Mario Abdo Benitez élu président du Paraguay, qui reste à droite

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Par Nina NEGRON - Asuncion (AFP)
Publié le 22 avril 2018 - 06:00
Mis à jour le 23 avril 2018 - 10:54
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Le candidat de droite Mario Abdo Benitez a remporté l'élection présidentielle au Paraguay, poursuivant l'hégémonie de son parti Colorado, qui gouverne le pays sud-américain presque sans interruption depuis 1947, selon les résultats officiels.

"Le président de la République est Mario Abdo Benitez", a déclaré le président du tribunal électoral, Jaime Bestard, avec 46,49% des voix contre 42,72% pour son rival Efrain Alegre, candidat d'une coalition de centre gauche, des résultats qui portent sur 96% des bulletins et sont "irréversibles".

Sa victoire dans ce scrutin à un tour, où la participation a atteint 65%, est toutefois bien plus serrée que ce qu'anticipaient les sondages, qui lui donnaient jusqu'à 20 points d'avance.

De son côté, Efrain Alegre a annoncé que son équipe vérifieraient les procès-verbaux de l'élection. "Nous acceptons le fait qu'il s'agit de résultats préliminaires qui donnent trois points d'avance à Mario Abdo", a-t-il déclaré à la presse devant sa maison à Asuncion.

"Nous croyons que le changement au Paraguay est irréversible, (et qu'il arrivera) plus tôt que prévu", a-t-il ajouté.

Les résultats ont été accueillis par des feux d'artifice au siège du parti Colorado dans la capitale, où des milliers de sympathisants étaient réunis en musique.

Venu les rejoindre avec sa mère, sa femme et ses enfants, le président élu de 46 ans, qui prendra ses fonctions le 15 août, a assuré que le pays avait "montré l'exemple": "Dans le monde, la nouvelle retentit qu'au Paraguay, la démocratie s'est renforcée et a fait un pas en avant pour un Paraguay uni et réconcilié", a-t-il déclaré lors de son premier discours.

"Je m'engage à être un facteur d'unité du Paraguay", a-t-il lancé, n'hésitant pas à rappeler son héritage familial encombrant: "Je ne peux manquer de mentionner mon père, qui a été un grand représentant du parti Colorado".

Son père, c'était Mario Abdo, secrétaire personnel d'Alfredo Stroessner, qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1954 à 1989. Et si son fils, surnommé "Marito", souligne qu'il avait 16 ans à la chute du dictateur, il a pourtant assisté à ses funérailles en 2006 au Brésil, où il s'était exilé.

"J'ai gagné mes références démocratiques au cours de ma carrière politique", s'est-il justifié dimanche au moment de voter.

- Nouvelle génération -

Son élection confirme à quel point la population a tourné la page de la dictature, dans un pays où 43% de l'électorat a entre 18 et 34 ans.

"Il y a une génération, de plus en plus influente, qui ne se souvient pas vraiment du régime non-démocratique. C'est une première dans l'histoire du Paraguay", souligne Oliver Stuenkel, professeur de relations internationales à la Fondation Getulio Vargas de Sao Paulo, dans un article publié par Americas Quaterly.

Les 4,2 millions d'électeurs devaient choisir le successeur du président sortant Horacio Cartes mais aussi renouveler leur Parlement et élire les gouverneurs des 17 départements du pays.

Enclavé entre la Bolivie, l'Argentine et le Brésil, le Paraguay affiche un dynamisme économique unique en Amérique latine avec une croissance d'environ 4% par an depuis dix ans grâce aux exportations de soja, de viande et d'électricité.

Mais le pays reste l'un des plus démunis de la région, avec 26% de la population dans la pauvreté selon les chiffres officiels, et souffre de la corruption et du trafic de drogue.

Le scrutin a été organisé dans un climat de mécontentement général envers le président sortant, comme en a témoigné Alex Giménez, étudiant de 18 ans votant pour la première fois: "La majorité des gens ont de la rancoeur envers Cartes", a-t-il confié.

Horacio Cartes, un patron millionnaire de l'industrie du tabac, a reconnu dimanche que "tout reste à faire" au Paraguay: "Nous avons des dettes sociales, ce n'est pas concevable qu'avec toute la richesse que nous avons et en étant 7 millions d'habitants, nous ayons ce niveau de pauvreté".

Diplômé en marketing aux États-Unis, "Marito" promet de réformer le système judiciaire pour le rendre plus vertueux et maintenir la même politique économique que son prédécesseur.

Face à lui, l'avocat Efrain Alegre, 55 ans, affichait des ambitions plus sociales, proposant la santé gratuite pour les plus démunis et un allègement drastique de la facture d'électricité pour stimuler investissements et emplois.

Les deux hommes étaient opposés à la légalisation de l'avortement et au mariage pour tous, dans ce pays très catholique.

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