Le très discret Mattis en vedette, malgré lui, dans le livre de Woodward

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Par Thomas WATKINS et Sylvie LANTEAUME - Washington (AFP)
Publié le 11 septembre 2018 - 08:45
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Le ministre américain de la Défense Jim Mattis, le 9 novembre 2017 à Bruxelles
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© JOHN THYS / AFP/Archives
Le ministre américain de la Défense Jim Mattis, le 9 novembre 2017 à Bruxelles
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Le ministre américain de la Défense Jim Mattis se retrouve bien malgré lui sous le feu des projecteurs: le nouveau livre de Bob Woodward, qui sort mardi en librairie, lui attribue des propos extrêmement critiques à l'égard de Donald Trump, ce qui le met dans une position difficile.

Dans ce livre intitulé "Fear: Trump in the White House", le journaliste d'investigation - célèbre dans le monde entier pour avoir révélé, avec Carl Bernstein, le scandale du Watergate qui a contraint Richard Nixon à la démission - cite M. Mattis estimant que le président américain a le niveau de compréhension d'un enfant de 10 ou 11 ans, selon des extraits publiés la semaine dernière par le Washington Post.

M. Mattis a immédiatement démenti: "Les mots méprisants à l'égard du président qui m'ont été attribués dans le livre de Woodward n'ont jamais été prononcés ni par moi ni en ma présence", a-t-il assuré dans un communiqué.

Tout en reconnaissant que l'élaboration d'une politique est un processus "intrinsèquement chaotique", M. Mattis a qualifié l'enquête de Bob Woodward de "fiction", estimant que le recours aux sources anonymes en affaiblissait la crédibilité.

M. Trump a paru satisfait du communiqué de son ministre de la Défense, le retweetant intégralement et le citant à plusieurs reprises par la suite.

Mais ce n'est pas la première fois que des propos très critiques à l'encontre de Donald Trump sont attribués à un haut responsable de son administration. L'ex-chef de la diplomatie Rex Tillerson l'avait traité de "débile", selon des médias américains. Quelques mois plus tard, il était limogé.

Bob Woodward maintient ses affirmations, et a accusé sur la chaine NBC lundi M. Mattis de "ne pas dire la vérité" pour garder son poste.

- Nouveaux démentis -

M. Mattis "n'a pas fait ces commentaires. Il ne va donc pas assumer ces propos", a répondu un porte-parole du Pentagone, le colonel Rob Manning, au cours d'un point de presse. "L'idée même qu'il puisse exprimer du mépris à l'égard du commandant en chef élu est absolument grotesque".

Soucieux du devoir de réserve des militaires, M. Mattis --général des Marines à la retraite-- déteste parler devant les caméras. Il n'a donné que quatre conférences de presse télévisées et refuse les interviews mais il parle volontiers aux journalistes basés au Pentagone.

Il élude alors toute discussion sur les questions politiques ou ses relations avec M. Trump et n'hésite pas à tancer les journalistes qui mentionnent les divergences apparues au fil des mois avec le président américain, comme sur l'accord nucléaire avec l'Iran, que M. Trump a dénoncé en mai alors que le chef du Pentagone voulait le préserver, ou la création de la Force de l'espace à laquelle il s'opposait mais que M. Trump a exigée.

Selon Bob Woodward, M. Trump aurait demandé au cours d'une réunion de l'équipe de sécurité nationale de la Maison Blanche pourquoi les Etats-Unis maintenaient une présence militaire sur la péninsule coréenne.

"Pour éviter la Troisième guerre mondiale", lui aurait répondu M. Mattis. Exaspéré, il aurait ensuite dit à des proches que le président se comportait comme un "élève de CM2 ou de 6e".

Toujours selon M. Woodward, après l'attaque chimique d'avril 2017 attribuée au régime de Bachar al-Assad, M. Trump aurait appelé M. Mattis et lui aurait dit qu'il souhaitait assassiner le président syrien.

"Tuons-le bordel! Allons-y! On leur rentre dedans et on les bute", aurait-il déclaré. Après avoir raccroché, M. Mattis se serait tourné vers un conseiller et aurait dit: "Nous n'allons rien faire de tout cela. Nous allons être beaucoup plus mesurés".

Jusqu'ici, M. Mattis a réussi à garder une image de solidité à la tête du Pentagone et c'est souvent à lui que s'adressent les alliés quand le président menace des accords internationaux ou des alliances militaires.

Mais ces derniers mois, avec l'arrivée à la tête de la diplomatie de l'ancien patron de la CIA Mike Pompeo et la nomination du "faucon" John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, le chef du Pentagone est apparu relégué au second plan.

L'impact du livre de Bob Woodward sur son destin reste à voir.

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