Cesare Battisti incarcéré en Sardaigne après 40 ans de cavale

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Par AFP - Rome
Publié le 14 janvier 2019 - 10:33
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Cesare Battisti, ex-activiste italien d'extrême gauche condamné en Italie pour quatre meurtres et expulsé dimanche de Bolivie, a été incarcéré lundi dans une prison de Sardaigne pour purger une peine de réclusion à perpétuité, après des décennies de cavale.

L'avion ramenant en Italie cette figure des "années de plomb" a atterri en fin de matinée à l'aéroport romain de Ciampino. M. Battisti, 64 ans, est descendu sourire aux lèvres et sans menottes, entouré d'une douzaine de policiers.

Arrêté samedi à Santa Cruz, dans l'est de la Bolivie, et expulsé dimanche, il a été conduit dans une salle de l'aéroport où lui ont été notifiés les actes juridiques le concernant.

"Je sais que je vais en prison", a déclaré M. Battisti, qui semblait résigné, selon des sources policières. Dans l'avion, il a parlé de sa vie et de sa fuite du Brésil vers la Bolivie, mais surtout beaucoup dormi, visiblement tranquille.

Il est ensuite parti à bord d'un convoi de voitures de police vers un autre avion pour rejoindre la prison d'Oristano, dans l'ouest de la Sardaigne, un centre pénitentiaire de haute sécurité, où il est arrivé en fin d'après-midi.

Selon les médias italiens, cette prison ouverte en 2012 abrite plus de 250 détenus, dont beaucoup soumis au régime sévère dit "41bis" prévu pour les mafieux. Chaque cellule dispose de toilettes, d'une douche et d'un coin cuisine.

Conformément au règlement pour les condamnés à la perpétuité, M. Battisti devra être maintenu à l'isolement pendant pendant six mois.

- "Un point de départ" -

"Au nom de 60 millions d'Italiens, je tiens à remercier les forces de l'ordre de nous avoir offert ce soleil, cette espérance, cette certitude, cette confiance retrouvée dans la justice. Le climat a changé, celui qui se trompe doit payer, l'Italie est un pays souverain, libre, respecté, respectueux, et respectable", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, omniprésent dans les médias depuis l'annonce de l'arrestation, venu à l'aéroport avec son collègue chargé de la Justice, Alfonso Bonafede.

"Après 37 ans, finalement, un assassin, un délinquant, une personne infâme, un lâche qui n'a jamais demandé pardon, finira là où il mérite. Et ce n'est pas un point d'arrivée mais de départ", a ajouté M. Salvini, en évoquant "les dizaines" d'autres acteurs des "années de plomb" encore en cavale en France ou en Amérique latine.

Beaucoup de proches des quatre personnes dont les assassinats en 1978 et 1979 ont été attribués à Cesare Battisti, ont exprimé leur soulagement, en particulier Alberto Torregiani, tétraplégique depuis l'attaque qui a coûté la vie à son père joallier quand il avait 15 ans: "Maintenant, les victimes peuvent reposer en paix".

L'arrestation de M. Battisti a été unanimement saluée en Italie, à droite comme à gauche. Tous les précédents gouvernements n'avaient cessé de réclamer son extradition, en particulier parce qu'il clame son innocence et n'a jamais exprimé de remords.

"Un criminel et un arrogant", a commenté Nicola Zingaretti, principal candidat à la présidence du Parti démocrate (PD, centre gauche), tout en réclamant la même fermeté contre les militants fascistes qui donnent de la voix et du poing en Italie ces derniers temps.

- Protégé en France et au Brésil -

Cesare Battisti avait été condamné une première fois au tournant des années 1980 à 13 ans de prison pour appartenance aux PAC, un groupuscule d'extrême gauche particulièrement actif à la fin des années 1970 et considéré comme "terroriste" par Rome.

Evadé en 1981, il a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité pour homicide ou complicité dans les quatre meurtres.

Après avoir passé près de 15 ans en France -- le président de l'époque François Mitterrand ayant promis de ne pas extrader les anciens militants ayant renoncé à la lutte armée -- il avait refait sa vie depuis 2004 au Brésil, où il a un fils mineur de mère brésilienne.

Le 13 décembre, un juge de la Cour suprême du Brésil avait ordonné son arrestation. L'acte d'extradition avait été signé le lendemain par le président conservateur Michel Temer, auquel Jair Bolsonaro (extrême droite) a succédé le 1er janvier.

Mais les autorités brésiliennes avaient perdu sa trace. Il a finalement été repéré à Santa Cruz, où les polices bolivienne et italienne ont préparé son arrestation.

Une vidéo prise par la police italienne peu avant l'arrestation le montre déambulant dans la rue, titubant légèrement, méconnaissable derrière des lunettes noires et portant bouc et moustache.

burs-fcc/sg

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