"Le moment est venu d'étendre nos efforts" au centre du Mali (commandant de Barkhane)

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Par Propos recueillis par Daphné BENOIT - N'Djamena (AFP)
Publié le 01 avril 2019 - 18:34
Mis à jour le 02 avril 2019 - 11:22
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Le général Frédéric Blachon, commandant de la force Barkhane, accompagne le Premier ministre français Edouard Philippe sur la base de Gao, au Mali, le 24 février 2019
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© ALAIN JOCARD / AFP/Archives
Le général Frédéric Blachon, commandant de la force Barkhane, accompagne le Premier ministre français Edouard Philippe sur la base de Gao, au Mali, le 24 février 2019
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"Le moment est venu d'étendre nos efforts" vers la vaste région du Gourma, à cheval sur le centre et le nord du Mali, annonce le général Frédéric Blachon, commandant de la force française antijihadiste Barkhane, dans un entretien à l'AFP et RFI depuis son QG à N'Djamena.

Q: Quel bilan dressez-vous des opérations de Barkhane dans la région malienne du Liptako? Quelles sont vos prochaines priorités stratégiques?

R: Une présence de dix-huit mois nous a permis de faire aujourd'hui du Liptako (aux confins du Mali et du Niger, NDLR) une zone où l'on vit mieux. Les populations peuvent enfin reprendre une vie normale. Cela ne veut pas dire que l'adversaire a été totalement éradiqué. Mais il suffit d'aller voir à quoi ressemble un marché à Ménaka, voir les routes, voir le retour de réfugiés, interroger les autorités locales pour se rendre compte à quel point la vie y est plus confortable.

Nous allons continuer à nous investir dans le Liptako car notre présence a des effets vertueux. L'armée française rassure la population, les ONG, les acteurs du développement, les autorités locales. La zone est désormais contrôlable avec un nombre de forces moins important.

Le moment est venu d'étendre notre zone de responsabilité à d'autres zones qui servent de sanctuaires aux groupes armés terroristes. Nous avons choisi de nous étendre dans le Gourma, une zone contigüe, qui, comme le Liptako, est une zone frontière, cette fois avec le Burkina Faso. Ces zones frontalières sont les endroits les plus recherchés par les terroristes pour trouver refuge et mener leurs actions.

Q: Dans quelle mesure la proximité du Gourma avec le nord du Burkina Faso, en proie à de graves violences, a-t-elle compté dans ce choix?

R: Ce n'est pas anodin. Quand vous êtes dans le Gourma, vous êtes à la poignée de l'éventail. Vous êtes en mesure d'apporter un appui au Burkina s'il venait à le souhaiter, comme il l'a fait en octobre. C'est un membre du G5 Sahel (avec la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad), il a une légitimité complète à demander l'appui de la France.

En étant dans le Gourma, non seulement vous traitez un adversaire susceptible de revenir dans le Liptako, mais vous êtes aussi en mesure de traiter un adversaire pouvant sévir aux frontières nord du Burkina.

Q: L'explosion des violences intercommunautaires qui déchirent le Mali ne risque-t-elle pas de remettre en cause la coopération avec certains groupes sur lesquels Barkhane s'appuie pour lutter contre les jihadistes?

R: Les violences intercommunautaires, c'est vraiment la menace, le risque majeur dans ces pays. Il est extrêmement difficile de savoir qui a commencé, cela ouvre un cycle de représailles... C'est la hantise de toute force armée, onusienne ou nationale, venue donner un coup de main à ces pays. On sait à quel point il est compliqué de sortir d'une telle spirale. Il nous appartient d'agir de manière à éviter de rajouter des raisons à d'autres.

Il y a eu des massacres récents, nous sommes de tout coeur avec les populations qui ont subi de telles horreurs, mais je crois qu'il ne faut pas se lancer dans une espèce de surenchère pour savoir qui a le monopole de la souffrance. Ces conflits ne datent pas d'aujourd'hui, ils sont souvent dus à un manque de ressources, et certains s'en servent pour aggraver la situation.

Tout l'art consiste à ne pas tomber dans ce piège. C'est toute l'action que mène une force comme Barkhane en essayant de neutraliser les véritables terroristes et en appuyant tous ceux en charge du développement. Il faut traiter le problème à la racine, pas en soutenant une ethnie ou une communauté particulière.

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