Le pape tente d'éteindre la polémique à son retour d'Amérique latine

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Par AFP - A bord de l'avion papal
Publié le 22 janvier 2018 - 17:09
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Le pape François lors d'une conférence de presse à bord de l'avion papal, le 22 janvier 2018
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© Vincenzo PINTO / AFP
Le pape François a présenté lundi "des excuses" aux victimes d'abus sexuels, après le tollé provoqué au Chili par son soutien à un évêque chilien controversé faute selon lui de "preuve" à son encontre, un mot dont il a reconnu qu'il avait "blessé".
© Vincenzo PINTO / AFP

Le pape François est rentré lundi d'Amérique latine après l'un des voyages les plus éprouvants de son pontificat, contraint de présenter des excuses pour avoir demandé des "preuves" aux victimes d'abus sexuels qui accusent un évêque au Chili.

Le 6ème voyage en Amérique latine de l'Argentin Jorge Bergoglio, premier pape latino-américain de l'Histoire, a été contrasté.

Ferveur exaltée des Péruviens présents en masse pour le saluer dans un pays où la religiosité populaire reste vibrante. Mais aussi accueil plus clairsemé dans le plus opulent Chili, déchiré par des scandales d'abus sexuels commis par des prêtres et en pleine révolution sociétale aux antipodes de l'Eglise.

"Cela a été un voyage, comme on dit en espagnol +pasteurisé+, comme avec le lait que l’on passe du froid au chaud, du chaud au froid", a résumé le pape dans l'avion.

François a dû en effet présenter lundi ses excuses aux victimes d'abus sexuels, après le tollé provoqué au Chili par son soutien à un évêque chilien controversé, faute de "preuve" à son encontre.

"Le jour où vous m'apportez une preuve contre l'évêque Barros, je vous parlerai. Il n'y a pas une seule preuve contre lui. Tout est calomnie. C'est clair?", avait lancé le pape, apostrophé jeudi par des journalistes au Chili.

François a aussi choqué l'opinion publique en donnant une accolade à Mgr Juan Barros, évêque soupçonné d'avoir gardé sous silence les agissements d'un vieux prêtre pédophile défroqué par le Vatican.

"Je dois présenter des excuses parce que le mot +preuve+ a blessé tant de personnes victimes d'abus", a déclaré François dans l'avion qui le ramenait à Rome.

- "Une gifle" -

"Entendre le pape leur dire en face +apportez-moi une lettre avec la preuve+ c’est une gifle et je me rends compte maintenant que mon expression n’a pas été heureuse", a-t-il convenu. "Clairement, je sais qu’il y a beaucoup de personnes victimes d'abus qui ne peuvent apporter de preuve, parce qu'elles ne l'ont pas ou parfois parce qu'elles ont honte, souffrent en silence".

Au Chili, il avait d'abord gagné des points en exprimant sa "honte" pour les actes du clergé et en rencontrant en privé deux victimes pour prier et pleurer avec elles.

Mais le souverain pontife a également précisé que le Vatican avait enquêté très sérieusement sur le cas de Mgr Barros, sans trouver "d'élément à charge". Surtout, il s'est dit "convaincu" de son innocence, au risque de brouiller à nouveau son message aux Chiliens.

Samedi, le cardinal Sean Patrick O'Malley -qui dirige une commission anti-pédophilie au sein du Vatican en voie de renouvellement- avait déjà joué les pompiers, mettant en avant la grande sincérité du pape lorsqu'il prône la tolérance zéro contre la pédophilie.

Il avait fait un premier geste d'apaisement en jugeant "compréhensible" que les propos du pape aient pu provoquer "une grande douleur".

- Prisonnières et indigènes -

L'étape du pape au Chili a aussi été marqué par des incendies d'églises fomentés par une minorité revendicative des indigènes Mapuche, dont il a pourtant défendu les droits. Enfin, il a une nouvelle fois provoqué la déception et la colère de ses compatriotes en évitant une nouvelle fois l'Argentine qu'il a pourtant survolée.

Au delà de ces polémiques, son passage au Chili a également été marqué par des temps forts comme sa visite dans une prison de femmes, avec nombre d'enfants, à Santiago. "J'ai été très ému durant cette rencontre, une des choses les plus belles du voyage", a confié le pape, qui avait les yeux embués en écoutant les récits déchirants des détenues.

Autre temps fort, l'atterrissage en pleine forêt amazonienne, dans le sud-est du Pérou, une première pour ce pape très préoccupé par les questions climatiques et le sort des peuples indigènes vivant dans la précarité. "C'est évident que cet événement a été un signe au monde", a-t-il ainsi jugé.

Au Pérou, pays jeune, il a retenu "la chaleur des gens", "un peuple qui sort pour exprimer sa joie et sa foi", comme en atteste une messe dimanche qui a attiré 1,3 million de personnes sous un soleil de plomb.

Mais le pape s'est également déclaré "content" de son voyage au Chili. "Je n’attendais pas tant de gens dans la rue", a-t-il souligné, en jugeant la réalité du voyage injustement déformée.

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