquêteurs pour témoigner contre les personnes impliquées dans cette affaire en échange d'une peine réduite.

L'ensemble de ces recommandations ont été rendues publiques alors que le chef de la police Roni Alsheikh quitte ses fonctions après avoir été très durement critiqué par M. Netanyahu.

La police avait déjà recommandé l'inculpation de Benjamin Netanyahu dans deux autres affaires de corruption en février. Il a été entendu plus d'une dizaine de fois en tant que suspect ou témoin dans différents dossiers.

Les ministres du Likoud (droite), le parti de M. Netanyahu, ont exprimé leur soutien au chef du gouvernement. "Merci beaucoup mais vous devez prendre cela bien plus sérieusement que je ne le fais", leur a-t-il répondu lors du Conseil des ministres hebdomadaire.

- Appel à la démission -

Dans l'opposition, le chef des travaillistes Avi Gabbay a appelé Benjamin Netanyahu à démissionner: "un homme à ce point obsédé par ce que les médias disent de lui ne peut pas gouverner Israël".

La dirigeante du parti de gauche Meretz, Tamar Zandberg, a estimé qu'"Israël doit organiser des élections maintenant", le Premier ministre étant accusé du "plus grave délit selon la loi israélienne".

Légalement, rien n'oblige Benjamin Netanyahu à démissionner s'il est inculpé, tant qu'il n'a pas été condamné et que tous les recours ont été épuisés.

Fragilisé par la démission du ministre de la Défense, le nationaliste Avigdor Lieberman, le 14 novembre et par le retrait de son parti Beiteinou de la coalition, le gouvernement ne dispose plus que d'une majorité d'une voix au Parlement (61 députés sur 120).

Mais M. Netanyahu jouit d'une solide popularité, et, surtout, fait face à une opposition qui ne semble pas en mesure de le battre si des élections étaient organisées aujourd'hui.

L'échéance est normalement fixée à novembre 2019, mais depuis des mois flotte un parfum d'élections anticipées.

La police a recommandé l'inculpation du chef du gouvernement dans deux autres affaires de corruption, son épouse étant elle en procès pour une affaire de frais de bouche.

Les policiers soupçonnent Benjamin Netanyahu et des membres de sa famille, d'avoir reçu pour un million de shekels (285.000 dollars) cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux de la part de richissimes personnalités, en échange de faveurs financières ou personnelles.

Dans un autre dossier, ils le suspectent d'avoir tenté de conclure avec le propriétaire du Yediot Aharonot un accord pour une couverture plus favorable de la part du plus grand quotidien israélien payant.

Début novembre, la police a par ailleurs annoncé disposer d'éléments prouvant l'implication de David Shimron, cousin et avocat de Benjamin Netanyahu, dans une affaire de corruption autour de la vente par l'Allemagne à Israël de sous-marins et navires militaires. Le chef du gouvernement n'a pas été mis en cause dans cette affaire.

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