Syrie : Washington et Ankara vont travailler "ensemble"

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Par AFP - Ankara
Publié le 16 février 2018 - 11:56
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Une photographie fournie par les services de presse de la présidence turque, montrant Recep Tayyip Erdogan (D), au côté du chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, à Ankara, le 15 février 2018
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© KAYHAN OZER / TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE/AFP
Une photographie fournie par les services de presse de la présidence turque, montrant Recep Tayyip Erdogan (D), au côté du chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, à Ankara,
© KAYHAN OZER / TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE/AFP

Les Etats-Unis et la Turquie ont convenu vendredi de travailler "ensemble" en Syrie pour surmonter la grave crise les opposant depuis l'offensive turque contre une milice kurde alliée de Washington, avec "en priorité" la recherche d'une solution pour la ville stratégique de Minbej.

La création d'un "mécanisme", sorte de "groupe de travail" entre les deux pays à couteaux tirés bien qu'ils soient alliés au sein de l'Otan, a été annoncée au terme de la visite du chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson à Ankara. L'Américain a enchaîné deux réunions marathon, jeudi soir avec le président turc Recep Tayyip Erdogan et vendredi matin avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu.

"Nous n'allons plus agir chacun de notre côté" sur le terrain syrien, a promis Rex Tillerson au cours d'une conférence de presse avec son homologue turc, assurant que les deux pays voulaient "aller de l'avant ensemble".

"Nos deux pays partagent les mêmes objectifs en Syrie", à savoir la défaite du groupe jihadiste Etat islamique (EI) et la recherche d'un règlement politique pour y mettre fin aux combats, a-t-il poursuivi.

Le conflit syrien cristallise les différends qui s'accumulaient depuis plusieurs mois entre les deux alliés.

La Turquie a déclenché le 20 janvier une offensive militaire dans l'enclave d'Afrine, dans le nord de la Syrie, visant les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée par Ankara comme "terroriste" mais qui est un allié-clé de Washington dans la lutte contre l'EI.

Surtout, les Turcs menaçaient d'avancer vers Minbej, à une centaine de kilomètres plus à l'est, où sont déployés des militaires américains aux côtés des YPG.

"La question de Minbej sera traitée en priorité par notre groupe de travail", dont la première réunion est prévue pour d'ici à la mi-mars, a dit Rex Tillerson. Le secrétaire d'Etat a réitéré à la fois ses appels à la "retenue" à Afrine et son engagement à prendre en compte les "inquiétudes légitimes" de la Turquie pour sa propre sécurité.

Il a insisté pour que cette "ville stratégique et très importante" reste "sous le contrôle" de la coalition internationale luttant contre les jihadistes afin d'éviter un retour de l'EI.

"J'ai pu constater que M. Tillerson s'est montré réceptif aux inquiétudes turques avec un sérieux comme on n'en a pas vu chez les Américains depuis plusieurs mois", a déclaré à l'AFP Gülnur Aybet, conseillère de politique étrangère du président Erdogan.

"Nous pouvions clairement voir que les Américains voulaient bien faire les choses et qu'ils s'y appliquaient", a-t-elle ajouté.

- 'Beaucoup de travail' -

Si dans la délégation américaine on se disait satisfait du changement de ton des Turcs après des semaines de rhétorique enflammée, Ankara a néanmoins clairement exprimé ses attentes.

M. Cavusoglu a ainsi jugé que le sort de Minbej était un préalable et que des mesures pourraient être prises avec Washington "lorsque les YPG se seront retirées" de cette ville.

Selon des sources proches du dossier, les discussions portent sur un possible déplacement de cette milice kurde plus à l'est, au-delà du fleuve Euphrate, afin que les Turcs puissent se rendre à Minbej aux côtés des Américains.

Mais "il reste beaucoup de travail à faire", a estimé le ministre américain, refusant d'entrer dans les détails, tout en reconnaissant que les Etats-Unis n'avaient pas toujours tenu leurs engagements à l'égard de la Turquie dans le passé.

Dans un communiqué commun, Ankara et Washington se sont engagé aussi à s'"opposer vigoureusement à toute tentative de créer des faits accomplis et des changements démographiques en Syrie", dans une apparente allusion à l'expansion des milices kurdes dans le nord de ce pays frontalier de la Turquie.

Il s'agit là aussi d'un message d'apaisement des Américains, conscients des craintes des Turcs de voir un embryon d'Etat kurde s'enraciner à leurs portes et attiser le séparatisme sur leur propre territoire.

Avant même l'opération turque en Syrie, les désaccords entre Ankara et Washington étaient nombreux, notamment depuis le putsch avorté de 2016 en Turquie, et ne semblent pas avoir été réglés malgré plus de 5H30 de réunions.

Le secrétaire d'Etat américain a redit sa "préoccupation" face à l'état d'urgence et aux détentions qui perdurent en Turquie, notamment celles de ressortissants américains et d'employés locaux des missions diplomatiques des Etats-Unis.

Et il a seulement promis une nouvelle fois d'étudier les "preuves" éventuelles qu'Ankara peut fournir pour obtenir l'extradition du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par les autorités turques comme le cerveau de la tentative de coup d'Etat et installé aux Etats-Unis.

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