Migrants : Trump menace de fermer la frontière avec le Mexique

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Par Lucie AUBOURG - Washington (AFP)
Publié le 18 octobre 2018 - 17:24
Mis à jour le 19 octobre 2018 - 05:30
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Des Guatémaltèques offrent de la nourriture et des boissons à des migrants partis du Honduras et qui comptent rallier les Etats-Unis. Photographie prise le 17 octobre 2018 à Teculutan, au Guatemala
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© Orlando ESTRADA / AFP
Des Guatémaltèques offrent de la nourriture et des boissons à des migrants partis du Honduras et qui comptent rallier les Etats-Unis. Photographie prise le 17 octobre 2018 à Teculu
© Orlando ESTRADA / AFP

Le président américain Donald Trump a menacé jeudi de fermer la frontière avec le Mexique pour empêcher des milliers de migrants d'Amérique centrale de gagner les Etats-Unis, relançant un de ses thèmes de campagne favoris à trois semaines des élections cruciales de mi-mandat.

"Je dois, dans les termes les plus forts, demander au Mexique de stopper cet assaut - et s'il n'en est pas capable, je ferai appel à l'armée américaine et FERMERAI NOTRE FRONTIERE DU SUD!..", a-t-il tweeté, renouvelant ses menaces de couper les aides financières aux pays d'Amérique centrale concernés.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo doit se rendre jeudi et vendredi au Panama puis au Mexique.

M. Trump enfourche de nouveau l'un de ses principaux chevaux de bataille --qui a contribué à sa victoire présidentielle en 2016-- à trois semaines de législatives à l'issue desquelles les républicains pourraient perdre leur majorité au Sénat et/ou à la Chambre des représentants.

Environ 2.000 migrants ont quitté samedi San Pedro Sula, au Honduras, après un appel sur les réseaux sociaux. Ils ont ensuite franchi la frontière avec le Guatemala à Esquipulas (sud-est), et certains avaient atteint jeudi la capitale guatémaltèque.

Un autre millier de Honduriens ont franchi mercredi la frontière avec le Salvador avec l'intention de traverser le pays pour rejoindre la marche au Guatemala.

Un premier groupe de quelques centaines de migrants est arrivé tard mercredi à la frontière entre le Guatemala et le Mexique. Beaucoup dormaient dans des sacs de couchage dans la rue ou dans des squares, selon un correspondant de l'AFP.

Nombre d'entre eux ne voyageaient qu'avec quelques vêtements de rechange et un peu d'argent. D'autres portaient de jeunes enfants dans les bras.

Plusieurs migrants ont dit à l'AFP qu'ils attendaient que le reste de la marche arrive, afin de traverser la frontière en masse dans l'espoir de déborder les autorités mexicaines, qui ont annoncé qu'elles arrêteraient toute personne ne possédant pas de papiers.

Le Mexique recevra l'appui du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) afin de "traiter de façon rapide, transparente et fiable les demandes des réfugiés", a déclaré le ministre mexicain des Affaires étrangères Luis Videgaray après avoir rencontré jeudi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

- "Calcul politique" -

Selon M. Trump, cette marche est "aiguillée" par les démocrates. Le milliardaire républicain accuse le parti d'opposition d'être en faveur de l'ouverture des frontières et à l'origine de lois qu'il juge laxistes.

Les leaders du Guatemala, du Honduras, et du Salvador "font très peu pour stopper le vaste afflux de personnes, DONT BEAUCOUP DE DELINQUANTS", a-t-il également dénoncé.

"L'assaut sur notre pays à notre frontière sud, y compris les éléments criminels et les DROGUES qui affluent, sont beaucoup plus importants pour moi, comme président, que le commerce et l'AEUMC", le récent accord commercial conclu en septembre entre le Canada, le Mexique et les Etats-Unis, a poursuivi M. Trump dans un troisième message.

Un haut responsable du gouvernement Trump a quant à lui affirmé à des journalistes que cette "caravane" de migrants n'était pas "apparue" toute seule. "Il y a un aspect politique et organisationnel qui franchement vise à semer le chaos et la discorde", a-t-il affirmé, parlant sous couvert d'anonymat.

Marcelo Ebrard, nommé comme le prochain ministre des Affaires étrangères par le président élu mexicain Manuel Lopez Obrador, a minimisé les propos du président américain, estimant que celui-ci jouait sur sa base électorale.

"La position du président Trump est celle qu'il a toujours tenue, et je ne le trouve pas surprenant", a-t-il déclaré à une radio locale. "C'était prévisible et les élections sont très proches, donc il fait un calcul politique".

- Immigration illégale -

Après avoir rencontré jeudi le président du Panama Juan Carlos Varela afin de discuter des "problématique régionales", le ministre des Affaires étrangères américain Mike Pompeo doit discuter vendredi avec le président sortant du Mexique Enrique Pena Nieto, pour aborder notamment la lutte contre l'immigration illégale, selon un communiqué du Département d'Etat.

Plus de 500.000 personnes traversent chaque année illégalement la frontière sud du Mexique pour tenter ensuite de remonter vers les Etats-Unis, selon des chiffres de l'ONU.

Nombre d'entre elles fuient la violence et la pauvreté au Guatemala, au Salvador et au Honduras. Durant leur passage au Mexique, elles sont souvent victimes d'abus de la part de bandes criminelles et de trafiquants d'êtres humains.

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2017, l'administration Trump a resserré sa politique migratoire. Le président républicain répète, à l'envi, vouloir construire un mur à la frontière avec le Mexique, mais il n'a pas réussi à ce jour à faire voter des fonds par le Congrès pour mener à bien ce projet.

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