La séparation des familles à la frontière américaine

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Par Sébastien BLANC - Washington (AFP)
Publié le 19 juin 2018 - 01:50
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Un ancien hypêrmarché Walmart transformé en centre d'accueil pour des enfants entrés illégalement aux Etats-Unis
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© Loren ELLIOTT / AFP/Archives
Un ancien hypêrmarché Walmart transformé en centre d'accueil pour des enfants entrés illégalement aux Etats-Unis
© Loren ELLIOTT / AFP/Archives

En adoptant une tolérance "zéro" à l'égard des clandestins arrêtés à la frontière américaine, le gouvernement de Donald Trump sépare des milliers d'enfants de leurs parents, conséquence selon lui de l'échec de ses prédécesseurs à régler le problème.

- Qu'est-ce que la politique de "tolérance zéro" ?

Les autorités sous l'égide de M. Trump ont décidé au printemps de poursuivre systématiquement au pénal les étrangers entrés illégalement aux Etats-Unis, une possibilité offerte par une loi existante baptisée Immigration and Naturalization Act.

Les précédents gouvernements privilégiaient au contraire d'engager des poursuites au civil à l'encontre des clandestins passibles d'expulsion.

Ces poursuites permettaient de détenir durant un temps les étrangers dans des centres de rétention administrative, en famille, ou de trouver des voies alternatives à la détention, en attendant l'examen au tribunal de leur demande d'asile.

Beaucoup de ces migrants, originaires notamment de pays secoués par des violences comme le Guatemala, le Honduras ou le Salvador, affirment redouter des persécutions sur leur terre natale et, selon l'actuel gouvernement, se passent le mot.

L'administration américaine fait désormais face à un empilement de quelque 600.000 dossiers de demande d'asile.

L'immigration illégale reste élevée à la frontière avec le Mexique: de mars à mai, plus de 50.000 personnes ont été appréhendées chaque mois. Environ 15% de ces clandestins arrivent en famille et 8% sont des mineurs non accompagnés.

- Pourquoi les enfants sont-il séparés de leurs parents ?

Quand des adultes sont détenus dans le système pénitentiaire pour des délits pénaux, leurs enfants ne peuvent les suivre en prison: ils sont donc confiés à l'Office de relocalisation des réfugiés (ORR), qui dépend du ministère de la Santé et des services sociaux.

Plus de 2.300 enfants et jeunes migrants ont été séparés en cinq semaines de leurs parents accusés d'avoir franchi illégalement la frontière aux Etats-Unis.

Le gouvernement de M. Trump soutient que cette séparation a un effet dissuasif sur les candidats à l'immigration illégale.

M. Trump affirme aussi que la loi en vigueur oblige à séparer enfants et parents. C'est inexact.

Quelque 11.000 mineurs en situation illégale sont désormais pris en charge par l'ORR qui, pour la plupart, ont traversé la frontière sans leur famille.

- Les enfants pouvaient-ils être également séparés sous Barack Obama ?

Oui, mais sans comparaison avec la situation actuelle.

Sous M. Obama des enfants ont été séparés des adultes avec lesquels ils sont entrés aux Etats-Unis quand la relation filiale n'a pu être établie, en cas de suspicion de trafic de mineurs ou encore par manque de place dans les centres de rétention pour les familles.

A noter que les poursuites pénales engagées en cas de franchissement illégal de la frontière mexicaine ne sont pas une nouveauté de M. Trump.

Le gouvernement de George W. Bush l'a fait de façon localisée avec l'opération Streamline, lancée en 2005, suivi par M. Obama.

Une décision judiciaire de 1997 théoriquement toujours en vigueur, Flores v. Reno, impose aux autorités de relâcher sans délai inutile les enfants des centres de rétention migratoire, en les confiant à des parents ou en les plaçant dans une famille d'accueil.

En 2016 une cour d'appel de Californie a jugé que cette règle devait s'appliquer également aux mineurs non accompagnés, mais pas aux parents.

Les décisions des tribunaux fédéraux ont poussé le gouvernement Obama à relâcher des centaines de familles demandant l'asile, notamment après un pic d'arrivées à l'été 2014. Beaucoup de ces migrants se sont évanouis dans la nature avant leur comparution devant un juge de l'immigration, une situation vivement dénoncée par l'actuel président républicain.

A noter que Barack Obama a beaucoup plus expulsé que ses prédécesseurs, avec au moins 2,4 millions de personnes raccompagnées à la frontière ou renvoyées dans leur pays.

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