Visite historique du Premier ministre grec en Macédoine du Nord

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Par AFP - Skopje
Publié le 02 avril 2019 - 06:00
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Le Premier ministre grec Alexis Tsipras (d) et son homologue nord-macédonien Zoran Zaev après la signature de l'accord de Prespa, le 17 juin 2018 en Grèce
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© Sakis MITROLIDIS / AFP/Archives
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras (d) et son homologue nord-macédonien Zoran Zaev après la signature de l'accord de Prespa, le 17 juin 2018 en Grèce
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Accolade chaleureuse et selfie tout sourire pour la première visite d'un chef du gouvernement grec en Macédoine du Nord depuis près de trois décennies: Athènes et Skopje ont affiché mardi leur détermination à tourner la page des crispations.

Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, et son homologue nord-macédonien Zoran Zaev, qui se sont rencontrés à Skopje, ont tous les deux célébré un moment "historique" pour leurs pays et leurs peuples.

Pour y parvenir, l'ancienne république yougoslave de Macédoine a dû changer son nom, en y ajoutant la mention géographique "du Nord". La concession a fait sauter les verrous du veto grec à son adhésion à l'Otan et au rapprochement avec l'Union européenne.

Car depuis la proclamation par la Macédoine de son indépendance de la Yougoslavie, en 1991, Athènes revendiquait l'usage exclusif du nom Macédoine pour sa province située dans le nord de son territoire. Pour les Grecs, le terme Macédoine appartient à leur patrimoine historique.

"Aujourd'hui, notre République reçoit pour la première fois de son histoire en visite officielle un Premier ministre grec", s'est félicité en conférence de presse Zoran Zaev.

Son homologue grec a de son côté assuré qu'ils étaient en train de "regagner du terrain perdu, afin de bâtir une amitié profonde, non seulement entre (les) gouvernements, mais surtout entre (leurs) peuples".

Entamée en juin 2018 par l'accord de Prespa (ou de Prespes), la délicate bataille politique que les deux jeunes dirigeants ont menée, chacun dans son pays, s'est achevée début février quand Skopje a notifié à l'ONU le changement de nom du pays.

Peu avant, l'accord de Prespa a été approuvé par les parlements macédonien et grec.

La querelle identitaire officiellement derrière eux, les deux hommes politiques s'engagent désormais à donner de l'élan aux relations économiques, convaincus que des résultats vont dissuader les opposants à leur accord.

Tsipras a ainsi été accompagné de dix ministres et de dizaines d'hommes d'affaires des secteurs de l'agroalimentaire, de l'énergie et des infrastructures. Un forum économique a été organisé en marge de sa visite.

"Quand nous réussirons à augmenter des transactions financières, à créer des emplois en Macédoine du Nord et en Grèce, à augmenter les flux touristiques (...), alors tout le monde commencera à se rendre compte (...) des dégâts qui avaient été faits au cours des dernières années", a assuré Alexis Tsipras.

- "Immenses bénéfices économiques"-

Zoran Zaev a affirmé lundi, dans un entretien avec l'AFP, que son pays allait récolter "d'immenses bénéfices économiques" de l'accord avec son grand voisin et qu'ils devraient être "perçus dans chaque secteur de l'économie".

Des entreprises grecques ont déjà promis d'investir plus de "500 millions d'euros" dans l'énergie, notamment dans des centrales au gaz et l'énergie solaire, a-t-il affirmé.

Après leur accord en 2018, les deux Premiers ministres avaient été félicités à travers le monde pour avoir entrepris une manoeuvre politique à risque, en dépit de l'opposition de leurs camps nationalistes respectifs.

Leurs noms ont été proposés en décembre pour le prix Nobel de la paix par la co-lauréate tunisienne de 2015, Wided Bouchamaoui.

Toutefois, le mécontentement reste palpable dans les deux pays.

En Macédoine du Nord, une partie de l'opinion publique estime que les concessions faites à Athènes sont trop importantes et qu'une adhésion à l'Union européenne reste trop floue.

Le président Gjorge Ivanov, proche de l'opposition de droite, refuse symboliquement de parapher les lois adoptées au parlement depuis que le pays a changé de nom.

Et M. Tsipras a concédé, dans une interview lundi à l'agence officielle macédonienne MIA, qu'une "importante partie du peuple grec" était toujours "sérieusement préoccupée" par l'accord.

"C'est notre responsabilité, la mienne et celle de Zoran, de prouver que nos nations ne peuvent que bénéficier de la voie que nous avons ouverte", a-t-il dit, en déplorant une "montée des forces nationalistes".

burs-ssm-rus/tmo

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