La Suède reconduit son Premier ministre social-démocrate

Auteur:
 
Par Gaël BRANCHEREAU - Stockholm (AFP)
Publié le 18 janvier 2019 - 05:00
Image
Le Premier ministre suédois Stefan Löfven lors d'une conférence de presse après sa reconduction, le 18 janvier 2019 à Stockholm
Crédits
© Jessica GOW / TT News Agency/AFP
Le Premier ministre suédois Stefan Löfven lors d'une conférence de presse après sa reconduction, le 18 janvier 2019 à Stockholm
© Jessica GOW / TT News Agency/AFP

La Suède a mis fin vendredi à quatre mois de psychodrame politique avec la reconduction du Premier ministre social-démocrate Stefan Löfven, parvenu à neutraliser l'extrême droite et à sauver l'un des quelques gouvernements de centre gauche au pouvoir en Europe.

La nouvelle coalition gouvernementale minoritaire, qui sera présentée et installée lundi, comprendra les sociaux-démocrates et les Verts, comme entre 2014 et 2018. Il s'agit d'un des gouvernements les plus faibles qu'ait connu le pays depuis 70 ans, avec seulement 32,7% des suffrages recueillis aux législatives du 9 septembre.

Il sera soutenu au Riksdag, chambre unique du Parlement suédois, par le Centre et les Libéraux - membres de l'opposition lors de la précédente législature - sur la base d'un accord programmatique signé la semaine dernière qui fait la part belle aux réformes libérales.

"Partout dans le monde, l'extrême droit étend son influence", a déclaré Stefan Löfven lors d'une conférence de presse après un vote au Parlement. "La Suède va maintenant se doter d'un gouvernement qui ne sera pas dépendant des Démocrates de Suède", le parti nationaliste anti-immigration qui joue les trublions entre droite et gauche depuis 2010, a-t-il ajouté.

Ensemble, le gouvernement, le Centre et les Libéraux disposent de 167 sièges sur 349, soit huit de moins que la majorité absolue de 175 mandats.

Stefan Löfven a été élu au Parlement par seulement 115 voix pour, tandis que 77 députés se sont abstenus et 153 ont voté contre. En vertu des règles du parlementarisme négatif prévalant en Suède, un gouvernement est élu ou reste en place tant qu'une majorité de députés ne vote pas sa censure.

Après avoir soutenu pendant quatre ans la coalition sortante, le Parti de gauche (ex-communiste, 28 sièges) est exclu de cette nouvelle alliance. C'est pour faire barrage à l'extrême droite qu'il a décidé de s'abstenir.

La priorité, a justifié son chef de file Jonas Sjöstedt vendredi devant les députés, était d'empêcher "la politique de classe brutale" de la droite et "la haine et le racisme" de l'extrême droite.

Stefan Löfven a dû faire d'importantes concessions politiques pour débaucher les deux formations de centre droit, qui ont notamment imposé l'assouplissement du droit du travail, la baisse du taux d'imposition pour les hauts revenus et la libéralisation des loyers des logements neufs.

- Diviser la droite -

Au soir des législatives du 9 septembre, les Démocrates de Suède étaient arrivés en troisième position avec 17,6% des suffrages.

Le patron de cette formation issue de la nébuleuse néonazie a raillé vendredi "la capacité de Stefan Löfven à garder le pouvoir sans mener sa propre politique".

Successivement, M. Löfven et le chef du parti conservateur, arrivé deuxième, Ulf Kristersson, ont été mandatés, en vain, par le président du Parlement pour tenter de former une coalition. Tous deux ont refusé de s'allier avec le parti d'extrême droite, malgré des pressions internes croissantes à droite.

"Pendant longtemps, la politique suédoise a été dominée par une opposition entre les deux blocs. Après la progression des Démocrates de Suède, une opposition de trois blocs est apparue", rendant d'autant plus compliquée la constitution de cabinets, commente Olof Petersson, politologue.

À ce jeu, Stefan Löfven a été le plus malin, selon les analystes. "Löfven est parvenu à atteindre ses objectifs: rester au pouvoir et diviser l'opposition", souligne M. Petersson.

"Le Parti de gauche et les Démocrates de Suède ont arbitré l'élection", a déploré Ulf Kristersson.

L'accord entre le futur gouvernement et le centre droit suscite des "inquiétudes" à gauche, notamment quant à une politique fiscale qui "risque d'accroître les inégalités dans la société suédoise", relève Ulf Bjereld, professeur de science politique à l'université de Göteborg, proche des sociaux-démocrates.

Le Parti de gauche a prévenu que sa position attentiste n'était pas un blanc-seing pour la politique du gouvernement. Il menace de le faire tomber à la première occasion s'il engageait certaines réformes négociées avec ses nouveaux alliés.

Ce danger est très théorique, d'après M. Petersson. "Au moins 35 députés sont nécessaires pour déposer une motion de censure", rappelle-t-il. Or le Parti de gauche "ne contrôle que 28 sièges. Ce serait un suicide politique s'il s'adressait aux Modérés [conservateurs], aux chrétiens-démocrates ou aux Démocrates de Suède pour obtenir les 35 signatures exigées".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.