Le Portugal et l'Angola sur la voie de la normalisation

Auteur:
 
Par Thomas CABRAL, avec Daniel GARELO PENSADOR à Luanda - Lisbonne (AFP)
Publié le 16 septembre 2018 - 08:45
Image
Le Premier ministre portugais António Costa, à Ottawa, le 3 mai 2018
Crédits
© Lars Hagberg / AFP/Archives
Le Premier ministre portugais António Costa, à Ottawa, le 3 mai 2018
© Lars Hagberg / AFP/Archives

Après plusieurs années de crispation, les rapports entre le Portugal et son ancienne colonie l'Angola sont sur la voie de la normalisation, marquée par la reprise des visites de haut niveau entre ces deux pays très liés au plan économique.

Le Premier ministre portugais Antonio Costa se rend lundi et mardi à Luanda, puis le président angolais Joao Lourenço doit visiter Lisbonne les 23 et 24 novembre prochains.

"L'Angola et le Portugal sortent actuellement d'une phase difficile. L'important c'est que les deux parties soient capables d'identifier les obstacles et les éléments perturbateurs afin de les surmonter", notait la semaine dernière le ministre angolais des Affaires étrangères Manuel Augusto.

"Les rapports étaient bons sur le plan économique, mais il y avait un facteur d'énervement lié à une question judiciaire. Une fois dépassée cette question, plus rien n'entrave nos relations", a souligné le chef du gouvernement portugais, le premier à visiter l'Angola en sept ans, dans un entretien au journal portugais Diario de Noticias paru dimanche.

Ce point de friction a été éliminé en mai dernier, lorsque la justice portugaise a décidé de transférer à Luanda un procès pour corruption contre l'ancien vice-président angolais Manuel Vicente.

Les poursuites judiciaires avaient fâché l'ancien président José Eduardo dos Santos, qui a régné d'une main de fer sur l'Angola de 1979 à 2017, et jeté un froid dans les relations bilatérales.

Son successeur avait lui aussi exigé que la procédure soit confiée à l'Angola "pour que les relations entre l'Angola et le Portugal reviennent au niveau d'un passé récent".

- "Normalité perdue" -

L'ancienne colonie est un partenaire clé pour le Portugal, il s'agit du troisième destinataire de ses investissements et le huitième débouché de ses exportations.

Et pendant que le Portugal, malmené par la crise financière mondiale, évitait la banqueroute avec un plan de sauvetage de l'Union européenne, l'Angola s'y est hissée au dixième rang des investisseurs étrangers, portant sa part de 0,1% en 2008 à 1,5% en 2017.

La visite d'Antonio Costa "marque un pas très important vers une normalisation du partenariat entre ces deux pays", considère l'analyste Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House.

"Le malaise entre les deux pays semble dépassé, mais il a laissé des dégâts", écrivait toutefois le week-end dernier le directeur du quotidien d'État Jornal de Angola, Victor Silva, dans un éditorial.

"C'est un des premiers pas vers le rétablissement d'une normalité perdue, mais la visite d'Antonio Costa ne règlera pas tous les problèmes", abonde Celso Filipe, directeur adjoint du quotidien économique portugais Jornal de Negocios.

Selon Alex Vines, la détérioration des rapports avec Luanda provoquait "beaucoup d'anxiété" dans la diplomatie portugaise, car elle a coïncidé avec l'ambition du nouveau pouvoir angolais d'élargir ses horizons.

Lors d'une récente tournée européenne, le président Joao Lourenço a notamment fait part de la volonté de son pays d'intégrer à la fois la Francophonie et le Commonwealth britannique.

- Isabel dos Santos écartée -

"L'ouverture de l'Angola au reste du monde n'est pas la conséquence d'un quelconque énervement vis-à-vis du Portugal", s'est défendu son ministre des Affaires étrangères.

L'actuel président angolais a promis de lutter contre la corruption et de remettre sur pied l'économie du deuxième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne, qui ne s'est toujours pas remis de la dégringolade des cours de l'or noir en 2014.

M. Lourenço a ainsi évincé des institutions et des entreprises publiques les proches de M. dos Santos, dont sa fille Isabel, figure de proue des investissements angolais au Portugal.

Sa mise à l'écart de la direction de la compagnie pétrolière nationale Sonangol a notamment laissé planer le doute sur un éventuel désengagement de cette entreprise du groupe énergétique portugais Galp ou de BCP, la première banque privée portugaise.

"Avec Joao Lourenço à la présidence, il faut espérer que ces relations leur permettront de collaborer en vue du rapatriement des fonds volés en Angola et parqués au Portugal, aussi bien par des Angolais que par des Portugais", a déclaré à l'AFP le journaliste d'investigation et d'opposition angolais Rafael Marques de Morais.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Castex
Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie
PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa ...
13 avril 2024 - 15:36
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.