Merkel joue son avenir dans des pourparlers gouvernementaux interminables

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Par AFP
Publié le 17 novembre 2017 - 12:52
Mis à jour le 18 novembre 2017 - 20:25
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Angela Merkel arrive à des pourparlers sur la formation d'un gouvernement de coalition le 17 novembr
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© John MACDOUGALL / AFP/Archives
Angela Merkel arrive à des pourparlers sur la formation d'un gouvernement de coalition le 17 novembre 2017 à Berlin
© John MACDOUGALL / AFP/Archives

La crainte d'une crise politique majeure synonyme d'instabilité pour le pays et l'Europe a pris de l'ampleur samedi en Allemagne face à l'impasse persistante des négociations en cours en vue de former un gouvernement.

Chargé de représenter l'unité nationale, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a pris la parole pour appeler les partis engagés dans les tractations - conservateurs d'Angela Merkel, Libéraux et écologistes - à prendre en compte l'intérêt supérieur du pays pour surmonter leurs divergences.

A la veille de la date-butoir que se sont fixés les partis pour tenter de trouver un compromis, il les a exhortés "à prendre conscience de leur responsabilité", ce qui signifie "ne pas rendre aux électeurs la mission qui est la leur".

Car en cas d'échec dimanche soir, l'Allemagne devra probablement convoquer de nouvelles élections législatives après celles de fin septembre, qui plongerait le pays dans l'incertitude et pourrait être synonyme de fin de carrière politique pour Angela Merkel.

"Je ne peux imaginer (qu'ils) puissent sérieusement attiser le risque de provoquer de nouvelles élections", a déclaré M. Steinmeier dans un entretien à paraître dans l'édition dominicale du journal Die Welt.

- Merkel joue gros -

La chancelière, au pouvoir depuis 2005, a remporté fin septembre les législatives dans la première économie européenne mais avec un score historiquement bas, du fait notamment de la percée de l'extrême droite, qui la prive de majorité évidente.

Depuis plus d'un mois, elle négocie une coalition inédite et a priori contre nature entre son parti, lui-même écartelé entre ailes modérée et très conservatrice, les Libéraux pro-business et aux tendances eurosceptiques, et les écologistes europhiles.

Les tractations se sont achevées samedi soir à nouveau sans progrès apparent. Les Verts ont même fait état d'un recul sur les questions d'environnement.

Les présidents de trois organisations majeures du patronat allemand (BDI, DIHK et BDEW) se sont aussi dits "très inquiets" dans un communiqué. Ils ont dit redouter que les tractations ne débouchent sur "des accords qui auront un impact négatif sur la croissance et l'emploi".

Angela Merkel, qui a déjà vu passer quatre présidents français, joue gros ce week-end.

Si elle échoue à former une coalition, les "turbulences pourraient très vite l'atteindre personnellement. Ce week-end, il en va de la coalition ET de la chancelière", résume le quotidien Bild, le plus lu du pays.

Angela Merkel n'a pas d'autres partenaires possibles à la chambre des députés pour former une coalition majoritaire et elle a exclu l'hypothèse d'un gouvernement minoritaire.

- "Il faut décider" -

En cas de nouvelles élections, elle n'aurait aucune garantie de pouvoir se maintenir à la tête de la CDU, tant la contestation contre son cap centriste est importante à la suite de l'arrivée de plus d'un million de migrants depuis 2015 et de la poussée de l'extrême droite.

Samedi, la plupart des responsables de partis semblaient plutôt pessimistes. "Dimanche à 18H00 (17H00 GMT), c'est fini. Ce week-end, il faut décider", a prévenu Christian Lindner, chef de file du FDP.

Plusieurs points divisent les quatre formations, à commencer par l'immigration, sujet de discorde majeur dans le pays depuis l'arrivée en nombre des réfugiés, discuté samedi.

Conservateurs et Libéraux veulent un plafond de 200.000 demandeurs d'asile par an, refusé par les Verts qui réclament eux une reprise des regroupements familiaux pour les réfugiés n'ayant qu'un titre de séjour d'un an renouvelable.

Ce dernier point a été au centre de débats houleux, notamment entre CSU et Verts, selon des sources proches des négociations.

Le parti bavarois rejette ces regroupements, redoutant qu'il ne créée un appel d'air et en fait une question de principe au moment où son hégémonie électorale en Bavière est menacée par l'AfD (extrême droite), et que s'y profilent des élections régionales dans un an.

Les débats achoppent aussi sur la politique environnementale, que les Verts ne trouve pas assez ambitieuse.

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