Migrants : Confusion autour d’accords entre Berlin et plusieurs pays européens

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Par AFP - Berlin
Publié le 30 juin 2018 - 16:36
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La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 29 juin 2018
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© Ludovic MARIN / AFP
La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse à Bruxelles le 29 juin 2018
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Angela Merkel, sous pression dans son pays sur la politique d'asile, a annoncé samedi avoir conclu des accords avec 14 nouveaux pays pour leur renvoyer des migrants déjà enregistrés chez eux, dont la République tchèque et la Hongrie, qui ont toutefois immédiatement démenti.

La chancelière allemande a proposé à ses partenaires de coalition une batterie de mesures pour renforcer le contrôle des flux migratoires, selon un document qu'elle leur a adressé samedi à la veille de réunions cruciales pour la survie de son gouvernement.

Mme Merkel a assuré à cette occasion avoir obtenu le feu vert de 14 pays de l'UE en vue de renvoyer les migrants enregistrés dans ces pays, en plus des accords déjà trouvés avec la Grèce et l'Espagne.

Mais Prague et Budapest, farouchement opposés à l'accueil des migrants, ont démenti s'être entendus avec Berlin.

"Comme j'ai déjà indiqué jeudi devant le Conseil européen, l'Allemagne ne s'est pas adressée à nous et je ne signerai pas cet accord", a écrit le Premier ministre tchèque, Andrej Babis, dans un communiqué. "Aucune négociation entre la République tchèque et l'Allemagne sur cette question n'a eu lieu".

Bertalan Havasi, la porte-parole du Premier ministre hongrois Viktor Orban, a souligné que la position de son pays restait "inchangée depuis 2015". "Aucun demandeur d'asile ne peut pénétrer sur le territoire hongrois si ce demandeur d'asile est déjà entré en Grèce ou dans un autre Etats membre".

Un porte-parole du gouvernement a néanmoins assuré que les Tchèques "s'étaient dits prêts à négocier un accord" en vue d'une meileure coopération dans le renvoi des migrants enregistrés chez eux, et dit "prendre connaissance avec regret des déclarations" de Praque.

Très affaiblie par une fronde de son aile droite bavaroise, la dirigeante conservatrice souhaite que les migrants arrivant en Allemagne mais déjà enregistrés dans un autre pays de l'UE soient placés dans des centres d'accueil spéciaux et aux conditions très restrictives, selon un texte de huit pages transmis au Parti social-démocrate (SPD) et aux conservateurs bavarois et dont l'AFP a obtenu copie. "Dans ces centres d'accueil spéciaux, il y aura une obligation de résidence (...) comportant si nécessaire des sanctions".

"Nous voulons continuer à réduire le nombre de migrants arrivant en Allemagne" bien que "leur nombre ait baissé de 20% sur les cinq premiers mois de 2018 par rapport à la même période de 2017", insiste Angela Merkel.

Cette proposition concernant ces centres apparaît comme une main tendue aux conservateurs bavarois, en particulier à son ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, qui lui a lancé un ultimatum pour trouver une solution européenne aux flux migratoires faute de quoi il ordonnera le refoulement aux frontières des migrants enregistrés ailleurs.

Angela Merkel a toujours refusé toute mesure unilatérale et a négocié d'arrache-pied à Bruxelles des avancées pour réduire la pression migratoire et contenter son turbulent allié.

Vendredi, son gouvernement avait fait savoir que l'Espagne et la Grèce avaient donné leur accord pour reprendre les migrants enregistrés sur leur territoire. L'Italie, pays en première ligne pour les arrivées de migrants, n'y figure pas.

A l'heure actuelle, l'Allemagne ne renvoie des migrants enregistrés dans la base de données Eurodac "que dans 15% des cas environ".

M. Seehofer, un Bavarois très conservateur, a fait d'un durcissement des conditions d'accès au système d'asile allemand un casus belli.

L'ensemble de ces avancées doit être examiné dimanche par le parti de Mme Merkel (CDU) et celui de M. Seehofer (CSU), deux formations alliées depuis 1949 mais qui se sont retrouvées au bord du divorce en raison du débat sur les migrants.

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