Se posant en rempart contre Trump, Biden brigue la Maison Blanche

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Par Elodie CUZIN - Washington (AFP)
Publié le 25 avril 2019 - 06:01
Mis à jour le 26 avril 2019 - 12:58
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Vétéran de la politique, l'ancien vice-président démocrate Joe Biden s'est posé jeudi en gardien d'une Amérique des valeurs face à Donald Trump en lançant, à 76 ans, sa candidature à la Maison Blanche.

Si le président républicain remporte un second mandat en novembre 2020, "il altérera fondamentalement et pour toujours le caractère de cette nation", a averti l'ex-numéro deux de Barack Obama, dans une vidéo postée en ligne.

"Les valeurs fondamentales de cette nation, notre rang dans le monde, notre démocratie même, tout ce qui a fait l'Amérique est en jeu", a-t-il déclaré.

"Bienvenue dans la course Joe l'endormi", a réagi Donald Trump sur Twitter, reprenant l'un des surnoms dont il l'a affublé.

"J'espère seulement que tu es suffisamment intelligent, ce dont on doute depuis longtemps, pour remporter la campagne de la primaire", a ajouté le locataire de la Maison Blanche.

Le ton est donné.

Dans sa vidéo, Joe Biden revient longuement sur les manifestations néonazies d'août 2017 à Charlottesville, lors desquelles une manifestante antiraciste avait été tuée, et critique vivement Donald Trump, qui avait déclaré à l'époque que "des gens biens" se trouvaient "des deux côtés".

"A ce moment, j'ai su que cette nation était menacée comme jamais" auparavant, a dénoncé Joe Biden.

Grâce notamment à sa grande notoriété et une image de rassembleur modéré, Joe Biden domine déjà depuis des mois les sondages de ce tout début de campagne pour décrocher l'investiture démocrate.

Il est le 20e candidat à briguer la nomination démocrate pour la présidentielle de novembre 2020: un nombre record pour un groupe qui présente aussi une diversité sans précédent.

Pourquoi serait-il le meilleur choix?

"Ce sera aux démocrates d'en décider", a-t-il répondu lors de sa première apparition publique après l'annonce, à Wilmington, dans le Delaware. Un Etat qu'il a représenté pendant trois décennies au Sénat américain.

- Très tactile -

Après deux tentatives malheureuses pour les présidentielles de 1988 et 2008 et alors qu'il avait passé son tour en 2016, trop affecté par le décès de l'un de ses fils, Joe Biden a laissé planer le suspense pendant des mois.

Pendant ce temps, sa large avance s'est quelque peu érodée, avec l'entrée en piste de candidats médiatiques aux nouveaux visages --et bien plus jeunes-- comme le maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg.

Les dernières semaines d'attente ont en outre été assombries par les témoignages de plusieurs femmes qui l'ont accusé de les avoir profondément gênées avec ses gestes poussés d'affection.

S'il a promis, face à la polémique, d'"être plus attentif", il ne s'est pas excusé pour autant.

Avec 29,3% des suffrages, le centriste partage un duo de tête avec le sénateur très à gauche Bernie Sanders (23%), selon le site RealClearPolitics.

Puis suivent la sénatrice Kamala Harris (8,3%), Pete Buttigieg (7,5%), la sénatrice progressiste Elizabeth Warren (6,5%) et l'ex-élu du Texas Beto O'Rourke (6,3%).

Barack Obama, par la voix de sa porte-parole, a déclaré que le choix de Joe Biden comme co-listier en 2008 avait été "l'une de ses meilleures décisions".

Mais l'ex-président démocrate s'est gardé de lui apporter un soutien direct.

"J'ai demandé au président Obama de ne pas m'apporter son soutien", a affirmé Joe Biden.

Les ralliements d'autres membres de l'establishment démocrate n'ont eux pas tardé à pleuvoir.

Marquant le rythme, Joe Biden a réservé sa première interview pour une émission matinale sur la chaîne ABC, vendredi.

- "Vieille garde" -

Joe Biden aime mettre en avant ses origines modestes dans une Pennsylvanie ouvrière -- où il tiendra un premier meeting de campagne lundi, à Pittsburgh.

Ces racines pourraient lui donner un avantage précieux dans les ex-bassins industriels ayant basculé en faveur de Donald Trump en 2016.

Autre grand atout: Joe Biden reste très populaire parmi la base démocrate.

Mais à la gauche du parti, l'organisation "Justice Democrats" s'est rapidement élevée contre ce "soi-disant centriste".

"La veille garde du parti démocrate n'était pas parvenue à arrêter Trump, on ne peut pas compter sur elle pour mener aujourd'hui la lutte" contre le républicain.

Sur ses relations avec les Noirs, les femmes ou la guerre en Irak, M. Biden aura aussi certainement à répondre de plusieurs épisodes controversés émaillant ses 45 ans de carrière politique.

Sa première journée de campagne a d'ailleurs été marquée par l'annonce qu'il avait, après avoir attendu près de trente ans, présenté ses "regrets" à Anita Hill.

L'audition agressive de cette jeune femme, se disant victime de harcèlement sexuel, par la commission sénatoriale présidée alors par Joe Biden, a marqué les esprits aux Etats-Unis.

Selon le New York Times, Anita Hill a refusé ces excuses tardives.

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