"Maman ment" : la dure vie des enfants de migrants séparés de leurs parents aux Etats-Unis

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Par Leila MACOR - Miami (AFP)
Publié le 23 juillet 2018 - 11:42
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Des migrants se dirigent vers un centre d'accueil à Mc Allen, au Texas, le 17 juin 2018
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© Loren ELLIOTT / AFP/Archives
Des femmes et des enfants immigrants libérés d'un centre de rétention à McAllen, le 17 juin 2018 au Texas
© Loren ELLIOTT / AFP/Archives

José, un petit garçon qui a bravé la traversée dangereuse du Mexique avec sa mère pour arriver aux Etats-Unis, ne comprend pas. Voilà des mois qu'il n'a pas vu sa mère.

Elle lui avait promis une piñata Spiderman pour son quatrième anniversaire, mais le jour est venu, pas elle.

Elle avait dit qu'elle viendrait le chercher, mais elle ne l'a pas fait.

Elle ment, dit José.

En fait, le garçonnet ne le sait pas, mais elle est détenue par les autorités américaines. Mère adoptive de l'enfant, elle n'avait pas les papiers nécessaires lorsqu'ils ont franchi la frontière.

Les enfants qui arrivent d'Amérique centrale fuient souvent la criminalité, les violences ou la pauvreté. Mais leurs épreuves ne prennent pas fin avec leur voyage.

Absence de documents, d'informations et d'aide juridique compliquent leur situation.

C'est le cas de José, le fils adoptif d'une femme hondurienne de 51 ans arrêtée lorsqu'elle a demandé l'asile à McAllen, au Texas, fin décembre.

"Ma maman ment. Elle ne vient pas, elle ne vient pas", lance-t-il avec colère au téléphone, à une avocate qui aide sa famille.

José a passé près d'un mois dans un centre de rétention pour mineurs avant d'être confié à sa soeur âgée de 30 ans au Texas.

"Ma mère est venue ici car si elle avait passé un mois de plus au Honduras, elle aurait été tuée", explique la jeune femme, qui a requis l'anonymat. "Un homme la battait. Sans les voisins, il l'aurait tuée à coups de machette."

- "Tolérance zéro" -

Un tribunal fédéral américain a ordonné le mois dernier que les 2.000 à 3.000 enfants séparés de leurs parents, dans le cadre de la politique controversée de "tolérance zéro" de l'administration de Donald Trump, puissent les retrouver le 26 juillet au plus tard.

Le délai est déjà passé pour 103 d'entre eux âgés de cinq ans ou moins, mais le gouvernement n'a pu en réunir que 57 avec leur famille. Pour les autres, l'exécutif a invoqué l'expulsion de leurs parents, ou le casier judiciaire de ces derniers, ou d'autres raisons encore pour ne pas mettre fin à la séparation.

Dans le cas de José, la mère n'a pas pu fournir les papiers requis pour prouver l'adoption.

Selon la soeur du petit garçon, sa mère biologique, qui ne voulait pas de l'enfant, l'a confié à cette femme le jour même de sa naissance.

"Tous les voisins en ont témoigné. Ils sont tous au courant, parce que la fille avait toujours dit qu'elle allait confier le bébé", dit-elle.

Mais cela n'a pas suffi aux autorités américaines.

L'avocate qui assiste cette famille, Sara Ramey, a rassemblé témoignages, photos et dossiers médicaux pour prouver l'adoption.

"De nombreuses sociétés d'Amérique centrale, dont le Honduras, ont une approche informelle des questions comme la garde des enfants, elles s'appuient sur la communauté", explique à l'AFP Sara Ramey, directrice du Migrant Center for Human Rights à San Antonio, au Texas.

"Nous voulons que notre gouvernement puisse vérifier les relations familiales", plaide-t-elle, assurant que celle-ci est "bénéfique" à José. Selon l'avocate, les autorités ont déjà établi que la mère s'occupait bien du garçon. Tout ce qui manque, c'est le certificat d'adoption.

Toutes sortes de raisons qui échappent à leur volonté peuvent priver les immigrés de papiers cruciaux, dit Maureen Meyer, du groupe de pression Washington Office on Latin America.

Pedro, un autre petit garçon de trois ans, n'a pas non plus pu être confié à sa mère. Il s'agit dans son cas de sa mère biologique, mais elle avait déjà été expulsée une fois lorsqu'elle a demandé l'asile en avril.

Cette jeune femme de 25 ans est maintenant détenue au Texas et Pedro a été confié à une grande-tante après avoir passé, lui aussi, un mois en centre de rétention.

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