Les Québécois tournent le dos aux deux grands partis historiques

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Par Jacques LEMIEUX - Montréal (AFP)
Publié le 02 octobre 2018 - 21:30
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François Legault, nouveau Premier ministre du Québec, photographié ici lors d'une conférence à Montréal, le 28 septembre 2018, avant sa victoire aux élections législatives québécoises.
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© MARTIN OUELLET-DIOTTE / AFP
François Legault, nouveau Premier ministre du Québec, photographié ici lors d'une conférence à Montréal, le 28 septembre 2018, avant sa victoire aux élections législatives québécoi
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Les Québécois ont déclenché un mini-séisme politique lundi soir en élisant un gouvernement de centre-droit, la Coalition Avenir Québec (CAQ), après un demi-siècle d'alternance ininterrompue entre indépendantistes et fédéralistes canadiens.

Faisant mentir tous les sondages, la CAQ de François Legault, un ancien indépendantiste converti au fédéralisme canadien, a remporté une très large victoire aux législatives québécoises, après 15 ans de règne quasi continu du Parti libéral (PLQ) de Philippe Couillard.

Prônant une plus grande autonomie pour le Québec, la CAQ, une formation nationaliste fondée en 2011, a raflé 74 des 125 sièges à l'Assemblée nationale de Québec avec un peu plus de 37% des voix.

Le PLQ, comme le Parti Québécois (PQ), les deux formations qui ont animé depuis un demi-siècle le débat constitutionnel sur l'unité canadienne, ont subi des défaites cinglantes, avec le plus faible pourcentage de voix de leur histoire.

Au pouvoir depuis 2003, sauf pour un bref intermède de septembre 2012 à avril 2014, le Parti libéral a pratiquement été rayé de la carte hors de Montréal. Des 68 sièges au moment de la dissolution de la chambre, il n'en conserve que 32, presque tous situés dans l'Ouest de l'île de Montréal, bastion de la minorité anglophone et soutien quasi indéfectible de ce parti.

Pour le Parti québécois, qui avait mis en veilleuse l'idée d'organiser un nouveau référendum sur la souveraineté du Québec, la défaite est encore plus cuisante. De première opposition à la dissolution de la Chambre, le PQ finit quatrième en nombre de sièges.

Le PQ disparaît de la carte électorale de Montréal, où il s'était implanté à partir de 1970, doublé sur sa gauche par une petite formation radicale, Québec Solidaire (QS), qui a doublé ses voix et plus que triplé son nombre de sièges par rapport à 2014.

- "On a marqué l'histoire" -

"Aujourd'hui on a marqué l'histoire, aujourd'hui il y a beaucoup de Québécois qui ont mis de côté un débat qui nous a divisés pendant 50 ans", soit la question de l'appartenance ou non du Québec au Canada, a lancé, triomphal, François Legault, nouveau Premier ministre de la province, lors d'un discours à Québec.

Le Québec a voté à deux reprises, lors de référendums en 1980 et 1995, contre sa séparation du reste du Canada, la dernière fois avec une très courte majorité.

Conservateur sur le plan fiscal, partisan d'une réduction des impôts ainsi que de la taille de l'Etat via des suppressions de postes, M. Legault a néanmoins promis de réinvestir dans le système public d'éducation et de décentraliser la fonction publique vers les régions.

Il a aussi défendu la nécessité de réduire "temporairement" de plus de 20% le nombre d'immigrants et de réfugiés que le Québec accueille chaque année, actuellement d'environ 50.000, le temps, a-t-il dit, de mieux "intégrer" les nouveaux arrivants.

Depuis l'arrivée au pouvoir à la Maison Blanche de Donald Trump, le Québec a accueilli la plupart des 35.000 migrants ayant fui les Etats-Unis en franchissant illégalement la frontière avec le Canada. Le nouveau Premier ministre du Québec a promis de présenter la facture à Ottawa.

"M. Couillard n'était pas gêné d'exprimer son amour pour le Canada, M. Legault est un nationaliste, et affirme qu'il va réclamer plus de pouvoir d'Ottawa", estimait mardi le Globe and Mail, le quotidien de référence au Canada.

A un an des législatives canadiennes, l'élection de M. Legault marque un nouveau coup dur pour les libéraux, la famille politique du Premier ministre fédéral Justin Trudeau, après la perte en juin de l'Ontario, province la plus riche et la plus peuplée du pays, au profit des conservateurs.

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