Mort de l'agent du Mossad qui avait capturé le nazi Eichmann

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Par Stephen WEIZMAN - Jérusalem (AFP)
Publié le 23 mars 2019 - 22:53
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Photo prise le 12 décembre 2011 de l'ex-espion israélien Rafi Eitan, chef du commando ayant enlevé en Argentine en 1960 le nazi Adolf Eichmann
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© Gali TIBBON / AFP/Archives
Photo prise le 12 décembre 2011 de l'ex-espion israélien Rafi Eitan, chef du commando ayant enlevé en Argentine en 1960 le nazi Adolf Eichmann
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L'ancien espion israélien Rafi Eitan, chef du commando ayant enlevé en Argentine en 1960 Adolf Eichmann, un des principaux responsables de la "solution finale", est décédé samedi à l'âge de 92 ans en Israël, a annoncé la radio publique israélienne.

M. Eitan est mort samedi après-midi à l'hôpital Ichilov à Tel-Aviv, ville côtière israélienne, selon la radio publique qui n'a pas donné plus de détails.

"Rafi était l'un des héros des services de renseignements de l'Etat d'Israël, avec d'innombrables actions en faveur de la sécurité d'Israël", a déclaré dans un communiqué le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. "Nous pleurons sa mort."

La mort de M. Eitan a également suscité un rare éloge funèbre du service de sécurité intérieure israélien, le Shin Bet.

"Rafi, qui était l'un des fondateurs de la branche opérationnelle du Shin Bet, a mené et a participé à une dizaine d'opérations historiques qui resteront secrètes encore pour de nombreuses années", a affirmé dans un communiqué Nadav Argaman, à la tête du Shin Bet.

M. Eitan était "un combattant-né qui s'en tenait à sa mission et à ce qu'il considérait comme juste", a aussi salué dans un communiqué le président israélien Reuven Rivlin.

La mort de l'ancien espion a également poussé les services secrets israéliens à sortir de leur habituel silence: Rafi Eitan "était de manière générale un pilier de la communauté des membres du renseignement et du Mossad en particulier", a déclaré le chef du Mossad, Yossi Cohen, dans un communiqué.

"Les fondements posés par Rafi pendant les premières années de l'Etat (hébreu) sont essentiels pour les activités du Mossad aujourd'hui encore", a-t-il affirmé.

- Capture d'Eichmann -

Né en novembre 1926 dans un kibboutz dans une Palestine alors sous mandat britannique, M. Eitan a participé à ses premières opérations militaires avant même la naissance de l'Etat d'Israël, en 1948.

Il rejoint ensuite le Palmach, branche d'élite de l'organisation paramalitaire juive Haganah, qui préfigure l'armée israélienne. Il intègre ensuite le Mossad dans les années 1950.

Après avoir grimpé les échelons jusqu'à prendre la tête des opérations du Mossad, il participe à la capture à Buenos Aires d'Adolf Eichmann.

Celui qui fut un haut fonctionnaire nazi, notamment en charge de la "solution finale", est emmené en Israël. En 1962, il est jugé et pendu pour sa responsabilité dans l'extermination de six millions de juifs lors de la Seconde guerre mondiale.

Avec son déroulé digne d'un roman à suspens, l'enlèvement d'Eichmann a contribué à la gloire des services secrets israéliens.

En 2017, interrogé par des médias israéliens, Rafi Eitan confie cependant que le médecin nazi Josef Mengele a échappé à deux reprises et de justesse au Mossad avant de mourir accidentellement au Brésil en 1979.

Le chef du Mossad Isser Harel avait donné ordre à Rafi Eitan de profiter de la capture d'Eichmann pour arrêter également Mengele, qui vivait aussi à Buenos Aires, a relaté M. Eitan.

Mais celui-ci dit s'être opposé au plan proposé: "Je ne voulais pas mener deux opérations en même temps (...) Nous avions réussi la première et, d'après mon expérience, lorsque vous tentez d'en mener une deuxième, vous mettez en danger les deux opérations".

- Affaire Pollard -

Outre son rôle dans l'enlèvement d'Adolf Eichmann, Rafi Eitan est connu pour avoir été l'agent traitant de Jonathan Pollard, un analyste de la Marine américaine arrêté en 1985 et emprisonné aux Etats-Unis pendant 30 ans pour espionnage au profit d'Israël.

A la suite de cette affaire qui a provoqué une grave crise de confiance entre les Etats-Unis et Israël, il est sous le coup d'un mandat d'arrêt américain.

En 2006, à l'âge de 79 ans, il est élu au Parlement et prend la tête du Parti des Retraités, avant de devenir ministre pour les Seniors.

Il avait alors dit avoir subi une opération du coeur un an plus tôt. "Je ne vois rien et je n'entends rien mais je cours tous les matins, je fais de la sculpture et ma femme dit que je vais bien", avait-il confié.

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