L'Europe veut séduire les touristes chinois

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Par Céline CORNU - Venise (AFP)
Publié le 19 janvier 2018 - 16:09
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Des touristes à Venise, le 19 janvier 2018
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© Andrea PATTARO / AFP
Des touristes à Venise, le 19 janvier 2018
© Andrea PATTARO / AFP

Ils ne regardent pas à la dépense et adorent l'Europe, en premier lieu la France: plus de 12 millions de Chinois ont visité l'an passé le Vieux continent, qui entend apprendre à cajoler cette clientèle.

L'année du tourisme Union européenne-Chine a été lancée vendredi à Venise, en Italie.

Un lieu qui n'a pas été choisi au hasard, puisque la cité des doges est un des symboles de la route de la soie et la ville natale de Marco Polo.

La Chine est le premier pays sur la planète en ce qui concerne le tourisme à l'étranger, avec 129 millions de voyageurs, soit un cinquième du total mondial, et 261 milliards de dollars dépensés, contre 123 milliards pour les Etats-Unis.

Et l'Europe espère bien continuer à profiter de cette manne.

En 2017, 12,4 millions de Chinois ont voyagé en Europe (+17,5% sur un an), selon l'ETC (European Travel Commission), et ils devraient être 20,8 millions dans cinq ans, estime l'Académie chinoise du tourisme (CTA).

S'ils voyagent encore à 70% en groupe, la manière des Chinois de faire du tourisme évolue.

- Ciels bleus -

"Il y a quelques années, les Chinois venaient en Europe uniquement pour faire du shopping. Maintenant, ils veulent davantage connaître la culture, la nature...", explique à l'AFP le président de la CTA, le professeur Dai Bin.

Festivals, cours de cuisine... "Ils veulent vivre des expériences personnelles et aller dans des endroits où ils ne voient pas de Chinois", confirme le directeur exécutif de l'ETC, Eduardo Santander.

"Ils aiment la gastronomie, la musique, les ciels bleus... La majeure partie vient de la côte est, qui est extrêmement polluée: quand ils viennent en Europe, pour certains, c'est la première fois qu'ils voient un ciel bleu" et ils sont surpris de pouvoir "respirer sans tousser", raconte-t-il.

Mais pour bien accueillir cette clientèle, il est important de comprendre ses besoins.

"Le côté merveilleux des Chinois c'est que leurs désirs sont simples", note Jacopo Sertoli, président de Welcome Chinese, un organisme qui certifie les entreprises du secteur du tourisme répondant aux besoins des Chinois.

"On peut par exemple rendre un Chinois très heureux en lui proposant un verre d'eau chaude", température à laquelle l'eau est souvent bue en Chine, explique-t-il.

Autre petit plaisir: "du congee au petit-déjeuner, un riz un peu cuit laissé dans l'eau chaude".

Mettre à disposition quelques chaînes de télévision chinoises sera aussi apprécié, tout comme le wifi pour ces accros au portable.

Et il est essentiel d'offrir des "moyens de paiement" accessibles aux Chinois, comme UnionPay (le seul émetteur de carte de crédit en Chine), WeChatPay ou Alipay, souligne M. Sertoli.

- Leçons d'éducation -

Mais pas de voyage sans vols ni visas.

"Nous espérons que l'Europe rendra les choses plus faciles pour les Chinois pour obtenir un visa. Dans certains pays, comme en Europe de l'Est, il est aisé de l'obtenir, mais dans d'autres, très difficile. Or les Chinois qui viennent en Europe ne veulent pas seulement visiter un pays, ils veulent aller dans plein de pays différents", note Dai Bin.

Pour les 26 pays de la zone Schengen, un seul visa suffit, mais ils doivent s'adresser au pays qui constitue la destination principale ou le point d'entrée de leur voyage en Europe.

La Chine sera elle-même "plus souple dans l'attribution de visas, et les Européens pourront rester à Pékin et Shanghai 144 heures (donc 6 jours) sans visa", promet Dai Bin.

D'après l'ETC, la France figure en première place dans les destinations européennes où les Chinois veulent se rendre (61%), suivie de l'Allemagne (37%) et de l'Italie (28%).

Mais les routes chinoises ont évolué ces dernières années avec un boom de l'Europe de l'Est, tant en raison des visas, du développement de vols à bon prix que des attaques ayant frappé la France ou l'Allemagne.

En 2016, les arrivées de Chinois ont ainsi augmenté de 173% en Serbie et de près de 90% au Monténégro.

Mais si "les Chinois sont très sensibles à la question de la sécurité, ils oublient beaucoup plus vite que d'autres", note M. Santander.

Appréciés pour leur facilité à dépenser --poussée en partie par la culture du cadeau--, les visiteurs chinois n'ont en revanche pas toujours été réputés pour leur savoir-vivre.

Une question prise au sérieux par la Chine qui met l'accent sur "l'éducation" des voyageurs, note Dai Bin: "Certaines agences touristiques donnent des leçons aux visiteurs partant en Europe".

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