L'Autriche propose de trier les migrants sur des embarcations en mer

Auteur:
 
Par Sophie MAKRIS - Vienne (AFP)
Publié le 14 septembre 2018 - 12:46
Mis à jour le 15 septembre 2018 - 00:56
Image
Le ministre autrichien de l'Intérieur, Herbert Kickl (g), et son homologue autrichien Matteo Salvini donnent une conférence de presse conjointe à Vienne, le 14 septembre 2018
Crédits
© HANS PUNZ / APA/AFP
Le ministre autrichien de l'Intérieur, Herbert Kickl (g), et son homologue autrichien Matteo Salvini donnent une conférence de presse conjointe à Vienne, le 14 septembre 2018
© HANS PUNZ / APA/AFP

Le ministre autrichien de l'Intérieur Herbert Kickl a proposé vendredi, à l'occasion d'une réunion européenne sur la politique migratoire à Vienne, d'organiser sur des embarcations en mer le tri entre réfugiés et migrants ne relevant pas du droit d'asile.

Cette proposition, avancée au cours d'une conférence de presse aux côtés de son homologue italien Matteo Salvini vaudrait "pour ceux qui arrivent sur un bateau dans les eaux territoriales d'un pays de l'UE", a expliqué M. Kickl, membre du parti d'extrême droite FPÖ.

Il s'agirait d'"effectuer une procédure de clarification rapide pour identifier les migrants habilités à demander l'asile". Seuls ces derniers seraient conduits sur le territoire de l'UE tandis que les autres seraient renvoyés dans "des ports sûrs" dans des pays tiers.

"C'est une réflexion que nous devrions développer ensemble pour éliminer la problématique des retours", a expliqué M. Kickl car "une fois que les gens ont mis le pied sur le continent, on ne peut les en éloigner qu'au prix de grandes difficultés et à grands frais".

Le système actuel fonctionne "en dépit du bon sens", selon le ministre qui veut "le remettre à l'endroit" avec pour objectif d'arriver au "point où il ne sera plus possible de déposer sa demande d'asile ailleurs qu'en dehors de l'UE et c'est en dehors de l'UE que celle-ci sera décidée".

Matteo Salvini a dit soutenir la proposition de son homologue autrichien. Les deux hommes ont organisé une conférence de presse commune en parallèle à une réunion de ministres de l'Intérieur d'Europe et d'Afrique sur le thème de la coopération en matière de politique migratoire.

Tout comme le patron de l'extrême droite italienne Matteo Salvini, M. Kickl, dont le parti gouverne avec les conservateurs du chancelier Sebastian Kurz, veut accroître la pression sur les autres pays de l'UE en faveur de solutions plus radicales pour endiguer les flux migratoires.

- Scepticisme -

Il a ainsi critiqué à plusieurs reprises, face à la presse, le manque d'optimisme manifesté par le commissaire européen à la Migration, Dimitris Avramopoulos, sur la possibilité de créer des "plateformes de débarquement" en Afrique des migrants secourus en Méditerranée.

"Cette idée a environ deux mois et déjà le Commissaire européen baisse les bras", a déploré M. Kickl, estimant que cela envoyait un "mauvais signal".

Présent à la réunion de Vienne, M. Avramopoulos s'est pour sa part dit "un peu sceptique" sur cette piste lancée en juin par les Etats de l'UE pour éloigner du continent européen les rescapés des traversées clandestines. Aucun pays d'Afrique ne souhaite accueillir ces centres. L'Egypte, la Tunisie et le Maroc ont été sollicités, mais ont refusé.

Des représentants de ces pays, et d'autres pays d'Afrique, participaient vendredi à la réunion de Vienne.

"On pourrait croire que les intérêts des uns et des uns divergent mais les problèmes sont communs" entre l'Europe et l'Afrique sur les questions migratoires, a soutenu le ministre autrichien de l'Intérieur. M. Avramopoulos est allé dans le même sens, plaidant pour plus de coopération UE-Afrique.

Malgré la chute considérable du nombre des arrivées sur les côtes européennes par rapport à l'afflux de 2015, les migrations continuent de provoquer de fortes tensions au sein de l'UE et la question devrait de nouveau être à l'ordre du jour du sommet européen prévu pour les 19 et 20 septembre à Salzbourg, en Autriche, pays qui assure actuellement la présidence tournante de l'UE.

L'antenne autrichienne de l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a quant à elle estimé, dans un communiqué, que la proposition faite vendredi par le ministre autrichien de l'Intérieur n'était qu'"une nouvelle tentative de détourner l'attention du vrai problème, à savoir l'incapacité de l'Europe et de la présidence autrichienne de l'UE de trouver une solution durable à la crise humanitaire dans le centre de la Méditerranée et en Libye".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.