L'ETA disparaît, l'Espagne rend hommage à ses victimes

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Par Adrien VICENTE, Adrien VICENTE avec Colette LARRABURU à Cambo-les-bains - Madrid (AFP)
Publié le 04 mai 2018 - 17:13
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L'avocat sud-africain Brian Currin, le maire de Bayonne Jean-René Etchegaray et le Nord-Irlandais Gerry Adams réunis pour acter la dissolution de l'ETA le 4 mai 2018 à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlant
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© IROZ GAIZKA / AFP
L'avocat sud-africain Brian Currin, le maire de Bayonne Jean-René Etchegaray et le Nord-Irlandais Gerry Adams réunis pour acter la dissolution de l'ETA le 4 mai 2018 à Cambo-les-Ba
© IROZ GAIZKA / AFP

Le gouvernement espagnol a rendu hommage vendredi aux victimes de l'ETA, refusant toute concession à l'organisation indépendantiste dont la dissolution était en parallèle actée à Cambo-les-Bains, au Pays basque français.

"Les enquêtes sur les crimes de l'ETA continueront, leurs délits continueront à être jugés et les condamnations continueront à être exécutées", a prévenu le chef du gouvernement Mariano Rajoy.

Aux 853 victimes assassinées selon le décompte du gouvernement espagnol, "nous devons souvenir et hommage. À elles, à leurs familles et aux centaines d'Espagnols qui ont survécu à la violence terroriste mais qui souffrent pour toujours des séquelles de la cruauté" de l'ETA, a-t-il déclaré.

"Aujourd'hui, les protagonistes ne peuvent pas être les assassins mais les victimes" de l'ETA, a poursuivi M. Rajoy, sans évoquer directement la "conférence" en France, censée clore le processus de dissolution de l'ETA.

L'ETA, créée en 1959, avait renoncé à la lutte armée le 20 octobre 2011, et avait annoncé déposer les armes le 8 avril 2017.

Elle avait dit dans un communiqué diffusé le 20 avril regretter "les torts causés" mais ne demandait pardon qu'aux victimes qui n'étaient pas parties au "conflit", laissant entendre que les autres étaient des cibles légitimes.

"ETA n'a pas été capable d'exprimer un mot de contrition pour toutes les victimes, mais la société basque et les institutions peuvent le faire", a répondu le président basque, le nationaliste modéré Iñigo Urkullu.

A Oiartzun, petit village du Pays basque espagnol, sont apparus dans la nuit des graffitis "Merci ETA", a constaté une journaliste de l'AFP.

- Tourner la page -

À Cambo-les-Bains, des experts internationaux ont lancé un appel à la "réconciliation" en "tournant la page".

L'autodissolution de l'ETA annoncée la veille à Genève "montre que le dialogue politique est durable alors qu'il reste beaucoup à faire pour guérir les blessures", a estimé, dans une déclaration lue à la tribune, l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, l'un des parrains du processus.

Jeudi, l'ETA a diffusé une "déclaration finale" annonçant que l'organisation clandestine avait "démantelé l'ensemble de ses structures" et mis "fin à toute activité politique".

"Construire la paix est bien plus difficile" que faire la guerre" et "le point de départ doit être le dialogue", a aussi insisté le britannique d'Irlande du nord Gerry Adams, ancien dirigeant du Sinn Fein pendant 34 ans et protagoniste du processus ayant permis la fin de l'activité armée de l'IRA.

L'ex-chef du gouvernement socialiste (2004-2011) José Luis Rodriguez Zapatero, dernier à avoir favorisé des négociations secrètes avec l'ETA, a aussi défendu les vertus du dialogue.

"La grandeur de la démocratie est d'intégrer ceux qui ont été ses pires ennemis, c'est sa supériorité morale", a-t-il déclaré dans une interview télévisée.

- Madrid sourd aux réclamations -

À Cambo-les-Bains, Gerry Adams a demandé à Madrid de "donner des signes positifs en faveur des prisonniers" basques.

Les indépendantistes basques réclament un assouplissement des conditions de détention des quelque 300 "etarras" emprisonnés essentiellement en France et en Espagne, et qu'ils soient transférés vers des prisons au Pays basque, plus près de leurs familles.

Face à ces réclamations, Madrid a continué à faire la sourde oreille.

"Le gouvernement ne va pas modifier sa politique pénitentiaire", a déclaré le porte-parole du gouvernement espagnol Iñigo Méndez de Vigo.

"Les terroristes n'ont rien obtenu en tuant, ni en arrêtant de tuer il y a quelques années, et ils n'obtiendront rien en annonçant leur dissolution. (...) Il n'y aura pas d'impunité", a martelé Mariano Rajoy.

Le Collectif des victimes du terrorisme (Covite) réclame que l'ETA aide dorénavant à faire la lumière sur, selon ses chiffres, 358 crimes encore non élucidés. Il lui demande également de condamner la terreur et de cesser de rendre des hommages publics à ses militants quand ils sortent de prison.

L'Union européenne s'est également félicitée de la fin de la dernière insurrection armée sur son sol.

"Il n'y a pas de place dans l'UE pour le terrorisme, les armes et les fusils. L'UE est fondée sur l'Etat de droit", a déclaré le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas.

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