L'extrémisme prospère sur les bulletins de vote aux Etats-Unis

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Par Michael Mathes - Washington (AFP)
Publié le 29 juillet 2018 - 08:45
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Manifestation de suprémacistes et partisans confédérés, le 26 août 2017 à Knoxville (Tennessee)
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© SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives
Manifestation de suprémacistes et partisans confédérés, le 26 août 2017 à Knoxville (Tennessee)
© SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

Arthur Jones est un nazi assumé. Pour John Fitzgerald, l'Holocauste est un mythe et Rick Tyler veut "rendre à l'Amérique sa blancheur". Des idées aux relents d'une époque révolue, mais ces trois hommes sont candidats aux élections de novembre aux Etats-Unis.

L'extrémisme et le sectarisme, la suprématie blanche et l'antisémitisme, ont trouvé un nouveau souffle avec Donald Trump à la Maison Blanche.

Ils ont bénéficié cette année d'une exposition au niveau national sans doute la plus importante de l'histoire récente. Et ces partisans de la haine qui se présentent aux élections, pour la majorité des conservateurs, se révèlent de grosses épines dans le pied du parti républicain.

Dans l'Illinois, Arthur Jones --pour lequel l'Holocauste est "le plus gros et le plus éhonté mensonge de l'histoire"-- est candidat républicain au Congrès des Etats-Unis après avoir remporté les primaires sans concurrent de son parti dans une circonscription très démocrate.

Pour Russel Walker, qui brigue un siège au parlement de Caroline du Nord, "il n'y a rien de mal à être raciste" et les Juifs sont des "descendants de Satan".

Quand au siège du président de la Chambre des représentants à Washington Paul Ryan qui prend sa retraite, il devrait revenir à Paul Nehlen qui fait la course en tête chez les républicains du Wisconsin.

Or M. Nehlen s'est révélé un dirigeant important de l'alt-right, l'extrême droite américaine. Quelqu'un qui, selon ses critiques, veut offrir aux nationalistes blancs et aux antisémites une emprise plus importante sur la culture et la politique des Etats-Unis.

Le site de campagne de Rick Tyler, un partisan de Donald Trump qui se présente dans le Tennessee pour un siège au Congrès, arbore un dessin de la Maison Blanche avec douze drapeaux confédérés --considéré par certains comme un symbole du passé raciste et esclavagiste du pays-- flottant sur la résidence officielle.

Selon des experts, un nombre sans précédent de candidats ouvertement sectaires figure sur les bulletins de vote pour les élections de mi-mandat, et le principal responsable ne serait autre que le président des Etats-Unis lui-même.

- Ouvert la porte -

"L'usage peu orthodoxe par Trump de choses liées au racisme et anti-musulmanes --le tout avec un lexique sectaire-- a ouvert la porte à une politique qui n'existait pas auparavant", indique à l'AFP Heidi Beirich, experte au Southern Poverty Law Center (SPLC) qui surveille les groupes incitant à la haine depuis 1999.

"Nous avons toujours eu une poignée de néo-nazis (...) mais cela a fait empirer la situation", a-t-elle relevé, soulignant que de telles positions auraient auparavant "sonné le glas" d'une candidature.

Mais, selon elle, "en dissipant ces tabous et en remportant la présidence, Trump a ouvert une voie vers le succès électoral considérée jusque là comme impossible".

Ce discours a des ramifications dans la vie quotidienne: plusieurs vidéos montrant des Blancs appeler la police au sujet de Noirs vaquant à leurs occupations sont devenues virales. L'une montrant deux jeunes hommes noirs en train d'être extirpés, menottés, d'un Starbucks a suscité un tollé.

Les fossés raciaux et ethniques sont clairement affichés dans des régions comme la Virginie où le candidat républicain au Sénat et anti-immigration Corey Stewart fait l'objet de vives critiques pour certaines de ses affinités.

Paul Nehlen est "l'un de mes héros", a dit M. Steward, qui est apparu aux côtés de Jason Kessler, l'organisateur de la manifestation suprématiste mortelle en août 2017 à Charlottesville. M. Stewart a depuis pris ses distances avec eux, mais des électeurs pourraient lui en tenir rigueur.

"Il n'y a pas une once de racisme en moi", a-t-il affirmé la semaine dernière. Dans le même temps, il s'est dit fervent défenseur de l'"héritage" de la Virginie et opposé au retrait des monuments confédérés, très controversés.

Les candidats extrémistes ont tendance à profiter du fait que des électeurs n'ont pas le sentiment d'être bien représentés ou s'estiment ignorés par les partis traditionnels républicain et démocrate.

En 2016, Donald Trump a conquis des millions d'électeurs --qu'il a qualifiés d'"hommes oubliés"-- ouvriers, mineurs de charbon au chômage ou encore agriculteurs. Ils se sentent trahis par la mondialisation, s'inquiètent de l'immigration clandestine et des changements autour d'eux.

Le parti républicain a renié plusieurs de ces candidats, y compris MM. Jones et Nehlen. Mais pour le SPLC, le fait que M. Trump ait soutenu des candidats controversés comme l'ancien shérif de l'Arizona Joe Arpaio, qui veut un poste au Sénat, envoie un signal aux franges extrémistes du parti qu'il y a de la place pour eux dans le discours politique.

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