Le gouvernement palestinien se réunit à Gaza, une première depuis 2014

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Par AFP
Publié le 03 octobre 2017 - 10:14
Mis à jour le 04 octobre 2017 - 01:45
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Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah (c), à son arrivée à Beit Hanoun, le 2 octobre 2017 d
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© MAHMUD HAMS / AFP
Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah (c), à son arrivée à Beit Hanoun, le 2 octobre 2017 dans la bande de Gaza
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Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a réuni mardi son gouvernement dans la bande de Gaza, une première depuis 2014 censée matérialiser une réconciliation avec le Hamas à laquelle Israël a cependant fixé ses conditions.

Israël n'est disposé à traiter avec un gouvernement parlant au nom de toutes les factions palestiniennes que si le Hamas démantèle son bras armé, rompt avec l'Iran et reconnaît Israël, a prévenu le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Des conditions a priori impossibles à remplir pour le mouvement islamiste, qui a immédiatement opposé une fin de non-recevoir.

La réunion du cabinet gouvernemental à Gaza constitue une nouvelle avancée dans l'effort des Palestiniens pour surmonter une décennie de déchirements dévastateurs.

"Nous sommes (à Gaza) pour tourner la page de la division et restituer au projet national son juste cap qui est la création d'un Etat" palestinien, a déclaré M. Hamdallah devant ses ministres réunis sous les portraits du leader historique Yasser Arafat et de l'actuel président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

La visite de M. Hamdallah doit préparer le terrain à un transfert progressif de responsabilités du Hamas à l'Autorité palestinienne, dont émane le gouvernement.

Le Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis ou l'Union européenne et comme infréquentable par certains pays arabes, a évincé l'Autorité palestinienne de Gaza en 2007 au prix d'une quasi-guerre civile avec le Fatah, son grand rival laïc et modéré qui domine cette entité reconnue internationalement et censée préfigurer un Etat indépendant.

Depuis, l'Autorité n'exerce plus son pouvoir, limité, que sur la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 50 ans.

- 'Consensus national' -

Les dissensions palestiniennes sont considérées comme l'un des principaux obstacles à un règlement du conflit israélo-palestinien et l'une des causes des maux endurés par les deux millions de Gazaouis: guerres, blocus israélien et égyptien, pénuries, chômage...

Un gouvernement palestinien de "consensus national" constitué de technocrates avait siégé à Gaza pour la dernière fois fin 2014, au lendemain d'une nouvelle guerre destructrice entre Israël et le Hamas et ses alliés. Mais l'unité avait volé en éclats en 2015.

Le Hamas a fini par accepter en septembre le retour de l'Autorité sous la pression du grand voisin égyptien, des déconvenues diplomatiques de son allié qatari et d'un sévère tour de vis financier donné par M. Abbas, qui a notamment cessé de payer la facture de l'électricité fournie par Israël à Gaza.

Ces mesures vont être levées, a déclaré lundi M. Abbas. Mais cela sera fait "quand le gouvernement sera en mesure d'assumer ses responsabilités", y compris dans le domaine de la sécurité et du contrôle des points de passage avec l'Egypte et Israël, a-t-il insisté.

L'une des questions primordiales est de savoir si le Hamas, disposant d'une force armée estimée à environ 25.000 hommes, est prêt à céder le contrôle de la sécurité.

"Ce sera un seul Etat, un seul système, une seule loi et une seule arme", a martelé M. Abbas.

“Pour être plus clair, je n'accepterai pas qu'on reproduise ou qu'on clone l'expérience du Hezbollah au Liban", a-t-il dit, en évoquant une situation où un groupe armé exerce une influence majeure sur la politique d'un gouvernement.

- 'N'importe quel prix' -

Ces questions épineuses ont été renvoyées à des entretiens que Fatah et Hamas doivent avoir la semaine prochaine au Caire.

La réconciliation prendra du temps, a prévenu M. Abbas.

Côté israélien, Benjamin Netanyahu a prévenu qu'Israël refuserait une réconciliation "factice" à ses dépens.

"A ceux qui cherchent une telle réconciliation, nous disons très simplement: reconnaissez l'Etat d'Israël, démantelez la branche armée du Hamas, coupez les liens avec l'Iran qui appelle à notre destruction", a-t-il asséné.

Les Palestiniens trouvent des motifs d'espoir dans l'implication forte de l'Egypte, acteur historique à Gaza.

Le général Khaled Fawzi, chef du renseignement égyptien qui a joué un rôle éminent dans le rapprochement palestinien, s'est rendu mardi à Gaza, où il a rencontré ensemble M. Hamdallah et le chef politique du Hamas, Ismaël Haniyeh.

Ce dernier a affirmé mardi que son mouvement était prêt à "payer n'importe quel prix pour le succès de la réconciliation nationale palestinienne".

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a transmis aux Palestiniens un message de soutien dans lequel il dit voir dans leur rapprochement "une chance de faire la paix dans la région".

"Le moment viendra où nous aurons un Etat palestinien indépendant, mais pas bientôt", a toutefois admis Mahmoud Abbas.

La visite du Premier ministre palestinien s'est terminée mardi quelques heures avant le bouclage par l'armée israélienne, prévu à partir de minuit et pendant onze jours, de la Cisjordanie et la bande de Gaza à l'occasion de la fête juive de Souccot.

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