Les manifestations s'achèvent sous tension au Togo

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 05 octobre 2017 - 23:11
Mis à jour le 06 octobre 2017 - 02:05
Image
France-Soir
Crédits
©DR
Municipale 2014
©DR

Des milliers de Togolais ont manifesté jeudi à Lomé et en province dans un climat tendu, au deuxième jour de marches pour réclamer des réformes et protester contre le régime de Faure Gnassingbé, qui fait face à une importante contestation populaire depuis plus d'un mois.

A Sokodé, dans le nord du pays, des échauffourées ont fait des blessés alors que les forces de sécurité tentaient de disperser la manifestation.

"La gendarmerie est intervenue en lançant des gaz lacrymogènes pour libérer la route nationale 1 qui était bloquée", a déclaré à l'AFP Aimé Adi, directeur de l'ONG Amnesty international au Togo, qui recensait "une dizaine de blessés" à la fin de la journée.

Cinq civils ont été blessés "par des tirs de petites balles" de plomb, et un militaire a eu la main "sérieusement entamée" à la suite d'une mauvaise manipulation d'une grenade lacrymogène.

Dans cette région, autrefois réputée acquise au pouvoir qui a basculé dans la contestation, d'autres marches ont également rassemblé des milliers de personnes comme à Bafilo et Dapaong, selon des témoignages d'habitants recueillis par l'AFP.

Aucune manifestation n'a revanche eu lieu à Mango, dans l'extrême nord, où un enfant avait été tué lors d'une précédente manifestation le 20 septembre, et où l'opposition avait ensuite dénoncé des "expéditions punitives" de l'armée togolaise terrorisant la population.

L'ambiance était globalement plus tendue dans le pays qu'au cours des rassemblements de la veille qui s'étaient déroulés sans incident. Des barricades ont été dressées dans Lomé où la circulation a été bloquée dans plusieurs quartiers se trouvant sur le passage des défilés.

Gendarmes et militaires étaient déployés en nombre pour encadrer les manifestants et quadriller les principaux carrefours de la capitale.

"Les manifestants ont barré la route depuis Gakpoto jusqu'au collège Saint-Joseph avec des barricades (...) qui empêchent les gens de circuler", a précisé le responsable d'Amnesty.

Dans le quartier Atikoumé à Lomé, des jeunes en colère ont également érigé des barricades tout en continuant leur marche vers la plage, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le mouvement était cependant totalement fini dans la capitale dans la soirée après un très lourd déploiement des forces de l'ordre. Aucun blessé n'a été recensé.

Depuis fin août, c'est la septième grande journée de manifestation organisée par l'opposition pour obtenir des réformes constitutionnelles et le départ du président Gnassingbé.

- 'Soif du pouvoir' -

"Je ne suis pas fatigué et je ne serai jamais fatigué tant que la lutte n'est pas terminée. Même s'il faut marcher tous les jours, je serai dans la rue", a affirmé à l'AFP un jeune conducteur de moto-taxi de Lomé, Elie Zikla.

Sur une pancarte brandie par une jeune femme, on pouvait lire: "Faure! Combien de Togolais te reste-t-il à tuer pour étancher ta soif du pouvoir".

Au total, au moins quatre personnes ont été tuées et des dizaines blessées en moins d'un mois dans les affrontements entre forces de l'ordre et manifestants.

Les leaders de 14 partis politiques à l'origine de cette mobilisation populaire ont baptisé cette journée "Marche de la colère", sans toutefois préciser si d'autres marches ou actions étaient programmées à l'avenir.

"Le régime parie sur un essouflement du mouvement, mais il se trompe. Je compte sur vous, ne nous decourageons pas", a déclaré jeudi Jean-Pierre Fabre, le président du principal parti d'opposition, l'Alliance nationale pour le changement (ANC).

"Nous exigeons le retour à la Constitution de 1992 avec les conséquences qui en découlent", avait-il déclaré mercredi à l'AFP.

Ce texte, qui prévoit un maximum de deux mandats présidentiels, est l'une des principales revendications de l'opposition depuis plus de 10 ans.

Le chef de l'Etat, qui effectue son troisième mandat, a succédé avec le soutien de l'armée à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, décédé en 2005 après avoir dirigé le pays d'une main de fer durant 38 ans.

Faure Gnassingbé a été réélu à deux reprises, en 2010 et en 2015, lors de scrutins très contestés par l'opposition.

Début septembre, le gouvernement avait tenté un geste d'apaisement en soumettant au vote du Parlement un projet de réforme constitutionnelle reprenant notamment le principe de la limitation à deux mandats présidentiels.

Mais l'opposition a boycotté le vote du texte, le projet de loi n'étant pas rétroactif, ce qui permettrait au président de briguer deux nouveaux mandats à partir de 2020.

La modification de la Constitution - basée sur le projet de loi du gouvernement - fera donc l'objet d'un référendum "d'ici à la fin de l'année", selon une source proche de la présidence.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.