Mexique : Fort d'un discours anticorruption, Obrador sur la route de la présidence

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Par Maria Lorente - Mexico (AFP)
Publié le 28 juin 2018 - 08:45
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Le candidat à l'élection présidentielle mexicaine Andres Manuel Lopez Obrador, pendant son dernier meeting de campagne à Mexico City, le 27 juin 2018
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© RONALDO SCHEMIDT / AFP
Le candidat à l'élection présidentielle mexicaine Andres Manuel Lopez Obrador, pendant son dernier meeting de campagne à Mexico City, le 27 juin 2018
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Excédés par la corruption et la violence, les Mexicains votent dimanche lors d'élections historiques où le candidat de gauche Andres Manuel Lopez Obrador fait figure de favori face aux partis traditionnels.

"Du changement!", "tournez la page!" martèlent beaucoup de Mexicains avec un enthousiasme débordant, encore renforcé par les bons résultats de leur équipe nationale au Mondial 2018 en Russie, avec une victoire inespérée contre l'Allemagne (1-0).

La troisième tentative pourrait bien être la bonne pour ce vétéran de gauche que l'on surnomme AMLO, 64 ans, à la tête d'une coalition dirigée par le Movimiento Regeneración Nacional (Morena), et alors que s'achève la présidence d'Enrique Peña Nieto qui a échoué à endiguer la violence.

Une victoire d'AMLO bouleverserait la scène politique mexicaine, qui évolue depuis 1988 autour de trois formations: le PRI (droite), le PAN (centre droit), et le PRD (centre gauche).

L'administration de Peña Nieto, issue du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) - qui a gouverné le Mexique sans interruption de 1929 à 2000 -, a aussi été marquée par des réformes profondes (non exemptes de controverses) et plusieurs scandales de corruption et de violations des droits de l'homme.

Dans ma famille, "presque tout le monde va voter pour AMLO, nous voulons un changement, nous ne voulons plus personne du PRI ou du PAN", explique Wendy Rodríguez, 24 ans, vendeuse de fruits de rue.

Selon les derniers sondages, Lopez Obrador possède un avantage de plus de 20 points sur Ricardo Anaya, qui dirige une coalition de droite et de gauche (formée par le PAN, le PRD et le Movimiento Ciudadano), tandis que José Antonio Meade, du PRI, apparaît seulement en troisième position.

Si les pronostics se confirment dimanche, Lopez Obrador devra affronter des défis gigantesques: en plus de lutter contre la corruption, il devra tenir sa promesse de "remettre à sa place" le président américain Donald Trump, qui a menacé de rompre l'Accord de libre-échange avec le Mexique (Aléna), et estime que le Mexique "ne fait rien" contre l'immigration clandestine venue d'Amérique centrale.

- "On ne sait rien" -

La violence au Mexique est devenue quotidienne, si bien que presque personne n'est vraiment choqué que parmi les candidats aux élections municipales et des gouverneurs, certains fassent l'objet de procédures pénales ou sortent de prison.

Et la campagne électorale aura été "la plus violente" de l'histoire du pays, selon les experts du cabinet Etellekt. Depuis le début de la pré-campagne, 124 hommes politiques ont été assassinés, dont 29 pré-candidats et 18 candidats, selon les médias locaux.

Mercredi - alors le Mexique célèbrait sa qualification pour les 8e de finale de la Coupe du Monde - les candidats tenaient leur dernier meeting de campagne. Lopez Obrador réunissait ses supporters dans l'immense et emblématique stade Azteca de Mexico.

Mais beaucoup des 88 millions d'électeurs appelés à voter espèrent également en savoir davantage sur ses propositions.

"Le problème c'est que personne ne sait rien. (...) Il dit qu'il veut combattre la pauvreté, créer de l'emploi, mais il ne dit pas comment. Il faut voir comment il travaille" indique Gabriel Villa Acevedo, taxi de 41 ans, qui malgré ses doutes veut qu'AMLO accède à la présidence.

Ses adversaires et ses détracteurs profitent de ses "failles" pour avertir qu'un gouvernement d'AMLO serait "aussi populiste que celui d'Hugo Chavez" au Venezuela.

Mais ces dernières semaines, Lopez Obrador et son entourage ont cherché à modérer leurs propositions économiques.

"Jusqu'à présent, les marchés sont calmes", se félicite l'homme d'affaires Alfonso Romo, qui pourrait rejoindre l'équipe au pouvoir en cas de victoire d'AMLO.

- "Gouverner de façon exemplaire"-

Lopez Obrador soutient que la corruption est la cause de tous les maux et qu'il saura l'extirper. Le Mexique fait partie des plus mauvais élèves en Amérique latine, en matière de corruption, selon Transparency International.

"Je vais gouverner de façon exemplaire, et avec austérité. Je ne toucherai que la moitié du salaire de l'actuel président, et je continuerai à vivre chez moi", promet López Obrador dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux.

Son style contraste avec le profil technocratique de Meade et Anaya, selon les analystes. Ce militant sait trouver les mots pour son électorat qui, en plus des classes populaires, comprend des jeunes et des secteurs plus éduqués.

"Ni Meade, ni Anaya ne sont parvenus à incarner quelque chose d'aussi séduisant que ce que représente López Obrador. C'est le meilleur communicant politique au Mexique, qu'on le veuille ou non", commente à l'AFP Fernando Dworak, analyste et consultant politique.

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