Mort à 77 ans d'un ancien déserteur américain, réfugié en Corée du Nord pendant 39 ans

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Par AFP
Publié le 12 décembre 2017 - 09:31
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L'ancien soldat américain Charles Jenkins (D), décédé lundi et qui avait passé 39 ans en Corée du No
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L'ancien soldat américain Charles Jenkins (D), décédé lundi et qui avait passé 39 ans en Corée du Nord, photographié le 14 juin 2005 au Japon avec son épouse Hitomi Soga (G) et leu
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Charles Jenkins, un ancien soldat américain qui a passé 39 ans en Corée du Nord où il s'était réfugié en 1965, est mort lundi à 77 ans, a annoncé mardi la municipalité japonaise où il vivait ces dernières années.

Il est mort lundi en raison de problèmes cardiaques dans un hôpital à Sado, a précisé la mairie de cette ville située sur une petite île du même nom dans le nord du Japon.

Après avoir quitté la Corée du Nord en 2004, à 64 ans, il avait été jugé en cour martiale pour sa désertion près de 4 décennies auparavant, plaidant coupable en grand uniforme et les larmes aux yeux. Il n'avait finalement écopé que de 30 jours d'arrêts symboliques et avait été libéré peu après.

Originaire de Caroline du Nord, le soldat avait rejoint la Corée du Nord par une nuit glaciale de janvier 1965, alors qu'il patrouillait le long de la frontière avec la Corée du Sud.

Il avait expliqué plus tard qu'il voulait ainsi éviter d'être envoyé faire la guerre au Vietnam, qui battait alors son plein, et qu'il croyait naïvement que Pyongyang le livrerait à l'Union soviétique, d'où il pourrait regagner les Etats-Unis.

- Acteur de films 'anti-Yankees' -

Mais à la place, le déserteur s'est retrouvé retenu à Pyongyang, pour enseigner l'anglais à de jeunes officiers promis à une carrière d'espion. Il a aussi joué le "méchant Yankee" dans des films de propagande.

Jenkins avait confié plus tard avoir souffert durant ce séjour, affirmant s'y être fait "battre comme plâtre". "On ne dit jamais non en Corée du Nord. Si on dit non, on peut commencer à creuser sa tombe parce que c'est foutu".

En 1980, il a rencontré puis épousé une jeune Japonaise, Hitomi Soga, enlevée au Japon par des agents nord-coréens deux ans plus tôt.

Hitomi Soga avait été autorisée à rentrer au Japon en 2002, comme 4 autres Japonais kidnappés dans les années 1970 et 1980. Selon les autorités japonaises, au moins 17 civils japonais ont été enlevés par Pyongyang durant cette période, tandis que la Corée du Nord a reconnu 13 enlèvements de ce type.

Charles Jenkins a tardé à rejoindre sa femme au Japon, par peur de la justice militaire américaine, avant de s'y résoudre notamment pour le bien de leurs deux filles, dont il craignait qu'elles soient recrutées de force par les services d'espionnage nord-coréens.

Après cette saga familiale au parfum de Guerre froide qui avait passionné les Japonais pendant des mois, l'ancien déserteur américain avait reçu un statut de résident permanent au Japon pour y vivre avec sa famille.

Ces dernières années, Jenkins travaillait à Sado dans une boutique de souvenirs, a précisé le maire de la ville dans son communiqué de condoléances à ses proches.

James Joseph Dresnok, le dernier d'une poignée de soldats américains qui avaient fait défection en Corée du Nord à la suite de la guerre de Corée (1950-53), est quant à lui mort en novembre 2016 à Pyongyang, avaient révélé ses fils l'été dernier.

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