Les Suisses votent dimanche pour ou contre la redevance audiovisuelle

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Par Agnès PEDRERO - Genève (AFP)
Publié le 01 mars 2018 - 13:16
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La radio télévision nationale suisse, ici le siège de sa chaîne en français à Genève le 23 avril 2017, la RTS, pourrait disparaître si les Suisses votent pour la disparition de la redvance
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© Fabrice COFFRINI / AFP/Archives
La radio télévision nationale suisse, ici le siège de sa chaîne en français à Genève le 23 avril 2017, la RTS, pourrait disparaître si les Suisses votent pour la disparition de la
© Fabrice COFFRINI / AFP/Archives

Les Suisses se prononcent dimanche par référendum sur la suppression de la redevance audiovisuelle, un vote qui pourrait entrainer la disparition de la seule radio-TV nationale, la SSR, qui diffuse en quatre langues.

La majorité des Suisses ont déjà voté par correspondance sur cette initiative populaire - un droit donné aux citoyens de faire une proposition de modification de loi - qui a été lancée par le mouvement de jeunesse du parti Libéral Radical.

Les électeurs doivent par ailleurs se prononcer dimanche sur le maintien de la TVA et de l'impôt fédéral direct.

Actuellement, la redevance audiovisuelle en Suisse - qui compte 8,4 millions d'habitants - est l'une des plus chères d'Europe et s'élève à 451 francs suisses (392 euros). Dans certains pays européens, comme en Espagne, elle n'existe pas, alors que dans d'autres, comme aux Pays-Bas, elle a été abolie, ou est sur le point de disparaître complètement, comme en Belgique.

Le vote sur la redevance est suivi de près à Berne car la SSR, diffusée dans les 4 langues officielles (allemand, français, italien et romanche), est financée à 75% par la redevance. 21 radios et 13 télévisions régionales remplissant un mandat de service public en bénéficient aussi.

Au total, 13.500 emplois directs et indirects sont menacés, selon les autorités fédérales.

La SSR, où travaillent environ 6.000 personnes, "devra rapidement cesser son activité en cas de +oui+ à l'initiative", a indiqué à l'AFP son porte-parole, Daniel Steiner.

"Sans redevance, il serait impossible dans un petit pays quadrilingue comme la Suisse d'avoir une offre audiovisuelle remplissant, ne serait-ce que partiellement, le même mandat de service public qu'aujourd'hui", indique-t-il.

- Millenials -

Les abolitionnistes de la redevance font eux valoir que l'argent que le citoyen économisera permettra de libérer un "énorme pouvoir d'achat" qui sera réinvesti dans l'économie.

Cette perspective a séduit le premier parti de Suisse, l'UDC (Union démocratique du Centre, droite populiste), le seul toutefois à avoir apporté son soutien à l'initiative.

A l'origine du comité antiredevance, des Millenials, cette génération de jeunes qui ont grandi avec internet et délaissent la télévision traditionnelle au profit des plateformes de vidéo en ligne sur abonnement.

La redevance "n'a plus rien à voir avec notre génération, elle est trop chère et correspond à un système étatique que nous n'avons pas envie de soutenir", explique à l'AFP Nicolas Jutzet, membre du comité à l'origine de l'initiative.

Il faut "payer pour ce que l'on consomme", grâce aux abonnements, explique ce jeune homme de 23 ans, étudiant en économie à l'université de St-Gall.

Outre la suppression de la redevance, l'initiative demande aussi que l'Etat ne subventionne aucune chaîne de radio ou de télévision et qu'il n'exploite pas de chaîne publique en temps de paix.

"Le système idéal, c'est l'abonnement. On choisit tellement d'autres choses: nos vêtements, notre nourriture, notre formation... pourquoi est-ce qu'il faudrait que cela soit différent pour les médias?", fait valoir Louise Morand, étudiante en droit de 20 ans à Genève et membre du comité.

- 365 francs -

Les partisans de la redevance bénéficient du soutien des autorités fédérales à Berne, qui ont assuré que "beaucoup d'émissions, en particulier sur des thèmes politiques et sociétaux importants, disparaîtraient" sans redevance car "la publicité et le sponsoring ne suffisent pas en Suisse pour financer dans tout le pays des programmes diversifiés de bonne qualité".

Toutefois, d'après les sondages, le non à la suppression de la redevance devrait l'emporter, mais les milieux intéressés n'ont pas pris la menace à la légère.

Politiques, sportifs, cinéastes... nombreux sont ceux qui ont pris la parole pour défendre la redevance, même le patron de la première banque suisse UBS. La mobilisation a pris un caractère "exceptionnel" pour la Suisse, où l'abstention est très souvent le vainqueur des élections, a expliqué à l'AFP le politologue Pascal Sciarini, de l'université de Genève.

Une chose est sûre: Berne a décidé que si les Suisses maintiennent la redevance dimanche dans les urnes, son prix sera abaissé à 365 francs dès 2019. Elle devra en revanche désormais être payée par tous, même ceux qui n'ont pas de TV ou de radio.

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